Alonso fait le break

Cela ne fait plus de doute : Fernando Alonso (Ferrari) est l'homme fort du Mondial 2012. A mi-parcours de la 63e édition du championnat, l'Espagnol a encore frappé sur la tête de ses rivaux directs en enlevant la dixième manche de la saison, sur l'Hockenheimring. Menant sa troisième chevauchée victorieuse de l'année, après les Grands Prix de Malaisie et d'Europe, le pilote de la "rossa" a déroulé un scenario limpide.

De sa pole position, "Nando" n'a lâché les rênes qu'à l'occasion de la première des deux vagues d'arrêts au stand qui étaient la norme dominicale dans le stade automobile allemand. Son premier poursuivant, Sebastian Vettel (Red Bull), l'a relayé à la position "P1" du 18e au 20e des 67 tours. Ce dernier a occupé la place de dauphin jusqu'à sa seconde halte au stand, au 42e passage, où il a vu Jenson Button (McLaren) lui filer sous le nez. En fait, l'Allemand venait de voir un piège se refermer sur lui : huit tours plus tôt, Lewis Hamilton, retardé par une crevaison en début de GP, avait joué à fond la carte Button en se dédoublant puis en gênant la RB8 N.1. Malgré ses gesticulations, Vettel n'avait pas obtenu l'ouverture d'une enquête à la direction de course.

En habile gestionnaire de ses gommes, Alonso s'est attaché dans le final à maintenir une grosse seconde d'écart entre sa F2012 et la MP4 de Button. A défaut, il utilisa plusieurs fois son KERS pour contrer les attaques du Britannique au DRS dans la parabolique. "Partir de la pole était le facteur-clé pour gagner. Nous n'étions peut-être pas les plus rapides, mais j'ai réussi à conserver ma place", a réagi le double champion du monde, sur le podium.

L'Ibère sûr de son trentième succès, Button n'a pu résister jusqu'au bout à Vettel. A la sortie du virage N.6, là où la plupart des dépassements ont eu lieu, le résident monégasque pensait pourtant occuper la meilleure trajectoire et avoir soigné sa réaccélération. Mais à l'extérieur, Vettel avait viré large et gardé de la vitesse pour le passer en coupant sur une bordure. "Vettel était à l'extérieur du circuit", s'est plaint l'Anglais en direct à la radio. "La FIA est au courant", lui a aussitôt répondu son ingénieur de piste, Dave Robson. A l'arrivée, l'incident fut effectivement l'objet d'une enquête de la part des commissaires de la Fédération internationale de l'automobile (FIA), sous le patronnage du représentant des pilotes, le Britannique Derek Warwick. Le collège a décidé fort logiquement d'infliger un drive through à Vettel, converti en pénalité de 20 secondes. Une bien mauvaise affaire pour le héros local, qui a rétrogradé de la 2e à la 5e place finale et perdu huit points dans la course au titre.

"Jenson ne m'a rien dit, il ne s'est pas plaint auprès de moi", s'était défendu à chaud le double champion en titre. "C'était un dépassement difficile, je n'étais pas sûr s'il allait rester à l'intérieur ou non. Bien évidemment, le dernier truc qu'il voulait faire était de créer un contact. Nous étions côte à côte, j'ai essayé de lui donner assez de place et j'ai viré large. Nous étions tous en galère avec nos pneus, et spécialement Jenson. C'est pour ça que j'ai pu me rapprocher de lui et le passer."

"Je n'ai aucun commentaire à faire, les images de la télévision parlent d'elles-mêmes", avait rétorqué Button.

A distance de ce trio magique, Kimi Räikkönen pensait avoir ramené la quatrième place à Lotus. Promu troisième, il n'a malheureusement pu savourer son quatrième podium en noir. Une frustration doublé d'un avertissement pour son équipe, débordée par McLaren à la troisième place du Mondial Constructeurs. En effet, Romain Grosjean, parti 19e et auteur de sa plus difficile course de la saison, n'a rien ajouté au total collectif. Au classement Pilotes, Alonso se détache un peu plus avec 154 points contre 120 à Webber et 110 à Vettel. L'as des Asturies a donc l'équivalent de plus d'une victoire d'avance sur chacun des pilotes RBR. On comprend la nervosité et les fautes de pilotage plus nombreuses qu'à l'accoutumé de Vettel dans cette course. L'Allemand doit digérer son revers domestique et stopper l'hémorragie comptable. Il s'y emploiera dès la semaine, en Hongrie.