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Nagelsmann, Flick, Tuchel : une domination allemande, plusieurs variantes

Arthur Merle

Mis à jour 17/08/2020 à 17:09 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - Julian Nagelsmann, Hans-Dieter Flick, Thomas Tuchel. Trois des quatre entraîneurs présents dans le dernier carré de la Ligue des champions sont allemands. La traduction d’un modèle efficace qui s’exprime de manières diverses.

Trennten sich torlos in München: Leipzig-Coach Julian Nagelsmann (links) und Hansi Flick (FC Bayern)

Crédit: Getty Images

Deux clubs français et deux clubs allemands en demies : il est bien prématuré de parler de fin de cycle pour les formations anglaises, espagnoles ou italiennes, mais le dernier carré du Final 8 qui se dispute à Lisbonne marque un vrai tournant. Et si la "Ligue des talents" peut évidemment s’en frotter les mains, le foot allemand est encore un peu plus à la fête. Parce que trois des quatre entraîneurs de ce dernier carré viennent de son terroir.
Thomas Tuchel, Julian Nagelsmann, Hans-Dieter Flick. Tous portent haut les couleurs d’un pays et d’une Fédération qui a su jeter de solides bases dès les années 2000, dans la continuité du travail de Ralf Rangnick et plus globalement de la pensée Arrigo Sacchi. "La DFB (Fédération allemande) a créé son propre modèle et éduqué les coaches à devenir des “Fußballlehrer”, c’est-à-dire des professeurs de football. Flick était le meilleur de sa promotion en 2003, Tuchel y a pris part en 2006 et Nagelsmann en 2016", nous explique Florian Bogner, journaliste pour Eurosport Allemagne.

"C'est une confirmation de la très bonne formation des coaches allemands"

Et forcément, c’est tout un pays de foot qui se félicite, à commencer par les premiers concernés. "C’est très bien pour le football allemand. Voyons si nous pouvons emmener les deux clubs en finale", a réagi Nagelsmann à ce sujet. "Cela apporte beaucoup d’attention et de reconnaissance pour le football allemand", a de son côté appuyé Ottmar Hitzfeld, ex-coach du Bayern, dans les colonnes de Bild.
Ancien instructeur à la Fédération, Erich Rutemöller s’est également réjoui dans les colonnes du quotidien : "C’est une confirmation de la très bonne formation des coaches en Allemagne, mise en place depuis des années". Une confirmation déjà incarnée par Jürgen Klopp, qui a régné sur l’Europe puis l’Angleterre avec Liverpool après avoir brillé à Dortmund, et qui a bâti l’une des identités de jeu les plus fortes du Vieux Continent.
Mais les stars de ce mois d’août sont bien celles qui ont prolongé leur séjour lisboète. Trois techniciens "Guardiola-orientés", selon Florian Bogner. Mais qui ont chacun tracé leur chemin pour titiller les sommets.
  • Nagelsmann, l’entraîneur-prodige
A seulement 33 ans, le coach de Leipzig jouit d’une très belle cote. Devenu plus jeune entraîneur de l’histoire de la Bundesliga à 28 ans, il a emmené Hoffenheim en Ligue des champions avant de faire découvrir à Leipzig des hauteurs jamais explorées par le club jusqu’ici. Un crack, comme on le définirait s’il était un footballeur aussi précoce. Et peut-être l’entraîneur le plus bluffant de ce dernier carré dans le ratio qualité d’effectif-qualité de jeu.
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Julian Nagelsmann - RB Leipzig

