Ligue des champions - Avant Dortmund-PSG : Paris, une saison réussie, sauf si...

La dernière fois qu’il s’était aventuré à de telles hauteurs, cela s’était mal passé. L’histoire s’était achevée il y a trois ans, quasiment jour pour jour. Devant les tribunes désertes - restrictions sanitaires obligent - de l’Etihad Stadium, Riyad Mahrez avait inscrit un doublé, Angel Di Maria avait disjoncté et, à l’arrivée, le PSG avait été terrassé par un Manchester City bien meilleur que lui. Ce mercredi (21h), le club de la capitale va à nouveau humer le doux parfum des demi-finales de la Ligue des champions, en l’occurrence face au Borussia Dortmund. Une double confrontation qui, à l’évidence, aura un impact majeur sur l’image que l’on gardera de la saison parisienne.

À première vue, celle-ci paraît pourtant déjà très réussie. Bien plus, en tout cas, que les deux précédentes. À chaque fois, Paris avait pris la porte des huitièmes de finale de la C1, en étant respectivement défait par le Real Madrid et le Bayern Munich. Les partenaires de Marquinhos avaient, de surcroît, lâché la Coupe de France en cours de route, ce qui fait toujours un peu désordre. En 2023-24, le bilan à l’orée du mois de mai est bien plus flatteur : le titre de champion de France est déjà dans la poche à trois journées du dénouement et la Coupe sera reconquise en cas de succès contre Lyon en finale, dans quelques semaines. Sans oublier, donc, ce très attendu retour dans un dernier carré européen.

Surtout, le PSG a visiblement franchi un cap dans son projet collectif, incarné par un homme en particulier : Luis Enrique. Le technicien espagnol a très vite pris la mesure du poste. Il est parvenu à imposer une philosophie de jeu facilement identifiable, sa quête obsessionnelle de possession n’en devenant pas, pour autant, caricaturale. Il sait aussi parfaitement tenir son groupe, associant habilement proximité et fermeté, tout en maintenant tout le monde sous pression grâce à un turn-over très récurrent. Dont même Kylian Mbappé a fait les frais.

Auteur de 43 buts toutes compétitions confondues cette saison, l’attaquant français tient évidemment un rôle capital dans l’exercice abouti de son club. Il devrait partir une fois l’été arrivé, ce qui représentera une perte sportive indiscutable. Il n’empêche, la situation actuelle des champions de France incite à envisager l’avenir avec sérénité. Ces dernières années, Paris abordait le sprint final sans trop savoir dans quelle direction il devait aller, avec des joueurs plus ou moins concernés et un entraîneur souvent menacé, voire condamné. Cette fois, Luis Enrique a fixé un cap. Il s’agira de le suivre, en apportant les ajustements nécessaires avec un mercato cohérent.

Avec ce triplé potentiel sur la scène nationale (en incluant l’anecdotique Trophée des champions), l’évolution indéniablement positive et significative de son projet et son retour en demies de C1, le PSG pourrait d’office considérer sa saison comme réussie. Ce serait peut-être le cas s’il était opposé à un cador européen, comme City ou le Real Madrid. Sauf que les Rouge et Bleu vont affronter un adversaire supposément inférieur, et cela change grandement le prisme de lecture de l’événement.

Le Borussia a eu beau terminer premier de son groupe (devant ses visiteurs du soir, justement) et signer un remarquable coup d’éclat contre l’Atlético Madrid en quart retour (4-2), il n’est "que" cinquième de Bundesliga et vient d’être laminé par Leipzig (4-1), qui a mis en lumière ses carences du moment. En ce sens, être éliminé par les Schwarz-Gelben ne pourrait pas être vu autrement que comme un échec. Jusqu’à présent, les Parisiens ont fait ce qu’il fallait pour poser les jalons d’une saison réussie, voire historique pour leur club. Pour qu’elle le devienne véritablement, ils savent ce qu’il leur reste à faire.