Nantes-Juventus : Eddy Capron revient sur la demie de C1 1996 - "Avec Loko et Karembeu, on aurait pu passer"

LIGUE EUROPA - Vingt-sept ans après, le FC Nantes retrouve la Juventus Turin ce jeudi en barrages de la Ligue Europa. Avant les retrouvailles entre ces deux équipes, Eddy Capron, l'actuel entraîneur de l'AS Sautron (club de R1 dans la périphérie nantaise) et qui sera à La Beaujoire le 23 février, a revisité la demi-finale de la Ligue des champions 1996 pour Eurosport. Entretien.

Eddy Capron au duel avec Fabrizio Ravanelli lors de Nantes-Juventus (demi-finale retour de Ligue des champions 1996).

Crédit: Getty Images

Eddy Capron, comment avez-vous réagi après le tirage au sort des barrages de la Ligue Europa qui opposera Nantes à la Juventus Turin (ndlr : match aller en Italie ce jeudi puis retour à La Beaujoire le jeudi 23 février) ?
Eddy Capron. : Quand je l'ai appris, je sortais de l'entraînement. J'ai reçu plusieurs fois ce même message : 'ça va te rappeler des souvenirs'. C'est génial de pouvoir faire vivre ça aux supporters nantais, qui ont connu un début de saison difficile en Ligue 1. Ça leur donne une bouffée d'air et un peu de rêve. Il y a beaucoup d'engouement dans la région depuis le tirage. Après, le quotidien du FC Nantes, ça reste le championnat. Je pense qu'Antoine (Kombouaré) a dû ressentir toute cette effervescence. On sent qu'il y a quelque chose d'exceptionnel derrière ce match. Ça rappelle l'histoire. C'est incroyable que Nantes puisse affronter de nouveau la Juventus Turin. C'est la cerise sur le gâteau.
Il y a 27 ans, Nantes se faisait éliminer par la Juventus Turin en demi-finales de la Ligue des champions. Ressentez-vous des regrets aujourd'hui ?
E.C. : Sur le coup, non, parce qu'on savait que la Juve était bien plus forte que nous. Mais avec le recul, on se dit qu'on aurait pu avoir la chance de jouer cette finale. C'est passé très vite en fait. Ce qu'on a fait, on l'a seulement réalisé après.
Vous aviez sorti le Spartak Moscou en quarts de finale. Dans quel état d'esprit étiez-vous avant cette double-opposition contre la Juventus Turin ?
E.C. : On savait que c'était le favori de la Ligue des champions. Nous, on voulait créer l'exploit.
Quels souvenirs gardez-vous du match aller à Turin ?
E.C. : J'ai été impressionné par l'environnement et tout l'engouement qu'il pouvait y avoir. Avec la presse italienne et les lieux tout simplement. L'hôtel, le stade, ça m'a vraiment marqué. On sentait que là, c'était la Ligue des champions et le monde des grands. J'ai été impressionné par la grandeur du Stadio delle Alpi. C'était monstrueux. En plus, il y avait une histoire derrière ce stade. On l'avait sentie lors de l'entraînement de la veille. Concernant ce match aller, j'ai le souvenir qu'on est tombé dans leur piège. On s'est laissé déstabiliser avec ce carton rouge reçu très tôt (ndlr : Bruno Carotti à la 45e). En plus, on jouait sans Japhet N'Doram et Claude Makélélé pour cause de suspension (ndlr : Reynald Pedros était suspendu après son rouge contre le Spartak Moscou. Japhet N'Doram était blessé. Claude Makelele avait joué au retour). Ça faisait beaucoup d'absents et 2-0 au final, ce n'est pas cher payé.
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Il agace franchement la Juve : toujours blessé, Pogba va-t-il jouer cette saison ?

Video credit: Eurosport

Entre Gianluca Vialli, Alessandro Del Piero, Michele Padovano ou Fabrizio Ravanelli, quel attaquant turinois a été le plus compliqué à marquer sur le terrain ?
E.C. : Très sincèrement, tous (rires). Ils avaient déjà l'expérience du très, très haut niveau et bougeaient beaucoup offensivement. Ils savaient très, très bien gérer les duels. Ce match-là était fait pour eux. Mais ce n'était que la première mi-temps de cette double-confrontation. Perdre 2-0 à Turin à dix contre onze, et sans deux éléments importants, on pouvait imaginer un scénario favorable à Nantes. C'était jouable.
Justement, quelle était l'ambiance au Stade de La Beaujoire pour ce match retour ?
E.C. : C'était chaud. La meilleure ambiance de toutes mes années au FC Nantes ? Non peut-être pas, il y a aussi eu le soir où on est devenu champion de France 1995 et que le public est rentré sur la pelouse. En tout cas, sur cette rencontre, on voulait rester nous-mêmes en proposant du jeu. C'était notre force mais ça pouvait aussi être une faiblesse.
Sur le premier but de la Juventus, Gianluca Vialli prend le meilleur sur la défense nantaise. Mais quelques minutes plus tard, vous égalisez de la tête à la suite d'un corner...
E.C. : L'action va assez vite. Je reprends la balle de la tête et Angelo Peruzzi la repousse juste derrière la ligne. Pour moi, sur l'instant, le ballon était rentré. Ensuite, Eric (Decroix) le pousse de nouveau dans le but et heureusement car sinon je pense qu'il n'aurait jamais été validé par l'arbitre. Après, le nom du buteur m'importait peu, je n'étais pas focalisé sur les stats.
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1996 : Gianluca Vialli (Juventus) face à Jean-Michel Ferri (Nantes)

Crédit: AFP

Quel était le sentiment de l'équipe nantaise après cette victoire (3-2) contre la Juventus Turin ?
E.C. : Il y avait de la satisfaction d'avoir gagné le match retour mais aussi un peu de regrets par rapport à ce match aller et ce quart de finale retour contre le Spartak Moscou où on finit avec plein de suspendus. Notre insouciance nous poussait parfois à faire des conneries. Mais au final, ça reste une belle opportunité et une très, très belle expérience d'avoir disputé un match de ce niveau-là.
Est-ce que la Juventus Turin 1995-96 est l'équipe la plus forte que vous ayez affrontée pendant votre carrière de joueur ?
E.C. : Je ne dirais pas forcément la plus forte, mais c'était la plus roublarde, la plus vicieuse et la plus expérimentée. On sentait qu'il y avait du métier dans cette équipe-là. En face, il n'y avait que des internationaux. Nous, on goûtait à peine à ce niveau-là. D'ailleurs, ils ont remporté la Ligue des champions derrière contre l'Ajax Amsterdam.
En face, il y avait aussi Didier Deschamps. Quels souvenirs gardez-vous de la confrontation face à l'actuel sélectionneur des Bleus ?
E.C. : Il avait été égal à lui-même. C'est-à-dire droit, respectueux et à la hauteur de l'événement. Je le connaissais car on avait joué un an et demi ensemble à Nantes. C'était quelqu'un qui était très respecté chez les jeunes joueurs nantais.
A l'été précédent, Nantes avait perdu Patrice Loko et Christian Karembeu (ndlr : partis au PSG et à la Sampdoria). Est-ce qu'avec ces deux joueurs-là, vous auriez pu passer face aux Turinois ?
E.C. : Ah carrément. On aurait eu des arguments en plus pour passer. Après, avec des si, on fait plein de choses. Mais je pense qu'on aurait eu plus de certitudes. Ils étaient des valeurs sûres et des moteurs de notre équipe (ndlr : en 1994-95, Nantes avait fini champion de France avec 32 matches de championnat consécutifs sans défaite).
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