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Ligue des Nations - Espagne - Allemagne - Fati, Traoré, Torres : La Roja se donne enfn des ailes

Vincent Bregevin

Mis à jour 03/09/2020 à 20:27 GMT+2

LIGUE DES NATIONS - Luis Enrique a affiché ses intentions en convoquant Ansu Fati, Adama Traoré et Ferran Torres pour affronter l'Allemagne et l'Ukraine. Si Traoré sera finalement forfait, c'est quand même le signe que le sélectionneur espagnol souhaite une meilleure exploitation des couloirs dans son animation offensive. Une évolution qui ne ferait certainement pas de mal à la Roja.

Ansu Fati, ici avec l'Espagne Espoirs, a été convoqué pour la première fois par Luis Enrique

Crédit: Getty Images

C'est peut-être l'aube d'une petite révolution. Même s'il ne faut jamais aller trop vite en besogne avec l'Espagne, il y a quand même du nouveau. C'est ce qui ressort de la liste de Luis Enrique pour les matches face à l'Allemagne et l'Ukraine en Ligue des Nations. Les premières convocations d'Ansu Fati, le prodige barcelonais, et de Ferran Torres, l'espoir de Valence récemment transféré à Manchester City, ne sont pas passées à inaperçues. Comme nouvelle chance donnée à Adama Traoré, auteur d'une saison de feu avec Wolverhampton dans la foulée de ses premiers dans le groupe espagnol en novembre dernier. Même si l'ancien Barcelonais, positif au Covid-19, sera finalement forfait, l'essentiel est ailleurs.
Trois ailiers purs dans le groupe de la Roja, cela n'a rien d'anodin. Ce n'est pas vraiment le profil recherché en général. L'Espagne a toujours joué autrement. Elle n'a jamais cherché la vitesse et la prise de risques. Son style, c'est plutôt la patience et la sécurité. Pour le meilleur, incarné par la période glorieuse entre 2008 et 2012 avec deux titres de champion d'Europe et un sacre mondial. Et pour le pire, quand les limites de son jeu de possession ont éclaté au grand jour face aux Pays-Bas lors de la Coupe du monde 2014 (5-1). Depuis, l'Espagne s'est promis d'évoluer. Mais elle n'a jamais vraiment tenu sa promesse.

L'exception Navas

Le choix des joueurs pour occuper les ailes n'y est pas étranger. Jusqu'ici, Jesus Navas faisait un peu figure d'exception dans son registre d'ailier de débordement avant son repositionnement en latéral droit. Et encore, la machine à centrer sévillane était davantage un joker de luxe qu'un titulaire indiscutable. Les différents sélectionneurs qui se sont succédé sur le banc ibérique ont toujours préféré aligner des milieux créatifs pour occuper les couloirs dans l'animation offensive. Des éléments ultra-talentueux comme Andres Iniesta, David Silva ou Isco, pour ne citer que les plus marquants, qui garantissaient la possession comme marque de fabrique de la Roja.
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Andrés Iniesta y David Silva

Crédit: Getty Images

Mais l'ensemble manquait de percussion. Il a trop souvent manqué un joueur capable d'accélérer et d'éliminer en un contre un sur les ailes pour offrir ce changement de rythme qui fait si cruellement défaut à l'Espagne. Changer le profil des ailiers pour que l'exploitation des couloirs ne repose plus seulement sur les latéraux, c'est l'idée du sélectionneur espagnol. Elle ne lui est pas venue à l'esprit sans raison. "On a observé qu'on ne créait pas assez d'occasions depuis les ailes, a expliqué le sélectionneur espagnol. Mais il est aussi très important que les trois joueurs de l'attaque puissent changer de position facilement pour déséquilibrer la défense adverse."

Le ratio de Fati, les débordements de Traoré

Si Luis Enrique a fait ce choix, c'est aussi parce qu'il a les hommes pour le faire. Ansu Fati en particulier. Le prodige de 17 ans apporte justement cette qualité de vitesse qui manque à l'attaque du Barça comme à celle de l'Espagne. Mais c'est aussi l'efficacité affichée par le joueur formé à la Masia qui a convaincu l'ancien coach barcelonais de le convoquer pour la première fois avec l'équipe nationale. "Je le connais parfaitement et il a le niveau pour être parmi nous, a affirmé Luis Enrique. Je crois que Lionel Messi est le seul à avoir un ratio minutes jouées/buts marqués supérieur au sien. Je pense qu'il sera un joueur très important et j'ai envie de le voir avec la sélection."
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Ansu Fati et Lionel Messi lors de FC Barcelone - Levante en liga le 2 février 2020

Crédit: Getty Images

Le sélectionneur espagnol voyait aussi en Adama Traoré un joueur capable de bonifier les ailes de l'Espagne. Dans son style qui allie vitesse et surpuissance, l'ancien pensionnaire de la Masia est un sacré dynamiteur de couloirs. Mais au-delà de son profil, c'est aussi son état d'esprit qui avait convaincu Luis Enrique d'appeler l'ailier de Wolverhampton dans son groupe pour la deuxième fois. Même s'il va finalement devoir s'en passer, le sélectionneur espagnol compte manifestement sur lui pour l'avenir. "Il a progressé dans beaucoup de domaines ces deux dernières saisons en Angleterre, a-t-il souligné. C'est peut-être le joueur qui effectue le plus de débordements en Europe. Il a un potentiel monstrueux, il a faim et il est motivé pour continuer à progresser. Il peut nous apporter beaucoup de choses."

La première étape d'un long processus

Le pouvoir d'accélération, la faculté à donner de la verticalité au jeu et d'exploiter la profondeur, ce sont aussi les qualités majeures de Ferran Torres. Luis Enrique n'a pas évoqué la recrue de Manchester City, mais il compte sur lui comme sur Fati et Traoré pour diversifier l'animation offensive de la Roja. Le sélectionneur espagnol a son idée en tête pour trouver la complémentarité qui permettra d'optimiser le potentiel de ses ailiers en attaque. "On a des joueurs comme Marco Asensio et Dani Olmo qui ont déjà joué comme 'faux neuf', a-t-il rappelé. De plus, on a des milieux qui se projettent facilement dans la surface comme Oscar Rodriguez, Fabian Ruiz ou Thiago Alcantara."
Affronter l'Allemagne est un test grandeur nature pour l'Espagne, même si la Mannschaft aura un visage bien différent sans les champions d'Europe du Bayern Munich pour cette rencontre. Mais pour Luis Enrique, ce n'est que la première étape d'un long processus. L'Espagne est ancrée depuis trop longtemps dans ce style de jeu qui ne faisait pas de place aux véritables ailiers. Ce changement radical ne se fera pas du jour au lendemain. Mais son sélectionneur semble prêt à patienter le temps qu'il faudra pour aller au bout de son idée. "Si l'Euro débutait demain, c'est ce groupe que je prendrais", a-t-il lancé. Un sacré lifting en perspective pour célébrer le centenaire de la Roja.
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