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Ligue des champions | AC Milan - PSG | "Lui faire vivre un enfer" : comment les tifosi préparent le retour de Donnarumma

Guillaume Maillard-Pacini

Publié 07/11/2023 à 14:36 GMT+1

L'heure des retrouvailles a sonné. Plus de deux ans après son départ polémique, Gianluigi Donnarumma affronte l'AC Milan à San Siro, ce mardi soir (21h), sous le maillot du PSG. Si son entourage a tenté de calmer le jeu, son ancien stade, à guichets fermés depuis des semaines et qui l'a régulièrement sifflé lors de ses venues avec la Nazionale, lui promet une soirée en enfer.

"On a l'impression que tout va mal" : Milan, au bord du précipice

C'est un message énigmatique publié en début de semaine dernière. Le support : Instagram. A l'envoi : la Curva Sud Milano. A la reception : Gianluigi Donnarumma. Le contenu : "(Donnarumma), tu as du courrier...". Avec, en toile de fond de cette "story" diffusée par le compte officiel des ultras milanais, deux palettes et une bonne cinquantaine de cartons. Sans oublier les cœurs - ironiques - pour animer le tout. Autant dire un excellent teasing de ce qui attend le gardien du PSG, ce mercredi soir, à San Siro (21h). Si l'international italien, qui a quitté libre le club milanais à l'été 2021, a déjà rejoué dans son ancien stade à plusieurs surprises sous le maillot de la sélection italienne, les sifflets qui l'accompagnaient alors seront cette fois décuplés. Au minimum. Sans oublier, donc, ces fameux cartons dont le contenu lui est directement destiné.
Mais alors, de quoi s'agit-il précisément ? "Nous ne dirons rien", nous a-t-on rétorqué du côté de la Curva Sud. Impossible de percer le mystère malgré nos nombreuses tentatives. Seules quelques personnes sont au courant du programme réservé à ces retrouvailles endiablées. "Tout ce que je peux vous dire, c'est que nous lui avons prévu quelque chose de spécial. Nous voulons lui faire vivre un enfer", indique seulement l'une d'elles. "Il aura un accueil chaleureux, a ironisé Marco "Pacio" Pacini, responsable de la Curva Sud, au site Milannews. Au fond, il mériterait de l'indifférence, mais son comportement avec Milan lors des derniers mois et sa façon de partir ne peuvent passer sous silence. Il a eu une attitude sans aucun respect pour les tifosi et surtout envers un club qui l'a fait grandir et l'a lancé dans le football de haut niveau (...) Il est impardonnable."
Les spéculations vont bon train chez les autres tifosi, entre ceux qui évoquent un possible tifo contre l'ex-enfant prodige, coupable d'être parti sans rien rapporter à son club, ceux qui tablent sur des masques à porter dans les tribunes, ou encore ceux qui imaginent un Lukaku-bis, imitant ainsi les cousins de l'Inter qui avaient distribué des sifflets à l'entrée de l'enceinte milanaise lors de la réception de la Roma le 29 octobre dernier pour faire payer le "traître" belge.
Autre hypothèse, et plutôt concrète selon nos informations : des faux billets de banque lancés au gardien, à l'image de ce qu'avaient réalisé les membres du "Milan Club Pologne" le 18 juin 2017 lors de l'Euro Espoirs. Dans les tribunes de San Siro, des maillots floqués du numéro 71 seront également portés. La raison ? Dans la traditionnelle "Smorfia" napolitaine, un ouvrage qui met en relation tout événement ou rêve, avec un numéro de 1 à 90, le 71 signifie un "ommo 'e mmerda", soit un "homme de m****". Le voile sera de toute façon levé mercredi, sur les coups de 20h50, soit juste avant le coup d'envoi de ce Milan - PSG.
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Gianluigi Donnarumma

Crédit: Getty Images

Au Parc, des premiers chants hostiles

Pas dupe, "Gigio" Donnarumma sait que son ancien stade lui sera (très) hostile. Lors du match aller au Parc des Princes, ses ex-tifosi n'avaient pas manqué de l'insulter copieusement lors de son échauffement pas très loin du parcage visiteurs. Un simple avant-goût de ce qui l'attendra mercredi. Avec la Nazionale, Donnarumma est revenu à trois reprises à San Siro depuis son départ. Chaque fois, le même topo : sifflets des uns pour le punir, applaudissements des autres pour compenser. S'ensuivaient des polémiques nationales sur le sujet, invoquant à la sacralité du maillot de la sélection. Mercredi, au moins, le débat ne se posera plus, puisque les 75 000 personnes annoncées seront toutes supportrices de l'AC Milan et que Donnarumma portera cette fois la tunique parisienne.
Dans l'entourage du portier, on a quand même tenté de calmer le jeu ces dernières semaines. Comment ? En livrant une autre version de son départ en 2021. "Il n'a jamais souhaité partir libre à la fin de son contrat, confiait Enzo Raiola, son agent, dans les colonnes de Tuttosport le 24 octobre. Nous avions eu plusieurs rencontres à Milan et Monaco pour prolonger. La relation avec la direction était tranquille. Du moins jusqu'à l'épisode de Gênes. Nous avions un rendez-vous avec les dirigeants milanais le 2 mai 2021. Mino (son cousin décédé et ancien agent du joueur, ndlr) voulait faire le point car Milan n'était pas encore qualifié en C1, et l'alternative, étant donné que nous ne voulions pas faire partir libre le joueur, était de négocier avec un autre club. En l'occurrence la Juventus, qui aurait réglé la situation avec un échange ou une indemnité. Maldini a répondu : 'Nous sommes là pour autre chose : le chapitre Donnarumma est terminé car nous avons pris un autre gardien'. Le ciel est tombé sur la tête de Gianluigi."
Son agent le promet, aucun autre club n'avait été sondé malgré l'imminence de la fin du contrat. "Nous n'avions pas bougé sur le mercato, pas même en janvier (2021) : simplement pour ne pas trahir Milan. Gigio n'avait voulu écouter aucune offre, même en tant que futur joueur libre. Après tout ça, il nous a dit : 'Je ne veux plus jouer en Italie. Je serais allé à la Juve uniquement si Milan y gagnait quelque chose. Je ne veux plus jouer en Italie'. Croyez-moi, nous n'avons rien dans les mains, tous les clubs étaient au point avec leurs gardiens." Puis est venue l'opportunité du PSG, provoquée par le clan Donnarumma et reçue favorablement par Nasser al-Khelaïfi, le président parisien, et Leonardo, alors directeur sportif.
"J'ai toujours tout donné à Milan, donc c'est désagréable d'avoir toutes ces critiques, réagissait le principal intéressé à la veille du match aller. Je me sens très bien au PSG, c'est comme une grande famille, comme j'avais à Milan. Je serai toujours reconnaissant envers le Milan. J'ai trouvé à Paris ensuite une ambiance formidable depuis le premier jour. Mais je veux tout donner pour le PSG maintenant."
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Dembélé encore muet, c'est grave ?

