OL - OM (1-0) : Corentin Tolisso, un avenir en défense centrale ?

Son avenir semblait bien obscur à l'annonce de la composition des équipes. Et peut-être plus clair qu'il ne l'a jamais été cette saison au coup de sifflet final. La joie extatique de Corentin Tolisso après la victoire de l'OL sur l'OM (1-0) traduisait aussi ce contraste. Relégué sur le banc pour débuter l'Olympico, le Gone a finalement apporté une belle contribution au succès rhodanien dans un rôle que personne n'avait vu venir. Il a remplacé Nicolas Tagliafico à la pause et évolué à un poste de défenseur central quasiment inédit pour lui, avant de repasser au milieu dans les dernières minutes du match.

Pierre Sage avait pourtant d'autres options. Avec la recrue Adryelson et l'expérimenté Dejan Lovren, il disposait de deux centraux de métier sur son banc. Son choix a surpris dans ce sens mais l'entraîneur lyonnais avait déjà cette idée en tête la veille. Sa décision d'aligner Tolisso en défense en cours de match contre l'OM a quand même étonné certains de ses joueurs. "Ça a été travaillé hier (samedi) à l'entraînement, confiait le capitaine Alexandre Lacazette en zone mixte. Bon, après, j'ai quand même marqué contre lui (sourire), donc je ne pensais pas que le coach allait le faire."

Sage a tenté un pari qui s'est avéré payant. Positionné dans l'axe de la défense à trois, entouré par Jack O'Brien et Duje Caleta-Car, Tolisso s'est montré plutôt à son avantage dans un registre auquel il n'est pas habitué. Mais qui lui a permis de mettre en valeur certaines de ses qualités de milieu de terrain. Le Lyonnais a apporté une plus-value dans le placement avec des anticipations bien senties pour couper des passes adverses. Surtout, sa qualité de passe et ses déplacements pour se rendre disponible ont contribué à des sorties de balles plus propres.

Tout n'a pas été parfait cependant. Son absence d'expérience à ce poste s'est ressentie par moments. D'abord sur un dégagement hasardeux de la tête qui a offert une balle de but à Amine Harit (69e). Puis sur l'occasion marseillaise la plus nette de la seconde période. Tolisso a marqué un temps d'hésitation coupable avant de sortir sur Pierre-Emerick Aubameyang, permettant ainsi au Gabonnais de trouver une solution de une-deux avec Faris Moumbagna, avant de voir sa tentative dégagée sur la barre par Ainsley Maitland-Niles (79e).

Pas malheureux sur ces deux situations, Tolisso a quand même contribué au clean-sheet de l'OL, qui venait d'encaisser trois buts au Havre (3-1) puis contre Rennes (2-3). De quoi valider le choix de Sage ? "C'est une bonne idée quand ça marche, beaucoup moins bonne quand ça ne marche pas, a commenté l'entraîneur lyonnais au micro de Prime Vidéo. On savait que leur attaquant décrochait beaucoup donc il fallait aussi gérer cet aspect-là. Ça nous permettait aussi de gagner en dynamisme dans un moment de notre match où c'était nécessaire."

L'indigence offensive marseillaise limite cependant les enseignements de cette expérience. "On a manqué de verticalité, on n'a pas assez attaqué cette défense", soulignait Aubameyang après la rencontre. Tolisso n'a été que trop peu sollicité sur des ballons dans le dos de l'arrière-garde lyonnaise pour que sa gestion de la profondeur puisse être réellement évaluée. Et sa solidité dans les duels n'a pas vraiment été testée. Moumbagna, le joueur le plus proche de sa zone, n'a pas été suffisamment recherché dans les pieds ou sur des ballons aériens dans cette optique.

C'est de toute façon impossible de tirer des conclusions sur un match, et la faiblesse de l'adversité renforce encore davantage ce constat. Mais si une évidence s'est dégagée dans cet Olympico, c'est la perspective désormais très limitée pour Tolisso à son poste de prédilection ans l'entrejeu. L'arrivée de Nemanja Matic a offert une consistance bienvenue au milieu lyonnais et son binôme avec Maxence Caqueret a donné satisfaction. Dans ce secteur, où l'OL a également enregistré la signature de l'international belge Orel Mangala, l'avenir semble bouché pour Tolisso et le onze de départ aligné par Sage contre l'OM indiquait déjà cette tendance.

A 29 ans, peut-il en avoir un dans l'axe de la défense ? La question peut au moins se poser. Tolisso a affiché une certaine polyvalence dans sa carrière et a déjà été amené à évoluer dans la ligne arrière, même si c'était plutôt sur les côtés. Malgré quelques limites, sa performance face à l'OM en tant que défenseur central n'en reste pas moins assez positive. Même si Sage a d'autres solutions dans ce secteur, le joueur de 29 ans mérite certainement d'être revu à ce poste. Compte tenu de ses difficultés cette saison, et de ses perspectives après le mercato lyonnais, c'est déjà bon à prendre.