"La voiture volait"

Lotus est reparti de Catalogne avec le plus de points en poche, vingt-sept au total. Elle en a ainsi profité pour consolider sa troisième place au Mondial Constructeurs, et même se rapprocher à quatorze unités de McLaren. Avec Kimi Räikkönen sur la dernière marche du podium et Romain Grosjean juste au pied, les Noir et or avaient pourtant l'impression d'être passés à côté d'un meilleur résultat. Les stratèges ont encore une fois fait preuve d'audace - deux pneus "tendre" montés pour le deuxième relais sur les E20 - mais ils n'ont rien pu contre certaines circonstances.

Kimi Räikkönen a été le premier à regretter un début de Grand Prix qui a limité ses ambitions. "J'ai pris un très bon départ et j'ai eu une chance de dépasser par l'extérieur. Mais je n'avais pas assez de vitesse et j'ai touché le limiteur sur le cinquième rapport. Je suis un peu déçu parce que, si tout s'était bien passé dans la première partie de la course, j'aurais pu gagner", a-t-il lancé.

"Je n'avais pas de problème avec la performance de la voiture, mais c'est tellement serré entre toutes les équipes, qu'un petit problème ou une avarie mineure peuvent coûter cher. Mon premier relais était bon, mais pas suffisamment rapide pour suivre les leaders. Quand nous avons changé les pneus, cela a semblé aller mieux, mais j'étais déjà trop loin. J'aurais eu besoin de quelques tours supplémentaires (ndlr : cinq a-t-il estimé plus tard) à la fin pour pouvoir me battre pour la victoire. Nous n'en sommes pas loin et nous avons fait de beaux progrès jusqu'à maintenant. La voiture est excellente partout."

Il a fait un "bon usage des pneus durs chaussés lors de son troisième et dernier arrêt pour un relai de 18 tours", a relevé Pirelli. Le champion du monde 2007 a mené son premier Grand Prix depuis 2009, aux 45e et 46e tours, mais on sait que ce n'est pas le genre de détails sur lequel il s'arrête.

Romain Grosjean a stoppé un tour plus tôt que son complice lors de ses deux premières haltes (au 10e tour pour reprendre des "tendre" usagés, au 26e pour des "dur") puis il a observé son dernier passage au stand trois tours après (51e). Troisième sur la grille, il s'est de suite fait doubler par l'autre Lotus, puis rudoyé dans le virage 2 par Sergio Pérez (Sauber), qui dans le contact a crevé à l'arrière gauche. Résultat : Nico Rosberg (Mercedes) lui a subtilisé la quatrième position, non sans conséquence. "J'ai perdu un morceau de l'aileron avant dans la bataille !", s'est-il exclamé à l'arrivée.

"Mon début de course a été difficile parce que la partie endommagée empêchait le bon fonctionnement de l'aileron avant", a-t-il poursuivi. "Mais nous avons pu faire des modifications et en fin de course, la voiture volait littéralement. Je pense que nous avons pris les bonnes décisions", a-t-il estimé, dans une allusion aux choix de reprendre des "tendre" pour le relais 2, ce que seuls Mercedes, Force India, HRT et Marussia ont également fait sur leurs deux autos. "La température était un peu plus fraîche aujourd'hui, ça nous convenait moins bien", a-t-il également noté.

"Si on nous avait dit, au début du week-end, que nous pouvions terminer troisième et quatrième, nous aurions signé de suite", a conclu le Français, auteur de son premier meilleur tour en course, au 53e passage. Ce qui lui a permis de donner une suite à la série tricolore interrompue depuis le Grand de Monaco 1996 (Jean Alesi).

Et puis, Ricardo Penteado, a précisé que le champion de GP2 2011 avait terminé avec un moteur essoufflé. "Nous avons monté des moteurs neufs après les essais de vendredi et tout a bien fonctionné", a relaté le chef motoriste de Renault, avant d'ajouter : "Nous avons géré efficacement la consommation d'essence sur les deux voitures. Mais sur celle de Romain, lors de son relais médian, le moteur respirait moins bien."

Enfin, Eric Boullier, le directeur d'équipe, a fixé le cap pour la suite : "Je suis sûr qu'une victoire peut arriver au cours de la saison. Après les qualifications, vous partez sur des estimations. En nous basant sur la cadence très soutenue que nous avions à Bahreïn, nous comptions réitérer la même chose ici, mais cela n'a pas été le cas. Un incident a retardé Romain au départ, mais le rythme de nos deux pilotes en fin de course illustre notre potentiel."