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Arsenal FC a réveillé le démon de la crise de février avant le choc à l'Emirates Stadium contre MU

Philippe Auclair

Mis à jour 12/02/2014 à 12:37 GMT+1

Corrigé à Liverpool (5-1), Arsenal aura bien du mal à se mettre à l’endroit dans la course au titre, analyse Philippe Auclair. Nous sommes en février. Le mois honni des Gunners.

Eurosport

Crédit: Eurosport

Match of the Day, le rendez-vous football du samedi soir à télévision anglaise, n’est pas réputé pour la causticité ou le tranchant de son humour. Ce serait plutôt l’inverse. Mais cela n’a pas empêché son présentateur Gary Lineker de se fendre d’un sourire narquois en montrant les images de la chute – très douloureuse - d’Arsène Wenger à la gare de Liverpool Lime Street après la raclée subie à Anfield. Irrespectueux, de mauvais goût, cruel? Certainement. Mais révélateur, aussi. En Angleterre, l’idée qu’Arsenal, leader juqu’à cette vingt-cinquième journée, puisse devenir champion pour la première fois depuis les ‘Invincibles’ de 2003-04, n’est plus partagée que par quelques irréductibles optimistes, pour qui le 1-5 de dimanche dernier n’était qu’un ‘accident’, pour reprendre le mot utilisé par Arsène Wenger dans son point-presse de mardi. Mais certains accidents laissent davantage de séquelles que d’autres, et celui-là n’était pas un banal froissement de tôle dans un embouteillage.
Février est depuis trop longtemps un mois que les supporters des Gunners voient arriver avec inquiétude. C’est le mois de l’attentat de Martin Taylor sur Eduardo à Birmingham, en 2008, alors qu’Arsenal comptait cinq points d’avance sur Manchester United à douze journées de la fin du championnat; l’équipe s’écroula ensuite, concédant trois nuls et une défaite après le 2-2 de St Andrews. Au revoir le titre… L’année suivante, trois matches de Premier League, trois nuls. En 2011, c’est cette finale de League Cup perdue bêtement, c’est le moins qu’on puisse dire, face au chat noir Birmingham City. 2012? Fessée à Milan (0-4), élimination de la FA Cup par Sunderland. 2013, rebelote, avec Blackburn, alors en D2, dans le rôle des Mackems et le Bayern dans celui des rossoneri. 2014… Le massacre d’Anfield.

Même les 6-1 et 8-2 d'Old Trafford n'étaient pas si humiliants

Je n’ai pas souvenir d’une défaite aussi humiliante dans les dix-sept ans et demi de règne de Wenger à Highbury et à l’Emirates. Lors du 6-1 pris à Old Trafford en 2001, le back four des Gunners était composé de Oleg Loujni, Gilles Grimandi, Igor Stepanovs et Ashley Cole; inutile d’ajouter un commentaire à cette liste. En août 2011, lorsque c’étaient huit buts qui avaient fini dans la cage de Wojciech Szczesny dans ce même stade (8-2), les blessures avaient à ce point accablé Arsenal que son manager avait dû titulariser Armand Traoré, Johan Djourou, Carl Jenkinson (expulsé en fin de match) et Francis Coquelin. Cette fois, il était impossible de se voiler la face en invoquant les absences de joueurs-clé. Certes, Walcott, Ramsey et, vu la physionomie de ce match, Flamini auraient pu faire du bien à un squad léthargique; mais Liverpool était-il mieux loti? Non, c’était plutôt l’inverse: pas de Lucas Leiva, de Sakho, de Johnson, d’Enrique ou d’Agger dans l’effectif auquel pouvait faire appel Brendan Rodgers. La différence est que le manager des Reds, longtemps soupçonné d’un certain dogmatisme dans son approche tactique – possession, encore de la possession, toujours de la possession -, a appris de ses erreurs passées, et inventé un Liverpool à la fois plus souple et plus direct, qui n’est jamais plus dangereux que lorsqu’il contre-attaque. 63 buts marqués – cinq de moins seulement que City – en 25 matches en sont la récompense.
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Mesut Ozil Arsenal v Liverpool (AFP)

Crédit: AFP


Pour Arsenal, on cherchera des excuses tant qu’on voudra; on n’en trouvera pas. Wenger lui-même n’est pas tombé dans le piège des fausses explications, et, abattu comme jamais, a reconnu sa part de responsabilité dans la déroute de son équipe. Tactiquement, il a été incapable d’apporter une réponse aux questions que Rodgers lui avait posées, en faisant glisser Luis Suarez – au passage, quel dommage que cette volée sublime n’ait trouvé que le poteau! – sur le côté droit pour torturer Nacho Monreal, et replacé Coutinho en soutien de Sturridge, une position dans laquelle le Brésilien a donné une démonstration de ce que Mesut Özil devrait faire, mais ne produit plus qu’au compte-gouttes. Qu’il semble lointain, le temps où les supporters des Gunners avaient improvisé une street party devant leur stade à l’annonce de la signature du joueur du Real Madrid! Il n’avait manqué que très peu à Liverpool pour réussir de belles opérations à Manchester City et Chelsea. Sans Ligue des champions ou Ligue Europa pour les distraire, d’ailleurs, et l’avantage de recevoir Citizens et Blues à Anfield au mois d’avril, les Reds, qui ont ont pris trente-quatre points sur trente-neuf devant leur public, ne sont plus seulement candidats à une place pour la C1 2014-15, mais bien au titre. Nous en reparlerons.

Six buts contre City, cinq contre Liverpool...

Le choc de mercredi soir (lequel, je vous rassure, aura bien lieu, malgré une menace de grève du métro londonien) est de ceux qui définissaient une saison du temps où Thierry Henry et Ruud van Nistelrooy arpentaient les terrains de Premier League. Ce n’est plus le cas. Deux bêtes blessées sont face à face; l’enjeu n’est plus un titre, quand bien même Wenger insiste sur le fait que, mathématiquement, les Gunners ont encore toutes leurs chances. Qu’est-ce qu’un point lorsqu’il y en a encore trente-neuf pour lesquels se battre? West Ham a bien été chercher le nul à Stamford Bridge… Pourquoi Arsenal n’y prendrait-il pas trois le 22 mars? C’est dire combien le massacre d’Anfield a marqué les esprits: pour la quasi-totalité des observateurs, ces questions sont purement rhétoriques. Les vieux démons ont ressurgi. Six buts de pris contre City, cinq contre Liverpool, la défaite à Old Trafford, la leçon de football reçue à l’Emirates face à un Borussia Dortmund qui n’était pourtant pas irrésistible à l’époque, la défaite à Naples sont autant de souvenirs tout récents qui en réveillent d’autres plus anciens, quand les Gunners d’après l’exil de Highbury calaient immanquablement contre les têtes d’affiche.
Ces démons, on les avait crus bannis. Arsenal n’avait pas perdu un seul match depuis janvier 2012 lorsque Wenger avait pu faire appel en même temps à Laurent Koscielny et à Per Mertesacker. Quatre-vingt-dix minutes d’absence auront suffi à les ramener à la vie. Mercredi soir, il faudra les tuer à nouveau. Pour combien de temps?
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2013-2014 Premier League Manchester United Arsenal Koscielny Vermaelen

Crédit: Panoramic

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