Formule 1 | Ferrari, le droit d'y croire au Grand Prix d'Italie

C'est un dimanche à leur faire oublier une saison morose. Après des mois de frustration durant lesquelles leur Scuderia a assisté, parfois comme spectatrice, à la domination outrancière de Max Verstappen, les tifosi seraient prêts à tout oublier pour une victoire de Ferrari sous leurs yeux, ce dimanche, à Monza. La qualification réussie de l'écurie italienne, qui a placé Carlos Sainz juste devant le glouton néerlandais et Charles Leclerc juste derrière, a en tout cas posé les bases d'un week-end de fête comme le "Temple de la vitesse" n'en a plus connu depuis quatre ans.

Mais le chemin est encore long et tortueux. Ferrari et Carlos Sainz en particulier se savaient capables de se payer le leader du Mondial sur un tour. Ce ne fut d'ailleurs pas une mince affaire, puisque l'Espagnol a dû sortir l'un des chronos les plus aboutis de sa carrière, en prenant tous les risques dans Ascari puis dans la Parabolica, pour ne finalement souffler la pole que pour... 13 millièmes. Mais cet effort-là était certainement nécessaire pour se donner le droit d'y croire. "Nous avons maintenant la motivation et l'énergie pour y parvenir", a glissé le pilote de 29 ans et un jour en conférence de presse.

Mais l'ivresse du samedi n'a pas affecté la lucidité qui sera nécessaire, dimanche. "D'après ce que j'ai vu sur les longs relais, je ne vais pas mentir : c'est plus délicat, a admis le poleman. Dès que vous mettez cinq ou six tours aux pneus, que tout commence à se dégrader un peu, c'est là que Red Bull fait parler ses points forts et le rythme de course que nous avons vu toute l'année."

Pour les tifosi, la bonne nouvelle est que l'imprévisible monoplace rouge semble être dans un bon week-end, une semaine après avoir fait vivre un calvaire à ses pilotes, à Zandvoort. La mauvaise est qu'elle doit surtout son samedi à son efficacité en ligne droite. Pour briller à domicile, la Scuderia a donné les pleins pouvoirs à son moteur et déchargé sa monture aérodynamiquement. Tout l'inverse de Red Bull : sûre de la force de son unité de puissance, l'écurie championne du monde a préféré préserver de l'appui. Résultat : la SF-23 est supérieure dans les lignes droites. La RB19, dans les chicanes, les Lesmo et la Parabolica.

"Quand vous regardez leur aileron arrière, il semble qu'il soit bien optimisé pour Monza, a justement observé Verstappen, très sûr de lui. Le nôtre ne l'est pas, en tout cas pour un tour. Mais pour la course, normalement, il devrait être meilleur." En dégradant ses pneus bien moins rapidement que ses rivaux, le leader du Mondial pourra encore imposer un rythme métronomique à ses rivaux.

Le Cheval Cabré, lui, a au moins l'avantage d'avoir ses deux hommes aux avant-postes, alors que Sergio Pérez (Red Bull) n'a pas été en mesure d'accrocher la deuxième ligne (5e). À deux contre un, l'exploit est peut-être un peu plus envisageable. "Avec Carlos, nous allons essayer de finir premier et deuxième", a souri Charles Leclerc juste après la qualification.

"J'espère prendre un bon départ et leur rendre la vie dure, a projeté Sainz. Je pense que nous devrons bien travailler en équipe. Rien n'est impossible." Après tout, l'histoire l'a déjà démontré. En 1988, McLaren et le duo Prost - Senna avaient remporté toutes les épreuves de la saison, à l'exception du Grand Prix d'Italie où Ferrari avait réussi le doublé. 35 ans plus tard...