Pays-Bas - France (Qualification Euro 2024) : Randal Kolo Muani, pour regagner du crédit

Les Oranje en avaient vu de toutes les couleurs. Dans la foulée d'une Coupe du monde où il s'était révélé, Randal Kolo Muani avait brillé de tout son éclat en mars face aux Pays-Bas. Insaisissable, il avait été impliqué sur les quatre buts de la démonstration des Bleus (4-0). Une prestation qui donnait l'envie d'en voir plus. Et l'impression que l'ancien Nantais venait de s'installer doucement mais sûrement comme l'avant-centre du futur pour l'équipe de France. Même s'il devrait être titulaire pour ces retrouvailles avec les Néerlandais, elle n'est plus aussi nette aujourd'hui.

Kolo Muani n'a plus été aussi enthousiasmant par la suite, même s'il n'avait pas démérité quelques jours plus tard en Irlande (0-1). En juin, dans un contexte toujours particulier de fin de saison, il avait connu une titularisation mitigée face à la Grèce (0-1) après avoir été remplaçant à Gibraltar (0-3). Et en septembre, au bout d'un été mouvementé qui l'a vu signer au PSG, RKM n'était pas sorti du banc face à l'Irlande (2-0) avant de passer à côté de son sujet face à l'Allemagne (2-1), comme l'équipe de France dans son ensemble.

Le Bondynois est capable de fulgurance à chaque instant, mais il pêche dans l'efficacité. Un domaine où le joueur de 24 ans doit progresser pour conserver la trajectoire ascensionnelle de sa carrière. Surtout depuis qu'elle a pris une autre dimension. "Quand ils (les joueurs) deviennent internationaux français, ils sont un peu plus exposés aussi, soulignait Didier Deschamps en septembre. Cela fait partie d’une progression constante à tous les niveaux, avec une exposition et des exigences plus élevées. En venant au PSG, il sait très bien que les attentes sont importantes le concernant."

Dans un cadre unique à Paris, Kolo Muani prend ses marques. Il n'a pas encore donné la pleine mesure de son talent, mais il affiche de bonnes statistiques avec 2 buts et 2 passes décisives en 4 matches toutes compétitions confondues. Comme Olivier Giroud et Marcus Thuram, ses deux principaux concurrents chez les Bleus. Giroud a marqué 4 buts et délivré 3 passes décisives en 9 matches, en plus de montrer des talents de gardien de but avec l'AC Milan. Et Thuram signe des débuts impressionnants à l'Inter avec 3 buts, 5 passes décisives et 2 penalties provoqués.

Deschamps ne va certainement pas se plaindre d'avoir un problème de riche. En plus de Kolo Muani, il dispose de deux autres joueurs évoluant dans des clubs exposés et exigeants, tant en championnat qu'en Ligue des champions, pour un seul poste d'avant-centre. Giroud, meilleur buteur de l'histoire des Bleus avec 54 buts, reste une référence du haut de ses 37 ans. Et Thuram montre des signes de montées en puissance très nets, en club comme en sélection à l'image de son but face à l'Irlande le mois dernier, son premier sous le maillot tricolore.

Le niveau de performance est toujours l'un des critères principaux pour déterminer le choix de Deschamps. Mais ce n'est pas le seul. "Olivier et Marcus ont des profils qui se rapprochent un petit peu, Kolo, c’est un peu différent, a-t-il expliqué lundi en conférence de presse. C’est toujours dans l’optique d’être plus dangereux pour l’adversaire, un scénario, une situation. Le choix est plus là. Si l’adversaire a un bloc très bas dans la surface, cela peut amener un choix différent de ma part, s’il y a un peu plus d’espaces, cela peut amener un autre choix."

Dans ce qui ressemble à un match à trois pour une place, le profil de Kolo Muani est autant un avantage qu'un inconvénient. Il a la vitesse et la qualité pour prendre la profondeur face à des blocs médians ou haut, mais les Bleus font plus souvent face à des blocs bas. Il a aussi cette polyvalence qui peut lui permettre d'évoluer sur un côté, comme en Irlande où il avait été associé à Giroud et Mbappé. Mais il n'est pas l'avant-centre typique, un pivot autour duquel des joueurs comme Mbappé affectionnent de tourner. Giroud en est un, et Thuram montre de plus en plus de qualités dans ce registre également.

Des trois, Kolo Muani n'en reste pas moins celui qui a été le plus souvent titularisé par Deschamps depuis le début de l'année civile (4 fois, dont 3 fois en pointe, contre 3 fois pour Giroud et 0 pour Thuram). Il garde du crédit aux yeux du sélectionneur, malgré ses dernières performances en demi-teinte avec les Bleus. Sa probable titularisation face aux Pays-Bas va dans ce sens. Mais il sait que la concurrence est impitoyable. C'est son quotidien, au PSG comme en sélection. Et elle ne pardonne pas toujours les opportunités manquées. La meilleure raison pour saisir la chance qui devrait lui être offerte face aux Néerlandais.