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Ligue des nations, Espagne - Croatie : Aymeric Laporte et Robin Le Normand, deux Français en défense pour la Roja

Elio Bono

Mis à jour 18/06/2023 à 19:26 GMT+2

Même s'ils ont clamé à plusieurs reprises leur envie de jouer avec les Bleus, Aymeric Laporte et Robin Le Normand dirigent désormais la charnière... de l'Espagne. Les deux Français naturalisés présentent beaucoup de points communs et ont tout pour s'épanouir pleinement au sein d'une Roja en reconstruction, qui défie la Croatie dimanche soir en finale de Ligue des nations.

Aymeric Laporte avec l'Espagne

Crédit: Getty Images

Ils sont respectivement nés dans le Lot-et-Garonne et les Côtes d'Armor et ont fait leurs premiers jongles dans l'Hexagone. Jeudi, Aymeric Laporte et Robin Le Normand ont guidé ensemble la défense... de l'Espagne, lors de la victoire (2-1) contre l'Italie en demi-finale de Ligue des nations. Une curiosité certaine, pour ces deux joueurs reconnus dans la Péninsule ibérique mais barrés chez les Bleus.
"On n'a pas eu beaucoup de temps pour s'adapter", a soufflé après coup Laporte, le plus expérimenté des deux (29 ans, 21 capes). Les deux comparses n'avaient en effet qu'un seul entraînement commun dans les pattes. "On parle en espagnol, en a souri Le Normand, au sortir de sa première avec la Roja. Il y a des fois un peu de français qui part, mais on est habitués tous les deux, on a joué en Espagne." Totalement hispanisés, les deux Français "peuvent devenir des grands footballeurs", a soufflé leur sélectionneur Luis de la Fuente, parlant du cadet (26 ans) comme du "futur du football espagnol".
Les deux centraux présentent quelques similitudes, à commencer par leur sélection sitôt leur naturalisation effective. Plusieurs fois convoqué par Didier Deschamps sans jouer, Laporte a obtenu la nationalité espagnole le 11 mai 2021 avant d'être convié, 13 jours plus tard, à l'Euro 2021. Il n'a fallu que huit jours à Le Normand, devenu citoyen ibérique le 24 mai dernier, pour intégrer la Roja.
La convocation express des deux bonhommes en dit long sur leur niveau et leur considération outre-Pyrénées. Tout frais champion d'Europe avec Manchester City, Aymeric Laporte a fait ses gammes à l'Athletic, où il est vite devenu une référence, avant de rejoindre l'Angleterre. Le parcours de Robin Le Normand, lui aussi Basque d'adoption, s'est avéré plus tumultueux. Arrivé à San Sebastian avec pour maigre référence une apparition en Ligue 2 avec Brest, il s'est timidement accoutumé à l'Espagne.

"Si je joue pour l'Espagne, ma famille me tuerait !"

"Tactiquement, j'avais des faiblesses, techniquement aussi dans la tenue du ballon ou pour trouver mes milieux", a-t-il confié à L'Equipe. Mais après trois saisons en Segunda B (la 3e division), le Breton a rapidement pris du galon, au point de devenir indiscutable à la Real Sociedad. Il y jouera la Ligue des champions la saison prochaine, à moins qu'il ne s'envole, comme Laporte, vers une écurie plus huppée.
S'il fallait pointer une autre analogie entre les deux néo-ibériques, on relèverait que ceux-ci auraient très bien pu, justement, ne jamais avoir besoin du passeport espagnol. Laporte et Le Normand ne s'en cachent pas vraiment, intégrer la selección absoluta n'était pas franchement dans leurs plans initiaux. Il y a encore un an et demi, le défenseur de la Real jurait que sa famille le "tuerait" s'il jouait pour l'Espagne. "Jouer avec l'Espagne était une hypothèse très lointaine, je ne la considérais pas", a-t-il répété lors de sa première conférence de presse avec la Roja.
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Robin Le Normand, le défenseur de la Real Sociedad.

Crédit: Imago

Mais l'insistance du sélectionneur et du président de la Fédération ont fini par faire plier Le Normand. Et qu'importe si Didier Deschamps lui faisait également les yeux doux. "Il m'a dit qu'il me regardait, a-t-il reconnu. C'est bien que le sélectionneur français t'apprécie, mais l'Espagne est là depuis le début. J'y suis depuis huit ans et j'y suis très heureux." Les touches entre Laporte et les Bleus ont été encore plus concrètes, au point que l'Agenais est devenu un habitué de Clairefontaine.

Le reflet du déclin espagnol en défense

Mais le défenseur n'y a jamais eu sa chance, s'apitoyant parfois sur son sort. International dans toutes les catégories de jeunes, il ne pense alors "qu'à l'équipe de France", même lorsque Deschamps le boude pour le Mondial 2018. Son destin bascule finalement en septembre 2019, alors même qu'il est rappelé par les Bleus. Une vilaine blessure avec Manchester City l'éloigne des prés et le relègue dans la hiérarchie des centraux. La goutte de trop pour Laporte, qui se décide finalement à embraser une carrière internationale avec l'Espagne, dont il pilote désormais la défense.
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Aymeric Laporte lors d'un match avec la sélection espagnole, en octobre 2021.

Crédit: Getty Images

Faut-il voir dans ces destins internationaux des choix "par défaut" ? Les intéressés ont beau assurer que non, la donne aurait peut-être différé si la concurrence à leur poste était moins féroce chez les Bleus. Loin de ces proéccupations, l'Espagne s'en lèche les babines et profite de ces deux défenseurs. Dont les naturalisations salvatrices disent pourtant beaucoup de son déclin dans le secteur, alors que la Roja en a été réduite à inclure un Gerard Piqué en chute libre dans sa pré-liste pour le Mondial.
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