Hamilton détrône RBR

Lewis Hamilton n'avait pu défendre ses chances en Q3 lors des deux derniers meetings. McLaren avait été incapable de remplir suffisamment le réservoir de sa machine pour lui autoriser un second run à Singapour. Trop d'attentiste, fautif, il n'avait pu franchir à temps la ligne de chronométrage à Suzuka afin de garder sa pole position provisoire. Son coéquipier Jenson Button avait brillé à sa place, jusqu'à rater le coche pour 0.009 sec au Japon, la semaine dernière. Samedi, à Yeongam, les choses sont revenues dans l'ordre. Le champion du monde 2008 a pu disputer ses chances jusqu'au bout et battre à deux reprises le néo-double champion du monde, Sebastian Vettel (Red Bull). De 0.033 sec tout d'abord, puis de 0.222 sec après le 2e run. Net et sans bavure.

"Je suis content, très content, et très fier de ce que l'équipe a pu accomplir lors des dernières courses avec la victoire de Jenson au précédent GP et d'être devant, avec nous comme seuls rivaux de Red Bull. Je suis très content, mais c'est dimanche qui compte. Etre de retour en pole est une super sensation", a dit l'Anglais de 26 ans, en tête de grille pour la 19e fois de sa carrière, la première fois depuis le Grand Prix du Canada 2010. "Nous avons eu des difficultés lors des dernières courses (ndlr : lui et l'équipe rattachée à sa voiture) et je compte bien me racheter", a ajouté le n°5 mondial, qui a réussi en Corée du Sud l'exploit de refermer une parenthèse de 16 poles position de Red Bull depuis le dernier GP de 2010, par Sebastian Vettel et Mark Webber interposés.

"Pour être honnête, McLaren est très rapide, même dans des conditions compliquées comme vendredi", a reconnu Sebastian Vettel, pas tellement déçu de cette fin de série. "On a bien vu qu'ils étaient devant tout le monde, y compris nous. Ce matin aussi (en Libres 3), ils étaient extrêmement rapides. Mais nous avons une fois de plus attaqué très très fort. Nous nous sommes vraiment rapprochés, et ce fut plus serré à certains égards que nous ne le pensions dans cette qualif. Nous avons fait du très bon boulot : nous avons économisé tous nos pneus "tendre" (des "très tendre" également à disposition), ce qui sera crucial dimanche. Nous avons eu une idée assez rugueuse de ce point de vue ce matin avec pas mal d'essence à bord. Nous sommes en bonne position : il n'y a pas une grande distance entre la grille et le premier virage et le virage n°3 est un peu exposé. L'usure des pneus sera cruciale."

"Pour la première fois depuis le Brésil, nous ne sommes pas en pole (Hülkenberg à Sao Paulo)", a souligné Christian Horner, directeur d'équipe de RBR. "Sebastian [Vettel] a fait un tour sensationnel pour s'immiscer entre les McLaren et être en 1re ligne. Nous avons choisi une approche différente des autres quant à l'utilisation des pneus ce qui nous a permis d'économiser trois sets de 'très tendre' pour la course, ce qui va jouer un rôle. La stratégie va être fascinante" En effet, l'Allemand est allé jusqu'à prendre des "très tendre" en Q1. Peut-être pour les rôdes et éviter un phénomène de grainage toujours pénalisant à l'attaque d'un run.

Jenson Button (McLaren) et Mark Webber (Red Bull) ont donc été relégués en 2e ligne, ce dont ne s'est pas offusqué le champion du monde 2009. "Bravo à Lewis : il a été rapide tout le week-end et je n'étais tout simplement pas assez près de lui", a déclaré le Britannique. "Dans mon dernier tour, je pense avoir perdu du temps dans le dernier virage. J'étais au limiteur à la corde. Avec le vent de face dans le virage 2 et 3, il se pourrait qu'il y ait de l'action dans le premier tour."

"Dans mon dernier run, j'ai perdu un peu l'arrière au virage n°1. J'ai essayé de me refaire au n°3, mais j'avais 0.3 sec de retard", a reconnu l'Australien. "Dommage que Jenson m'ait surpassé car il m'a repoussé sur le côté gauche de la grille." Battu par son coéquipier Felipe Massa pour la 4e fois en six séances de qualification, Fernando Alonso (Ferrari) a justifié sa 6e place par la supériorité des inaccessibles McLaren et des Red Bull. "Ça nous laisse en lice pour les 5e et 6e places. Mais peut-être nous battrons-nous pour la victoire comme au Japon." Cependant, une inconnue subsiste pour le double champion du monde : "Quand la dégradation des pneus est très élevée, nous sommes généralement en forme, mais ici la situation n'est pas claire : la résistance des 'très tendre' sur long run n'est pas établie.Nous avons envisagé de les passer dès la Q1 mais nous avons décidé de ne pas prendre trop de risques. Aujourd'hui, nous perdions trop de temps dans le secteur 1, où nous manquons de Vmax. Je vais partir sur la partie sale, et c'est un énorme désavantage. J'espère ne pas perdre une place au profit de Rosberg. Le nouvel aileron avant ? Je n'aime pas parler de pièce particulière ; c'est le boulot des ingénieurs et je préfère donner mon avis à l'intérieur du team."