Après PSG - Bayern Munich (0-1) : Le seul projet, c'est Kylian Mbappé

On n'ira pas jusqu'à dire que certains supporters parisiens en voudront à Kylian Mbappé après cette défaite face au Bayern Munich (0-1). Mais payer des places à ce prix-là pour rater le seul pion du match, ça a de quoi énerver. Ce mardi, c'est pourtant ce qu'il s'est passé au Parc des Princes.

52e minute : un frisson parcourt l'enceinte parisienne. L'attaquant français s'est levé de son siège et enlève son chasuble de remplaçant. C'est le moment que le public parisien attendait, espérait même, histoire de réveiller un match longtemps décevant. Alors, forcément, on le scrute, on l'épie. Et on en oublie de regarder Alphonso Davies délivrer une galette pour Kingsley Coman. Le Bayern mène au score et certains n'ont rien vu, obnubilés eux aussi par l'espoir radieux qu'incarne Mbappé. Une scène qui résume à elle seule la dépendance parisienne à l'égard de sa star. Paris ne vit qu'à travers lui.

Avant cette entrée en jeu, il y eut tout cet avant-match, ces accusations de bluff de Julian Nagelsmann, ces points médicaux, cette présence à l'entraînement puis sur la feuille de match. La veille, en conférence de presse, le coach allemand avait encore été relancé sur la capacité bavaroise à museler le Français, s'il était bien disponible. Un grand classique qui a de quoi vexer Lionel Messi ou Neymar autour desquels tournaient ces questions par le passé.

Pendant ce match, il n'y eut encore que lui. Son absence à l'échauffement des remplaçants avant le coup d'envoi a un temps inquiété les supporters. Ils ont vite été rassurés en le voyant venir s'échauffer à la mi-temps, quelques minutes après ses collègues. Il y eut une clameur, comme un soulagement de voir que le sauveur de la soirée allait pointer le bout de ses crampons. Et puis cette entrée en jeu.

Elle fut solaire car contagieuse. Avec lui, Paris a repris vie. Tactiquement, déjà, avec des courses verticales enfin à même de déstabiliser une défense bavaroise parfois bien chancelante malgré un énorme Dayot Upamecano. Techniquement, aussi, avec des connexions enfin retrouvées et le sentiment que sa présence avait permis d'élever le niveau de précision des siens. Et mentalement, surtout, avec cette âme de capitaine qui ne dit pas son nom, avec cet impact immédiat sur tous les autres. Mbappé est entré et tout a changé, confortant son statut de leader unique dans toutes les catégories citées.

On n'ira pas jusqu'à dire que le plan de jeu de Galtier se résumait à Mbappé, pourtant remplaçant, mais ça y ressemble à l'écouter. "A partir du moment où on n'a pas de profondeur dans notre jeu, automatiquement le Bayern a énormément avancé sur nous, expliquait-il après coup au micro de Canal +. On avait du mal à sortir le ballon et à le tenir très haut. On était évidemment acculé. Je me doutais qu'en jouant de cette manière-là et sans la profondeur dont on a besoin dans ces matches-là, sans la verticalité... On aurait pu avoir la verticalité par nos latéraux mais Achraf Hakimi a été très rapidement diminué. On a eu une première période très difficile. Il y avait un autre scénario prévu puisque je savais qu'on allait pouvoir utiliser Kylian".

Ainsi a donc germé l'idée du 4-4-2 scolaire mais efficace à l'heure de résister aux vagues allemandes jusqu'à l'entrée de Mbappé et l'apparition d'un nouveau système. Que Paris, club prétendant au sacre final, en soit à bousculer les délais de guérison habituel pour un 8e de finale aller, en prenant le risque de le perdre pour encore plus longtemps, dit aussi beaucoup de la Mbappé-dépendance devenue une norme dans la capitale. Avant lui, Paris n'avait tiré que 2 fois. Avec lui, 7 fois.

Témoin à son corps défendant de cette entrée tonitruante, Julian Nagelsmann a presque été impressionné par la capacité de Mbappé à fusionner toute l'entité parisienne autour de sa seule personne. "Mbappé peut changer n'importe quel match, a-t-il expliqué. Mais ce n'est pas que ça : le stade a changé, ça a aussi réveillé les autres joueurs".

Quant à l'espoir de voir Paris renverser le Bayern au match retour, il ne tient qu'à lui aussi. Son apport au jeu parisien a été tel sur l'espace d'une demi-heure que plus rien ne paraît impossible. C'est encore lui qui l'a le mieux expliqué : "Il faut vite switcher, passer à autre chose, garder le positif et aller là-bas pour se qualifier parce qu'avec ce que j'ai vu, il y a la place".

A l'heure de prolonger en grande pompe l'été dernier, Kylian Mbappé avait reçu des assurances. Celle d'une révolution dans l'équipe professionnelle, de la fin du bling-bling et d'un projet revu de fond en comble. Ce mardi, au Parc, il n'y avait qu'une seule évidence au milieu de ces promesses non-tenues : le projet, c'est lui. C'est même le seul.