Luis Enrique - Mbappé - Deux coupables et une victime, le PSG

Paris, mois de mars. La Seine qui déborde, les jours de pluie sans fin, le salon de l'Agriculture et… le PSG qui pique sa crise. Avant chaque 8e de finale de la Ligue des champions, le club aime se mettre des bâtons dans les roues tout seul comme un grand. On a bien cru, cette fois-ci, après la victoire tranquille du match aller (2-0), que la double confrontation face à la Real Sociedad passerait comme une lettre à la Poste. Mais le PSG reste le PSG et le voilà empêtré dans une affaire franchement enquiquinante qui fait passer son destin sportif au second plan.

A ma gauche, Luis Enrique, entraîneur visiblement en mal d'autorité, boule de testostérone avec quelques comptes à régler. A ma droite, Kylian Mbappé, star déchue depuis qu'il a annoncé ses envies d'ailleurs à son club. Au milieu, un PSG qui sert de punching-ball pour deux egos qui n'ont visiblement pas saisi pourquoi le club les payait. Le spectacle délivré à Monaco vendredi (0-0) fut consternant. Remplaçant face à Nantes, sorti à la 64e minute face à Rennes, Mbappé a, cette fois-ci, quitté ses coéquipiers dès la pause. Luis Enrique, qui déclarait encore en début d'année que "quand Kylian veut jouer, on n'a pas grand-chose à dire", a décidé de faire payer à son attaquant son choix de ne pas prolonger l'aventure à Paris.

L'entraîneur espagnol ne le dira jamais ainsi. Aujourd'hui, il se justifie en argumentant que Paris doit apprendre la vie sans Mbappé. A cinq mois de la prochaine saison et d'un mercato qui s'annonce gourmand, l'argument a déjà du mal à convaincre. Mais si c'est vraiment cette logique qui guide ses choix, pourquoi diable continue-t-il d'aligner le champion du monde 2018 sur ses feuilles de match ? S'il faut impérieusement préparer la saison prochaine, qu'il aille au bout de ses idées et ne fasse plus jouer son meilleur joueur. Car aujourd'hui, tout ce cirque ressemble à un règlement de compte entre un entraîneur qui veut marquer son territoire et un joueur qui avait sans doute beaucoup trop de pouvoir pour lui.

Au Stade Louis-II, Mbappé a démarré le match avec le brassard autour du bras et l'a fini en tribunes à côté de sa mère pour signifier le gouffre qui se creuse avec le club. Une attitude qui colle mal avec les droits et les devoirs que lui conféraient le bout de tissu accroché à son biceps. Après son remplacement à la pause, une première depuis qu'il a rejoint le PSG en 2017, on l'a vu parader en civil dans le stade de ses débuts et faire un selfie par-ci, des francs sourires par-là.

Comme pour montrer que tout le foin autour de sa personne ne l'atteignait pas. Parce qu'il est vexé et parce qu'il a voulu montrer qu'on ne traite pas Mbappé comme les autres, il n'a pas rejoint le banc comme l'exige la situation. Après tout, lui aussi est soumis aux choix de son entraîneur. Vendredi, il s'en est soustrait par son attitude provocatrice.

Et voilà comment l’entraîneur et la star du club mettent Paris dans la panade. Comment les deux hommes peuvent-ils aujourd'hui cohabiter sainement jusqu'à la fin de saison ? Comment ne pas penser que, désormais, chacune des sorties du PSG sera une nouvelle occasion de livrer une bataille narcissique désolante ? Mardi, le match retour à San Sebastian passera forcément au second plan alors même qu'il s'agit de l'enjeu majeur de la saison parisienne. Luis Enrique fera-t-il encore confiance au coup d'envoi à Mbappé ? Ou prendra-t-il le risque de se priver de l'un des deux meilleurs joueurs du monde ?

Reste un grand absent dans cette bataille, le seul capable de régler le conflit et de ramener tout le monde à la raison pour le bien commun : le club, l'institution. Mais il semble subir, comme il subit depuis des années, les excès (d'humeur ou autre) de ceux qu'il paie. A moins que cette situation, qui dégrade l'image de Mbappé, ne l'embête finalement pas tant que ça…