PSG - Brest : Paris attend l'autre Fabian

Son Euro est encore dans tous les esprits. Mais au cas où, Fabian Ruiz s'est chargé de rafraîchir les mémoires. Influent, inspiré et décisif, il a régné sur l'entrejeu de l'équipe d'Espagne face à la Suisse (1-4) dimanche dernier. Un récital digne de ceux qu'il avait signés en Allemagne. Il a encore conquis tous les observateurs. A commencer par son sélectionneur. "Fabian est le meilleur au monde à son poste, et il faut voir ce qu'il fait pour l'équipe. Il est brillant, mais il a un esprit de solidarité et il est toujours prêt à se sacrifier pour le groupe. Il y en a très peu, voire aucun, comme lui."

Quatre mois avant ces éloges de Luis de la Fuente, le même joueur avait essuyé quelques sifflets d'un Parc des Princes qui célébrait pourtant le 12e titre de champion de France du PSG. Difficile de faire plus radical comme contraste. Il illustre cependant bien le décalage existant entre le Fabian Ruiz de l'Espagne et celui du PSG. Le joueur qui régale la Roja laisse le plus souvent les supporters parisiens sur leur faim. C'est globalement le cas depuis son arrivée de Naples en août 2022 contre un chèque avoisinant les 25 millions d'euros.

Fabian Ruiz n'était pas forcément dans le contexte idéal pour briller sur sa première année parisienne. Ce n'était pas évident pour lui d'avoir un impact dans une équipe où le jeu passait essentiellement par Leo Messi, Neymar et Kylian Mbappé. L'Argentin et le Brésilien partis à l'été 2023, Ruiz pouvait y voir l'opportunité d'être un peu plus influent la saison passée. Mais l'arrivée de Luis Enrique sur le banc parisien n'était pas forcément la meilleure nouvelle pour lui. L'Asturien l'utilisait peu en sélection espagnole, et l'avait même laissé de côté pour la Coupe du monde 2022.

Sa première année sous les ordres de Luis Enrique a laissé une impression contrastée. Fabian Ruiz a gagné la confiance de son coach, qui l'a systématiquement titularisé sur les matches à élimination directe de la Ligue des champions. L'ancien Napolitain a aussi bénéficié de la baisse de régime de Manuel Ugarte après une entame de saison flamboyante de l'Uruguayen. Régulièrement associé à Vitinha et Warren Zaïre-Emery, il a eu l'occasion de poser son empreinte sur l'entrejeu du PSG sans la saisir pleinement. L'Espagnol est resté trop neutre à l'heure où il pouvait enfin être influent.

Cela a fini par agacer une partie des supporters parisiens, dont les sifflets au mois de mai étaient aussi venus sanctionner une prestation décevante dans la demi-finale retour de Ligue des champions perdue face au Borussia Dortmund (0-1). Ce même public qui a vu, presque découvert, un autre Fabian quelques semaines plus tard avec l'Espagne lors de l'Euro en Allemagne. Un maillon essentiel de la Roja, l'un des garants de la supériorité technique et collective de l'Espagne. Un joueur créatif, impactant dans le jeu, et même décisif (2 buts et 2 passes décisives sur l'ensemble du tournoi).

Un autre homme, tout simplement, avec cette confiance qui lui a souvent fait défaut à Paris. Le PSG attend désormais de voir son joueur surfer sur ses prestations en sélection et afficher le même rayonnement en club. Luis Enrique aussi. "Je pense que les titres servent à reconnaître le talent d’une équipe et d’une carrière, disait l'entraîneur parisien fin août au sujet des performances de son joueur en sélection. Fabian a été la saison passée l’un des meilleurs joueurs de l’équipe. On espère plus de tous les joueurs et lui va nous aider beaucoup, j’en suis sûr."

Le milieu de 29 ans n'a pas vraiment eu l'occasion de répondre à cette attente depuis le début de la saison. Il a logiquement repris plus tard après son parcours à l'Euro et attend sa première titularisation après deux entrées en jeu face à Montpellier et Lille. L'Espagnol a aussi pu constater que sa place dans le onze de départ de Luis Enrique n'était pas assurée. La concurrence ne s'est pas amoindrie avec le départ d'Ugarte. João Neves est arrivé, et l'entraîneur parisien s'est appuyé avec succès sur un trio formé par le Portugais, Vitinha et Zaïre-Emery au milieu sur cette entame de saison.

Les absences de Zaïre-Emery et Vitinha face à Brest lui ouvrent les perspectives d'un temps de jeu supérieur. Et même d'un statut de titulaire pour la reprise du championnat samedi face à Brest au Parc des Princes. Une occasion que Fabian Ruiz doit saisir pour marquer des points auprès de son coach. Et les esprits d'un public parisien qui aura forcément un regard attentif sur le milieu espagnol. Et surtout l'espoir de le voir briller de tout son éclat sous un autre maillot que celui de la Roja.