Ligue 1 | OL | Paulo Fonseca, le retour après le fiasco à Milan

Le successeur de Pierre Sage sur le banc de l'OL, c'est lui. Paulo Fonseca va faire son retour en France après un passage express à l'AC Milan. Remercié en fin d'année dernière, l'ancien technicien du LOSC, qui s'était mis une partie de son vestiaire à dos, n'aura jamais réussi à y imposer ses idées et son style de jeu. Un échec cuisant dont il va devoir se remettre à Lyon.

Sage menacé ? "Lyon a 99 problèmes mais le coach n’en est pas un"

Video credit: Eurosport

Ce n'est pas ce qu'il avait prévu. Ni ce qu'il avait prédit. En débarquant à l'AC Milan l'été dernier, Paulo Fonseca, heureux comme un pape de revenir en Italie après une première expérience mitigée à l'AS Rome, s'imaginait probablement rester quelques années en Lombardie, lui qui avait trouvé résidence aux abords du Lac de Côme. Après tout, l'ancien technicien du LOSC s'était engagé sur un contrat de trois ans, soutenu et présenté alors par Zlatan Ibrahimovic en personne un jour de juin 2024. Puis tout s'est précipité. Au fil du temps et des matches. Sauvé par deux fulgurances au cœur d'une saison trop tourmentée, la première dans le derby face à l'Inter (3-2) en septembre et la deuxième à Madrid contre le Real (1-3) début novembre, il a finalement pris la porte en fin d'année dernière après un triste match nul lors de la réception de l'AS Rome (1-1). Inéluctable. 
"C'est vrai, j'ai été viré de l'AC Milan", confirme-t-il alors aux journalistes présents à la sortie du garage de San Siro. Un entraîneur qui confirme lui-même son licenciement, seul au volant de sa voiture, et sans même attendre que le communiqué officiel de son club soit diffusé. Cette dernière image va rester. Car elle est hautement symbolique. Pas exempt de tout reproche dans ce fiasco (et nous y reviendrons), Paulo Fonseca n'a jamais vraiment été soutenu par ses dirigeants. 
"À vrai dire, son aventure à Milan n'a jamais réellement démarré, analyse Luca Maninetti, journaliste au sein du site spécialisé SempreMilan.com. Les supporters étaient dubitatifs dès le début, les joueurs n'ont jamais réellement cru en lui, mais les dirigeants non plus... En gros, c'était lui contre tous. Il a toujours été abandonné dans les moments compliqués." Et il n'y en a pas eu qu'un seul. Pêle-mêle : l'épisode du cooling-break à Rome face à la Lazio, le "penaltygate" à Florence avec des joueurs qui désobéissent ouvertement à ses consignes, la colère froide envers certains éléments après une victoire face à l'Étoile Rouge en Ligue des champions, la décision d'envoyer la doublette Leão-Théo sur le banc... Bref, les turbulences ont été nombreuses pendant son séjour milanais.

Pas de feeling avec certains joueurs

"Le problème, c'est que cette équipe est comme les montagnes russes, regrettera-t-il ce fameux soir de Ligue des champions contre l'Étoile Rouge. Aujourd'hui ça va, demain je ne sais pas. C'est comme faire pile ou face. C'est impressionnant. Il y a des choses difficiles à changer, et parfois, je suis fatigué de me battre contre ces chosesC'était un match décisif pour nous, et il y a la sensation qu'on n'a pas voulu tout faire pour gagner... C'est la pire. Moi, je sais que je travaille tous les jours pour préparer mon équipe au mieux. Je ne sais pas si tout le monde peut dire de même dans l'équipe. On a l'obligation de venir ici et tout donner pour gagner. Ce qui n'a pas été fait. Je dois parler à mes joueurs de ce qui s'est passé sur le terrain. Cela ne peut pas arriver."
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Fonseca et Leao (Milan)

