Serie A | Suspension, traitement psychologique : Le point sur l'affaire des paris illicites en Italie

C'était il y a presque une semaine. Déjà. Abonné des affaires extra-sportives et scandales en tous genres, le football italien continue de vivre au rythme des révélations concernant l'affaire des paris illicites, qui éclabousse tout un système depuis mercredi dernier. Plusieurs joueurs transalpins, dont Nicolò Fagioli, Sandro Tonali et Nicolò Zaniolo, tous les trois internationaux, se retrouvent mêlés à une vaste enquête menée par le parquet de Turin. Ils sont soupçonnés d'avoir utilisé des plateformes clandestines de paris sportifs, ce que proscrit l'article 24 du code de la justice sportive de la FIGC.

Jeudi dernier, les autorités italiennes avaient même fait irruption dans le centre fédéral de Coverciano, lieu du rassemblement de la Nazionale, pour interroger le duo Tonali/Zaniolo. Leurs téléphones portables et une tablette étaient saisis dans la foulée. A l'issue de cette audition, Tonali, passé de l'AC Milan à Newcastle cet été, et Zaniolo, qui a rejoint Aston Villa en juillet en provenance de la Roma, quittaient le rassemblement. Si l'analyse des appareils en question se poursuit, dans l'espoir de trouver d'autres noms et, surtout, remonter à ce qui pourrait s'apparenter à du crime organisé, une première peine pourrait être bientôt annoncer.

Selon les informations de la presse transalpine, Nicolò Fagioli, qui évolue à la Juventus, devrait en effet être sanctionné cette semaine. Le milieu de terrain, qui s'est autodénoncé en août dernier, collabore depuis avec les enquêteurs, ce qui devrait lui permettre de voir sa peine allégée. Soupçonné d'avoir fait des paris sur des plateformes clandestines, ce qui l'expose à une suspension de trois années et à une amende de 25.000 euros selon l'article 24 du code de la justice sportive de la FIGC, il devrait écoper d'une peine de sept mois selon diverses sources, dont Sky Italia et La Gazzetta dello Sport.

Selon La Repubblica, Fagioli a reconnu avoir parié sur des matches de football, ce qui est interdit, mais jamais sur ceux de son équipe, qui s'est mise en contact avec le parquet fédéral de la FIGC peu après avoir été mise au courant des faits. Le quotidien généraliste évoquait dans la matinée une suspension de huit mois, plus cinq mois de travaux d'intérêt général, notamment pour intervenir dans les écoles - dont celles de football - pour faire de la prévention. Elle devrait être officialisée cette semaine.

En parallèle, Fagioli, conscient de souffrir de ludopathie, suit un parcours de soins depuis maintenant deux mois avec le professeur Paolo Jarre. Ses comptes ont ainsi été placés sous contrôle. "Il avait des problèmes avant la signature avec notre agence, la Caa Stella, a reconnu lundi son agent Marco Giordano en réponse au père du joueur, qui accusait la profession de ne pas être aux côtés de leurs assistés. (...) La première chose que nous lui avons dit, c'est de se dénoncer et se soigner (...) Il est dépendant au jeu. Ce problème de dépendance au jeu est né avant que nous devenions ses agents. On a décidé de ne pas le laisser seul. On l'a aidé de toutes les manières possibles. Il s'est comporté de manière exemplaire depuis que nous collaborons."

Dimanche, la Repubblica annonçait que Leonardo Bonucci, ancien défenseur de la Juve et parti à l'Union Berlin, était au courant des paris de son coéquipier, tout comme un membre du staff de l'entraîneur Massimiliano Allegri. "C’est l’un des éléments qui ressort des discussions présentes dans le téléphone du joueur. Deux de ses coéquipiers auraient également parié avec lui", précisait le quotidien. Pour l'heure, aucun autre nom n'a filtré dans cette affaire outre ceux de Fagioli, Tonali et Zaniolo.

Très impacté par cette affaire, Sandro Tonali, qui évolue à Newcastle depuis l'été dernier, semble suivre les pas de son ami Nicolò Fagioli, ce dernier lui ayant d'ailleurs reproché, au cours des interrogatoires, l'envoi d'un lien permettant de télécharger l'une des applications incriminées. Dans l'édition du jour de La Gazzetta dello Sport, l'ex-joueur de l'AC Milan est décrit comme "pressé" de se faire interroger par la justice fédérale et sportive, notamment dans le but de "confesser" puis "payer" ses fautes, conscient de "mettre sa carrière en grand danger".

Lundi, son avocat Marco Ferono a confirmé cette volonté auprès du ministère public en charge de l'enquête sur les paris illicites. Un premier contact pour faire bouger les lignes et communiquer la disponibilité du joueur à contribuer aux investigations en cours. Egalement suivi pour soigner son addiction au jeu, Tonali est accusé, comme ses pairs, de "l'abus des activités de jeux et paris", ce qui sanctionnable, d'un point de vue pénal, à une peine de trois mois de prison ou une amende allant de 51 à 516 euros. Pour l'heure, de possibles fraudes sportives, comme l'altération d'un résultat, n'ont pas été relevées par les autorités.

Retourné en Angleterre, l'international transalpin espère revenir assez rapidement en Italie pour négocier une réduction de peine. "Il joue actuellement un match important contre la ludopathie (...) Il est touché et nous espérons que cela pourra lui sauver la vie, à lui ainsi qu'à d'autres personnes", a espéré Giuseppe Riso, son agent, lors d'un évènement organisé à l'Ambassade italienne de Londres ce mardi.

Du côté de la FIGC, son dossier est dans l'attente de nouveaux éléments, tout comme celui de Zaniolo. Ce dernier, passé de Galatasaray à Aston Villa cet été, nie fermement les accusations dont il fait l'objet. Selon la presse italienne, l'ancien joueur de la Roma a confié à ses proches : "Je n'ai jamais parié. J'ai joué à des jeux en ligne, surtout au blackjack, sur des sites dont je ne savais pas qu'ils étaient illégaux."

Interrogé par l'AFP en fin de semaine dernière, le parquet de Turin a confirmé qu'une enquête était en cours concernant plusieurs joueurs, mais n'a pas voulu donner plus de détails. Fabrizio Corona, ex "roi des paparazzi" reconverti en lanceur d'alerte, a promis de donner de nouveaux noms ce mardi soir dans l'émission "Avanti Popolo" sur la chaîne Rai 3, probablement au terme du choc entre l'Angleterre et l'Italie (20h45) à Wembley.