Une situation qui a fini par le dépasser
En Lombardie, le son de cloche est légèrement différent sur les conditions de la séparation avec celui qui avait été lancé dans le grand bain un après-midi d'octobre 2015, à seulement seize ans et huit mois, battant par la suite tous les records de précocité du club. Côté milanais, on assure que la direction de l'époque lui avait transmis plusieurs offres de prolongation, obtenant soit des refus, soit des non-réponses. "Qu'il souhaitait attendre de voir si le club se qualifiait en C1, OK. Mais cette qualification n'avait été obtenue que lors de la dernière journée de Serie A, rappelle un habitué des bureaux de Casa Milan. Avez-vous déjà vu un club programmer une saison sans savoir avec quel gardien elle la disputerait ? Si Donnarumma voulait prolonger, il aurait prolongé. S'il voulait rester, il serait resté. C'est une situation qui a fini par le dépasser, alors que lui était profondément attaché au club. Son entourage beaucoup moins."
Interrogé sur Eurosport début septembre, Fabio Capello, ancien entraîneur de l'AC Milan (1991-1996 puis 1997-1998), regrettait l'attitude du portier parisien. Questionné sur son retour en 1997, le technicien italien, qui confiait avoir accepté par reconnaissance envers Silvio Berlusconi, en profitait pour revenir sur le départ de Donnarumma. "Les personnes qui ont cette capacité à te donner beaucoup doivent également recevoir en retour. Donnarumma a reçu beaucoup du Milan, sans rien donner en retour (au moment de son départ, ndlr). Et ça, moi, je ne l'accepte pas", déplorait-il.
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Gianluigi Donnarumma avec l'AC Milan, 2019

Crédit: Getty Images

Malgré une rancœur plutôt tenace, notamment chez les supporters, Donnarumma, qui a passé huit ans à Milan, reste aujourd'hui en contact avec certains de ses ex-coéquipiers et dirigeants. Début septembre, lors de son retour au centre d'entraînement de Milanello avec la sélection italienne, le gardien parisien a été aperçu tout sourire, saluant plusieurs salariés de son ancien club et discutant plusieurs minutes avec Stefano Pioli, le technicien milanais. Si les turbulences ont été nombreuses bien avant la rupture finale, de l'épisode "Dollarumma" à l'Euro Espoirs en 2017 en passant par la venue de son frère en tant que troisième gardien (avec un salaire net annuel estimé à un million d'euros), les Rossoneri ont rapidement tourné la page après son départ. Merci Mike Maignan. "Il est mille fois meilleur, s'enthousiasme Marco "Pacio" Pacini. Donnarumma ne manque à personne. Il manque seulement l'argent de sa vente qui aurait permis de renforcer l'équipe. La vérité, c'est que lui et son entourage ont préféré l'argent plutôt que de prolonger et se faire vendre ensuite. Si tous les tifosi sont contre lui, il ferait bien de se poser quelques questions sur son comportement..."
Interrogé sur le sujet Donnarumma, qui a presque éclipsé l'enjeu crucial de ce match pour l'AC Milan, un salarié du club résume : "La rancœur des tifosi se tient en deux points. Le premier concerne le côté affectif, puisqu'il était considéré comme un fils du Milan. Le club l'a recruté très jeune, puis l'a fait grandir tout en le protégeant. Il aurait pu en devenir le symbole, mais il en a décidé autrement. Le deuxième concerne comment il a décidé de partir. C'est une chose si tu ramènes une offre de 60, 70, 100 millions, et que le club décide alors quoi faire. C'en est une autre de partir libre, suivant uniquement la volonté de ton agent. Gigio était très heureux et épanoui ici, c'était sa maison, mais Mino Raiola voulait le faire partir, aussi pour une question de commissions. Disons qu'il n'a pas été adulte au moment de son départ, alors que sa volonté était clairement de rester là où il se sentait bien. Comme vous dites en France : 'C'est la vie...' (sic)."
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