Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Esteban Ocon doit en avoir assez d'être toujours le plan B de quelqu'un

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 30/08/2019 à 18:54 GMT+2

FORMULE 1 2020 - Doublé in extremis par Daniel Ricciardo l'an dernier et Valtteri Botts cette année, Esteban Ocon a quand même obtenu une promotion chez Renault en 2020. Qui correspond finalement à sa cote dans le paddock et à un plan de carrière logique.

Esteban Ocon

Crédit: Getty Images

Mercedes a mis fin jeudi à un vrai-faux suspense de six mois en prolongeant Valtteri Bottas pour 2020. Et en recalant au passage Esteban Ocon. Le Finlandais avait depuis longtemps satisfait la principale condition non-écrite exigée par son directeur Toto Wolff en restant un coéquipier modèle capable de challenger Lewis Hamilton en avalant quelques couleuvres. La firme à l'Etoile a d'ailleurs justifié jeudi sa décision par le fait que le natif de Nastola a contribué à l'obtention du titre mondial des constructeurs en 2017 et 2018.
La campagne 2019 partie sur des bases records, les deux erreurs réalisées par le pilote de la Flèche d'argent n°77 avant la trêve estivale ne lui auront absolument pas été préjudiciables. Au contraire de la faute commise à domicile par Nico Hülkenberg, qui aura causé une déception insurmontable chez Renault et déclenché le rapatriement du jeune Français.
Les dés étaient pipés car Valtteri Bottas n'est qu'un pilote d'appoint. Toto Wolff ne l'a reconduit que pour un an, certainement dans l'attente de pouvoir signer Max Verstappen. Le manager autrichien court en réalité après le Néerlandais depuis 2014. A l'époque, des problèmes de riche l'avaient contraint à laisser filer le prodige chez Red Bull : avec Lewis Hamilton et Nico Rosberg sous contrat, il n'avait aucun baquet à offrir.

Mercedes, une griserie

Le board de Daimler, maison-mère de Mercedes-Benz, lui ayant assuré la présence de la marque à plus long terme en Formule 1, Toto Wolff prépare activement la succession de Lewis Hamilton qui, à 34 ans, a théoriquement quelques belles années devant lui mais qui, en pratique, peut aussi lui faire le coup de Nico Rosberg. Bref, Toto Wolff attend le moment où Max Verstappen sera sur le marché - au plus tard fin 2020 - pour lui faire une proposition impossible à refuser. Car Lewis Hamilton et Max Verstappen l'ont clamé haut et fort : ils n'auront pas de problème à cohabiter.
Sous contrat avec Mercedes, Esteban Ocon aura donc rêvé pour rien. Et pas qu'une fois. En 2017, il affirmait qu'un baquet de course lui était promis au cas où il remplirait chez Force India les objectifs fixés par son mentor. Ou pas plus tard que fin juillet à Hockenheim, où il avait passé sa combinaison avant la qualification pour suppléer un Lewis Hamilton malade. Au final, le Normand, testeur sur simulateur de nuit des vendredi au samedi de Grand Prix, refermera sans doute le chapitre gris sans avoir jamais fait un tour de piste avec la Mercedes de 2019...
picture

Esteban Ocon

Crédit: Getty Images

Faut-il pour autant considérer ce rendez-vous manqué comme une injustice ? Pas vraiment. Esteban Ocon sera plutôt à sa place chez Renault en 2020, 2021 et même au-delà sous conditions. Le champion du monde 1997, Jacques Villeneuve, a assez justement résumé la problématique en estimant que le natif d'Evreux, 22 ans et sans podium, représentait un "risque" pour Mercedes et qu'il "doit encore prouver sa valeur" en Formule 1.
Un risque à plusieurs niveaux, en vérité, qui traduit quelques doutes de la part d'un paddock qui ne l'a finalement vu que face à Pascal Wehrlein et Sergio Pérez. Chez Manor en 2016, le Français a souffert de la comparaison avec l'Allemand puisqu'il s'est incliné 7 fois sur 8 en qualifications, et chez Force India, en 2017 et 2018, il a mené un combat en piste et dans les médias contre le Mexicain qui a forgé de lui l'image d'un pilote prometteur mais pas très lisse et même volontiers polémique.

Enfin un coéquipier-étalon

Lors de sa première saison au sein de l'écurie indienne, Esteban Ocon a été défait 13 fois sur 20 sur le tour chrono le samedi par "Checo", mais souvent de peu. Le Mexicain doté d'une bonne cote, l'espoir tricolore a ainsi été remarqué. Logiquement, il a fait son entrée à la 5e place du classement des directeurs d'équipes (ndlr : suivant un vote secret) traditionnellement organisé en fin de championnat par le réputé magazine britannique Autosport. Devant les champions du monde Fernando Alonso et Kimi Räikkönen.
Avec une telle estime de la part de ceux qui font le marché des transferts, on pouvait penser le Français en route pour Mercedes ou un autre top team. Mais sa saison 2018, entachée de nombreux accrochages avec Sergio Pérez, ne l'a paradoxalement que peu servi. Si Esteban Ocon a inversé la tendance sur le tour chrono (14 à 7 en sa faveur), il a une nouvelle fois marqué moins de points que son coéquipier honni (49 contre 62) et ce n'est malheureusement pas lui qui a signé le seul podium de l'équipe. Sergio Pérez considéré sur le déclin - une thèse que la saison 2019 atteste -, Esteban Ocon a glissé de quatre positions dans la hiérarchie 2018 des patrons d'équipes.
Le résultat du vote Autosport 2018 des directeurs d'équipes
1- Lewis Hamilton
2- Max Verstappen
3- Sebastian Vettel
4- Fernando Alonso
5- Daniel Ricciardo
6- Charles Leclerc
7- Kimi Räikkönen
8- Valtteri Bottas
9- Esteban Ocon
10- Nico Hülkenberg
Ironie de l'histoire, deux pilotes plus estimés lui ont brûlé la politesse en tout juste un an : Daniel Ricciardo pour le baquet de la Renault de 2019 et Valtteri Bottas pour celui de la Mercedes de 2020. Mais heureusement, suivant cette même logique il remplacera l'an prochain Nico Hülkenberg à Enstone.
Successivement plan B de l'Australien et du Finlandais, Esteban Ocon vient au moins de mettre derrière lui ces cruelles déceptions pour ne désormais penser qu'à l'avenir chez Renault. Et se situer enfin par rapport à une vraie pointure.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité