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Gennaro Gattuso, qui l’aurait cru ?

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 25/02/2018 à 20:32 GMT+1

SERIE A - Invaincu depuis deux mois et encore engagé sur trois fronts, le Milan peut même rêver de qualification en Ligue des champions s’il continue sur cette lancée. Tout ça grâce à son nouveau coach, le surprenant Gennaro Gattuso.

Gennaro Gattuso lors de AC Milan - Atalanta en Serie A le 23 décembre 2017

Crédit: Getty Images

Soyons honnêtes, personne ne pensait Gennaro Gattuso capable de relancer aussi bien le Milan, moi le premier. Je n’avais pas de doutes sur son sérieux, son application et son envie, mais sa nomination ne me paraissait pas la meilleure intuition, et encore moins le timing avec laquelle elle fut prise. Il s'agissait d’un all-in, de la dernière carte abattue, alors qu’on n’était que fin novembre. N’ayant pas été complètement convaincu par ce choix, il serait très malvenu de ma part d’être aujourd'hui dithyrambique à son endroit. D’autant qu’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives. Mais en attendant, c’est un plaisir d’être démenti.

Sa solution miracle ? Le travail

Conscient de l'opportunité inespérée qui lui a été offerte, Rino bosse sans arrêt. Premier à arriver à Milanello, dernier à en partir, lui qui habite à Gallarate, à quelques encablures. Il n’y a pas de recette Gattuso proprement dit, mais il a insisté sur un aspect : l'intensité des entraînements. Elle a été augmentée en même temps que la préparation physique a été retouchée. Une belle différence par rapport à l’ère Montella dont le préparateur physique, Emanuele Marra, avait été écarté dès la fin septembre. Le Calabrais s’est ensuite arrêté sur une tactique, celle permettant d’exalter les qualités de ses meilleurs éléments : le 433. Les nouvelles recrues comme Bonucci, Biglia, Kessie et Calhanoglu se rapprochent progressivement de leur meilleur niveau. La situation du Turc caractérise bien le boulot de Gattuso. Trimbalé d’un poste à l’autre avec son prédécesseur, il occupe maintenant une place d’ailier gauche et trouve ses marques.
Un groupe de titulaires s’est ainsi détaché permettant d’affiner les relations techniques. Des “anciens” ont bénéficié aussi de cette stabilité comme Bonaventura (déjà cinq buts avec Gattuso) et Romagnoli, dont la courbe inquiétait. Le Milan a des jambes, une assise défensive (quatre buts encaissés sur les onze derniers matches) et des idées simples et claires qui commencent à être rodées. En outre, Rino a refusé toute recrue pendant le mercato d’hiver afin de responsabiliser celles arrivées en fanfare l’été dernier. Reste deux cas à régler : ceux d’André Silva et Nikola Kalinic (65 millions d’euros d'investissement). Mais pour le moment, le seul poste d'avant-centre revient légitimement au jeune du centre Patrick Cutrone, 20 ans et meilleur buteur avec 13 buts toutes compétitions confondues.
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Gennaro Gattuso, Milan, Getty Images

Crédit: Getty Images

Du Gattuso, du vrai

Ce qui m’a particulièrement marqué chez le Gattuso entraîneur, c’est sa communication. Connaissant le gaillard, on peut s’imaginer que rien ou presque n’est calculé. Mais au-delà du langage parfois cru, il est capable de faire passer de vrais messages avec une profonde sincérité. "Je n’ai qu’un seul mérite, avoir cru que l’équipe devait bosser plus à l'entraînement, notre bravoure vient des joueurs qui ont serré les dents". Rino est humble et garde les pieds sur terre : "Si on pense avoir résolu tous les problèmes, on se goure. Ce 4-0 est trompeur". Ça c’était après la large victoire contre la Spal. Un discours identique après le déplacement à Razgrad en 16e aller de Ligue Europa : "On pouvait faire mieux, on a eu une mauvaise approche." Et le Milan s’était imposé 3-0.
Les métaphores sont quant à elles bien trouvées : "On ne doit pas s’imaginer être devenus Brad Pitt en deux mois, on doit être moches comme mon visage, avec la barbe de la couleur de Calimero et des cernes." Souvent questionné sur son avenir, il répond toujours la même chose : "La priorité n’est pas si Gattuso reste ou pas, la priorité ce sont les joueurs." Et surtout il prend ses responsabilités. "On n’a plus de marge d’erreur, surtout avec les points perdus avec moi et durant la précédente gestion." Quand d’autres auraient tout mis sur le dos de Montella. Concernant cet aspect, je reconnais parfaitement "mon" Gattuso.

L'heure des vrais tests

Lorsque Gattuso a repris l’équipe, la quatrième place significative de qualification directe en Ligue des champions était distante de onze points, voire quatorze, puisque la Roma avait alors un match en retard. Aujourd’hui, elle est occupée par la Lazio, encore huit longueurs devant. Et il ne reste que treize journées. Le hasard du calendrier propose un triptyque Sampdoria, Roma et Inter. Trois équipes figurant devant au classement. Trois confrontations directes. Trois matches à six points. Et trois défaites durant la phase aller.
Ça a bien débuté contre la Samp, mais il faudrait un sans-faute pour que les Rossoneri reviennent réellement dans la course à la qualification en C1, l’objectif déclaré du début de saison (l’alternative étant de gagner la Ligue Europa). Ce seront aussi deux véritables tests pour mieux se situer sur le Gattuso technicien. Ce qui est certain, c’est qu’en trois mois, il a prouvé ne pas être juste un coach folklorique fait de "grinta et de coeur". Une image dont il est fier mais dont il souffre également. Indépendamment de ce que le futur lui réservera, c’est pour le moment sa plus belle victoire personnelle et le plus beau pied de nez fait à ceux qui ne croyaient pas totalement en lui. Moi y compris.
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Gattuso et la joie du Milan AC

Crédit: Getty Images

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