Grand Prix d'Abu Dhabi | Pourquoi "l'outsider" Max Verstappen (Red Bull) est si populaire face à Lando Norris et Oscar Piastri (McLaren)

À moins que vous soyez fan de McLaren ou que vous supportiez Lando Norris ou Oscar Piastri, vous faites probablement partie de cette majorité qui souhaite voir Max Verstappen réussir l'immense exploit de décrocher le titre de champion du monde ce dimanche à Abu Dhabi. Autrefois impopulaire, le pilote Red Bull est désormais tout le contraire. Et c'est parfaitement "normal". Explications.

Verstappen : "On espère un peu de magie à Abu Dhabi"

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C'est une cote de popularité dont rêveraient tous les politiciens. Et dont on n'imaginait pas qu'elle puisse atteindre de tels sommets pour lui. Autrefois ado insouciant et agaçant, plus récemment champion écrasant, Max Verstappen est, avant le dernier Grand Prix de la saison à Abu Dhabi, un drôle de chouchou. Et cela dit beaucoup sur son évolution en tant qu'homme mais aussi... sur l'espèce humaine.
Les accomplissements du Néerlandais ont touché des valeurs profondément ancrées en nous, Hommes avec un grand "H". Car la valorisation de "l'outsider" n'est évidemment pas propre à la Formule 1, ni même au sport, puisqu'on la retrouvait déjà dans les livres sacrés : c'est l'histoire de David contre Goliath.
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Verstappen en rigole : "Je n'avais pas prévu d'être dans la course pour le titre"

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Qu'importe son identité, l'outsider est toujours le chouchou

Joseph Alan Vandello, professeur à l'université de Floride du Sud, et Nadav Goldschmied, l'un de ses homologues de San Diego, ont mené en 2007 une étude mettant en exergue certains mécanismes activés par la présence d'un outsider. Plusieurs expériences ont ainsi été menées auprès d'un groupe de personnes.
La première a consisté à présenter à ce public un match entre deux équipes purement fictives, pour ne pas éveiller chez les participants des attaches émotionnelles ou morales. Résultat : une grande majorité a spontanément soutenu l'équipe ayant été présentée comme celle qui avait le moins de chances de gagner la rencontre.
Le même constat a été observé lorsque les participants avaient dû choisir entre deux compétiteurs, où l'un avait été présenté comme celui ayant travaillé le plus dur. Sans surprise, celui-ci a obtenu une majorité de soutien. Cette seconde expérience a notamment mis en exergue un biais cognitif appelé "biais de mérite perçu", qui pousse à accorder plus de valeur à quelqu'un ayant fait plus d'efforts, même si son résultat est similaire à celui d'un autre.

Verstappen a retourné l'opinion

Tout ceci est certes très théorique, voire philosophique, mais aussi assez éclairant pour le cas qui nous intéresse, à savoir celui de Max Verstappen. On pourrait même en tirer quelques paradoxes : en début d'année, le pilote Red Bull était-il David, ou plutôt Goliath ? Était-il vraiment celui qui avait le moins de chances de gagner ? Et sur une période encore plus longue, Red Bull a-t-elle vraiment fourni plus d'efforts que McLaren ? Penchez-vous sur ces questions, et peut-être que votre opinion changera.
Le quadruple champion du monde a aussi bénéficié d'un gigantesque arc narratif. Il avait été lancé en tout début de saison par George Russell, lorsque le pilote Mercedes avait estimé que la McLaren était une voiture "qui devrait gagner toutes les courses".
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Norris, Verstappen et Piastri pour le titre : tout savoir sur Abu Dhabi

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Il a été entretenu par Verstappen lui-même : à intervalles réguliers, le Néerlandais n'a cessé d'irriter Lando Norris et Oscar Piastri en répétant qu'il aurait été sacré depuis bien longtemps s'il avait eu, à sa disposition, le même matériel que ses deux rivaux. Pour lui, remonter une grande partie des 104 points de retard qu'il a comptés au mois d'août, et être en position de remporter le titre lors du dernier Grand Prix de la saison était donc, forcément, plus difficile. Biais de mérite perçu.

"Que le meilleur gagne"

La personnalité de "Super Max", brillantissime sur la piste, souvent sarcastique en dehors, a aussi fait de lui un antagoniste apprécié. Face à des rivaux un peu plus lisses, un peu plus fragiles aussi, il a joué le rôle de "méchant" d'un film que McLaren aurait pu rendre assez fade par sa politique sportive. Le grand public et les amateurs de sport en général s'intéressent à la F1 pour les émotions qu'elle peut produire. Le pilote Red Bull en a généré beaucoup. Les promoteurs du championnat et les diffuseurs l'ont parfaitement compris et participé, eux aussi, à en faire le héros. 
Mais Verstappen a aussi, et surtout, un immense mérite : il a démontré, une nouvelle fois, qu'il était simplement le plus fort. Et si l'espèce humaine, les biais cognitifs et les arcs narratifs poussent à supporter l'outsider, le sport veut toujours "que le meilleur gagne".
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