Crédit: Getty Images

Fonseca a tout tenté pour secouer son équipe et réveiller ses joueurs. Vraiment tout. D'ordinaire calme et paisible, le centre d'entraînement de Milanello, situé en plein cœur de la forêt de Carnago, s'est retrouvé sens dessus dessous. Un manque de tranquillité et normalité qui lui sera fatal. "Il avait initialement une idée de jeu intelligente et intéressante, se remémore notre confrère italien. Mais la vraie raison pour laquelle ça n'a pas marché, c'est qu'il n'y jamais eu le feeling avec certains joueurs comme Rafael Leão et Théo HernandezIl n'a jamais trouvé le bon canal de communication pour résoudre ses problèmes avec eux. En plus, il ne prenait que rarement ses responsabilités. La direction aurait dû miser sur un autre type d'entraîneur pour reprendre le cycle de Stefano Pioli. Un entraîneur de très haut niveau et d'un autre calibre, comme Antonio Conte ou Jürgen Klopp. " Malgré les critiques et le scepticisme qui ont toujours entouré sa présence sur le banc milanais, le Portugais n'a jamais renié ni ses principes ni ses valeurs. Peu importe "le nom derrière le maillot" et "les statuts établis", comme il balançait lors d'une conférence de presse plutôt animée. Droit dans ses bottes, il assurait "n'avoir aucun regret" une fois son aventure terminée, confiant avoir "tout tenté" pour changer les choses. En vain. Et son successeur Sergio Conceiçao, lui, est actuellement confronté aux mêmes problèmes... Preuve que le mal est profond.
Le manque d'empathie était trop grand
"Contre le Real et l'Inter, les joueurs étaient très motivés et lui avait été courageux dans ses choix. Mais dans les autres matches, qui ne peuvent pas toujours être des affiches, Fonseca n'est jamais parvenu à transmettre la 'grinta' et le courage. C'était trop irrégulier. Les résultats ont fini par le punir. Mais il a quand même laissé la trace d'une personne très humble et humaine", poursuit Luca Maninetti. Un sentiment partagé par tous les salariés du club, ainsi que nos autres confrères suiveurs du club lombard.
"Il a toujours été respectueux envers tout le monde, peu importe si la tempête médiatique dans laquelle il se trouvait ne cessait de s'accentuer. Jamais un mot de travers, absolument rien. Humainement, il avait tout pour réussir ici. Mais il n'y aura jamais eu l'étincelle entre lui, les joueurs et le club. Il n'est jamais parvenu à entrer dans la tête des joueurs. Le manque d'empathie était trop grand. Les supporters, eux, ont toujours été dubitatifs sur son profil, mais ils ont fini par prendre position en sa faveur face à certains comportements dans le vestiaire et l'absence de la direction. Ils ont aimé sa sincérité. Et d'ailleurs, aujourd'hui, cette contestation envers Gerry Cardinale (propriétaire de RedBird Capital, le fonds américain à la tête du club, ndlr) est toujours vive", nous confie l'un d'entre eux.
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Mais pourquoi Ibra est-il sifflé à San Siro ?

Video credit: Eurosport

Et le terrain dans tout ça ? Difficile à juger au vu de la situation cataclysmique en dehors. Mais Fonseca n'a jamais dérogé à son système favori : le 4-2-3-1. Il a même réussi quelques coups d'éclat, comme le choix d'aligner deux attaquants dans le derby ou aligner Yunus Musah sur l'aile droite à Madrid. À chaque fois à la surprise générale. Il a fait des choix forts, aussi, comme promouvoir des jeunes éléments du Milan Futuro, l'équipe U23 du club lombard, pour redonner de l'élan à ses troupes. 
"Nous n'aurons toutefois jamais vraiment vu l'équipe qu'il avait vraiment en tête, écrira La Gazzetta dello Sport après son départ. L'origine de tous les problèmes est la même : la tête. Beaucoup plus que les jambes. À peine un problème s'effaçait, un nouveau arrivait. Ses six mois à la tête du Milan auront été très durs et intenses. Cette équipe n'avait aucune identité tactique, aucun jeu et aucun leader. La direction a fini par l'acter." Elle qui s'était pourtant mise à rêver lorsque son ex-technicien avait promis, en début de saison, une équipe "courageuse, offensive, dominante, réactive" et qui "ne laisse pas penser l'adversaire, avec une identité forte". Ce qu'on a souvent vu à Lille. Rarement à Milan. Et à l'OL, alors ?
"Je pense qu'il peut réussir, promet Luca Maninetti. Il avait réalisé un grand travail au LOSC. Après, la pression n'est pas la même à Milan qu'à LyonIl lui faudra la confiance et le soutien du club. J'espère qu'il pourra bénéficier de patience à l'OL..." Pas certain qu'il s'agisse de la plus grande qualité de John Textor.
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