Crédit: Getty Images

"Il est tourné vers l’offensive, aime que ses équipes agissent plus qu’elles ne réagissent, analyse notre confrère. Selon lui, tout peut être réglé avec une bonne circulation du ballon. Il aime aussi les contre-attaques. Il essaye beaucoup de nouvelles choses à l’entraînement et dans les vestiaires, et est le modèle de la génération "laptoptrainer" (entraîneur à l’ordinateur portable, littéralement)".
Le modèle d’une génération qui, pour la majorité, n’a pas encore son diplôme en poche. Mais qui prend certainement note des très belles prestations du futur adversaire du PSG, qui explore les variantes du 3-4-3, du 3-5-2 et du 4-4-2 avec brio.
  • Flick, le fédérateur
Le grand public ne le connaissait pas il y a encore quelques mois. Mais depuis le 3 novembre 2019 et son intronisation censée être provisoire comme coach du Bayern – à la suite du licenciement de Niko Kovac – Flick (56 ans) a presque réalisé un sans-faute. Deux petites défaites seulement, un 30e titre de champion d’Allemagne décroché, des cadres comme Jérôme Boateng et Thomas Müller relancés : l’ancien adjoint de Joachim Löw en sélection (2006-2014) impressionne. Et séduit son vestiaire.
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FC Bayern München | Hansi Flick

Crédit: Getty Images

"Il a changé beaucoup de choses, confie Corentin Tolisso à son sujet. On ne jouait pas très bien. Depuis son arrivée, ça va beaucoup mieux. Il a apporté sa mentalité. Ca fait la différence aujourd'hui. Il a résolu nos problèmes. En 2020, on a presque tout gagné. C'est un bon coach, qui nous parle beaucoup et nous donne confiance."
"Quand il est arrivé en poste, il avait déjà cette confiance et cette amitié que, normalement, il ne peut pas avoir en tant que coach. Ça a aidé pour gérer le groupe parce qu'on n'était pas dans la meilleure des périodes", nous confiait de son côté Kingsley Coman en avril. Flatteur, pour un technicien qui n’avait jamais été coach principal en première division jusqu’ici. Mais qui a été directeur sportif d’une Fédération dont le travail de fond porte ses fruits aujourd’hui.
Si sa personnalité et son humilité séduisent, ses concepts tactiques font le même effet : "Il est le plus ‘Guardiola-orienté’, avec un bloc haut, un pressing et un ‘gegenpressing’ pour récupérer la balle haut…", analyse notre confrère. Celui qui avait d’abord choisi le 4-3-3 a désormais installé un 4-2-3-1 qui fait l’effet d’un véritable rouleau compresseur. Le Barça ne dira pas le contraire.
  • Tuchel, sens du détail et adaptation
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Thomas Tuchel

Crédit: Imago

C’est lui qui a incité Nagelsmann à s’orienter vers le métier d’entraîneur après une fin de carrière de joueur très prématurée. A 46 ans, Tuchel a déjà… 20 ans de métier, si l’on remonte à ses débuts comme coach des U19 de Stuttgart en 2000. Augsbourg, Mayence, Dortmund et maintenant Paris : celui qui a également arrêté sa carrière très tôt à cause de problèmes physiques suit une progression linéaire, bien qu’il soit certainement la personnalité la plus clivante parmi les trois hommes cités.
Tuchel s’est déjà mis plusieurs vestiaires et dirigeants à dos, à cause d’un sens du détail parfois exacerbé et d’avis bien tranchés. Dans le jeu, il est lui aussi flanqué d’une étiquette d’entraîneur offensif. La preuve avec le 4-4-2 très tourné vers l’avant qu’il a choisi de mettre en place pour aligner ses "quatre fantastiques" (Neymar, Mbappé, Icardi et Di Maria), quand les concernés sont disponibles.
Plus que sur une force collective parfois incertaine, Tuchel s’appuie sur ses très fortes individualités pour faire des différences, le plan de jeu adopté contre l’Atalanta en étant l’un des meilleurs exemples. Mardi, il pourrait laisser Mauro Icardi sur le banc et opter de nouveau pour un 4-3-3 taillé pour profiter des espaces laissés par les troupes de Nagelsmann.
Un choc entre deux styles différents. Et dans tous les cas, une belle vitrine pour le foot allemand, qui prouve aussi que ses coaches sont capables de merveilles chez eux ou avec des écuries étrangères; avec des mastodontes ou avec des équipes plus modestes.
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