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La Super Ligue enterrée : le pire est évité, mais il ne faut surtout pas s'en contenter

Maxime Dupuis

Mis à jour 22/04/2021 à 13:41 GMT+2

SUPER LIGUE - Cette fois, c’est à peu près certain : la Super Ligue est bel et bien enterrée, après une existence aussi courte que pathétique. Les putschistes ont rendu les armes, l’UEFA a repris la main mais cela ne doit en rien faire oublier les raisons qui ont rendu cette crise possible. Et combien la Ligue des champions, triomphatrice indirecte, n'est guère plus juste et acceptable.

Aleksander Ceferin avec le trophée de la Ligue des champions

Crédit: Getty Images

Ils avaient lancé leur offensive dimanche à la nuit tombée. Moins de soixante-douze heures plus tard, comme des lapins pris dans des phares, ils ont détalé sans demander leur reste. Ainsi fut terminée la révolution la plus brève de l'histoire du football. Le 14 juillet 1789, si les assaillants de la Bastille avaient attaqué la prison parisienne avec aussi peu de conviction que l'ont fait les douze mutins, les Capétiens seraient encore sur le trône à l’heure où vous lisez ces lignes.
Finalement, le football n’est pas malheureux dans cette histoire. De convictions et de courage, ces douze-là n'avaient guère. Et ce sont les Anglais, habitués à tirer les premiers, qui ont sifflé la fin de la partie en désertant les rangs en ordre dispersé. Manchester City a lancé le bal, le reste de la cohorte est entré dans la danse. et a suivi le mouvement. Et puis il y a eu l’Atlético, l’Inter, l’AC Milan, jusqu’à la Juve d’Andrea Agnelli, dirigeant dont la passion pour Fortnite et Call of Duty tourne à l'obsession.
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De cette tentative de putsch que l’on qualifiera poliment de pathétique, il restera des traces à coup sûr. Parce que les supporters, privés de tribunes depuis plus d'un an, ont rappelé qu’ils avaient une voix et qu'elle restait audible, même en dehors du stade. Et que s’ils souhaitaient le meilleur pour leur club, ils n’avaient pas envie que cela se fasse à n’importe quel prix. Les images venues de Fulham Road, où tout un petit monde en bleu a stoppé la circulation et le bus des Blues mardi soir, resteront comme l’une des scènes les plus réjouissantes et symboliques de cette crise express.

Et maintenant ?

Dans quelques jours, quand les sécessionnistes tenteront de se refaire une virginité à peu de frais et mettront en avant leur conscience sportive, il faudra bien garder dans un coin de la tête les événements de ce début de semaine. Faudra-t-il les sanctionner ? L’UEFA et Aleksander Ceferin oseront-ils ? On rappellera simplement qu’il y a trente ans tout pile, l’institution continentale avait suspendu un an un double champion d’Europe en titre - l’AC Milan pour ne pas le nommer - parce qu’il avait refusé de terminer un quart retour de C1 bien mal engagé. Une paille à côté de ce que l’on vient de vivre.
Il ne faudra pas oublier, non plus, combien la Ligue des champions que l'on porte aux nues depuis deux jours, des joueurs aux supporters, en passant par les médias, reste une compétition injuste et qui fait la part belle aux puissants d'Europe de l'ouest, ceux-là mêmes qui s'octroient à quatre pays (Angleterre, Espagne, Allemagne, Italie) 50% des places disponibles.
Aujourd'hui et demain plus encore, alors que sa réforme a été adoptée lundi au cœur de la pétaudière, la Ligue des champions est une épreuve inaccessible à l’essentiel du Vieux Continent. La C1 est une compétition fermée qui n’a jamais osé dire son nom. Et qui, via son organisateur l'UEFA, a décidé qu'il était normal de privilégier le 4e du championnat d'Espagne ou d'Allemagne au champion de Suède, d'Autriche ou de Roumanie. Pour des raisons strictement financières et nullement sportives, encourageant ainsi la concentration des forces au sein de quelques écuries, celles-là même qui viennent de tenter de lui faire un enfant dans le dos. La reconnaissance du ventre…
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Quid de la Ligue des champions ?

La Ligue des champions sera d'ici peu une compétition encore plus inégalitaire et, de surcroît, complètement illisible. Les gesticulations des putschistes ont (quasiment) réussi à faire oublier que la réforme de la C1 pour 2024 était inique et basée sur une valeur étalon unique : le fric. Comment en faire plus ? L'UEFA et les clubs ont trouvé : il suffit de multiplier les matches. 36 clubs contre 32, quatre chapeaux de neuf équipes et 180 rencontres au lieu de 96. Elle générera plus d’argent pour qui vous savez. Mais ce n’était pas encore assez, avaient décidé Florentino Perez et ses comparses. Quand on vit au-dessus de ses moyens, ce n’est de toute manière jamais suffisant.
Cette réforme est un moindre mal, me direz-vous, au regard de ce à quoi on a échappé. Mais ce n’est pas parce qu’on a évité le pire que l’on doit se satisfaire du déplorable. On ne peut, on ne doit pas se contenter de ça. Organisateur(s), clubs, supporters et médias qui n'ont de cesse de magnifier les mêmes clubs et les mêmes joueurs à longueur d'année, il est temps de tout remettre à plat.
A l'heure du toujours plus et de la surenchère permanente, il est souhaitable de mettre le pied sur le frein, de réguler un football qui marche sur la tête et dont la fuite en avant ressemble tous les jours un peu plus à une course aux abysses. Vœu pieux. Utopique. Naïf. Mais pourtant vital. Parce que si l'on est tombé très bas, il n'est pas certain qu’on ait encore touché le fond.
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