Grand Prix de São Paulo | Pourquoi Max Verstappen (Red Bull) est exceptionnel sous la pluie
Mis à jour 04/11/2024 à 20:10 GMT+1
Une masterclass. Dimanche à São Paulo, Max Verstappen a décroché l'une des plus belles victoires de sa carrière, profitant des conditions de piste difficiles pour s'imposer en s'élançant pourtant du 17e rang sur la grille. Le pilote Red Bull n'en est pas à son coup d'essai dans ces circonstances. Le Néerlandais n'a tout simplement pas de concurrence sous la pluie. Voici pourquoi.
Une masterclass : "Verstappen en première division, les autres en ligue 2"
Video credit: Eurosport
Selon Esteban Ocon, la théorie n'a pas pris une ride. Dimanche, après avoir été héroïque à São Paulo, le Français s'est remémoré un propos de l'illustre Ayrton Senna : "sous la pluie, toutes les voitures se valent plus ou moins". La phrase n'était pas tout à fait celle-ci* mais l'idée était la même : les conditions de piste délicates ont toujours valorisé les pilotes les plus talentueux.
Aucun autre pilote que Max Verstappen ne donne plus de corps à ce constat. Dimanche, au Brésil, et comme depuis plusieurs mois maintenant, le Néerlandais n'avait pas la meilleure monoplace du plateau entre les mains - ce n'est pas son coéquipier Sergio Pérez qui dira le contraire. Mais il s'est imposé brillamment, au bout d'une course sans doute décisive pour le titre, après s'être élancé du 17e emplacement sur la grille de départ.
Le scénario l'y a aidé, mais certainement pas autant que son talent et son aisance dans ces conditions. Le triple champion du monde a toujours été époustouflant dans ces circonstances, et personne n'a oublié son dépassement sur Nico Rosberg, sur ce même circuit et sous des trombes d'eau, il y a huit ans. Depuis, de nombreuses autres performances ont démontré que Verstappen compte parmi les meilleurs pilotes de l'histoire sous la pluie.
Mais il serait très réducteur d'associer ce statut à son simple talent. La part du don est finalement assez réduite dans la réussite du Néerlandais sur des pistes piégeuses, même si certaines de ses qualités sont plus difficiles à quantifier. "C'est comme s'il avait tout un tas de capteurs sur le corps pour mieux sentir les endroits où il y a plus d'adhérence en piste", expliquait il y a quelques mois Jolyon Palmer, caution technique de la F1.
Plus de pluie et plus d'entraînement
En réalité, Verstappen doit cette supériorité à plusieurs facteurs... et beaucoup de travail, dès son plus jeune âge. "C'est quelque chose que l'on apprend quand on est petit, a-t-il souligné dimanche après son succès au Brésil. On s'entraîne beaucoup." Très tôt, son père Jos l'a accompagné sur les pistes belges, dans le pays où il est né et a grandi. "Là d'où nous venons, il pleut certainement un peu plus qu'à d'autres endroits", souriait-il en conférence de presse aux côtés des deux Normands, Esteban Ocon et Pierre Gasly, qui l'ont accompagné sur le podium.
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Verstappen sul bagnato durante il GP Brasile - Mondiale 2024
Crédit: Getty Images
L'exigence de son père Jos, parfois excessive, lui a particulièrement été bénéfique pour maîtriser les pistes humides. "Quand il commençait à pleuvoir, la plupart des gens rangeaient leurs affaires et rentraient chez eux, confiait l'ancien pilote de F1 dans le documentaire Talking Bull. Nous, nous restions. Il n'y avait plus personne donc nous avions la piste pour nous. Et nous en avons souvent profité lorsque Max était jeune."
Ainsi, Jos Verstappen poussait son fils à mieux étudier la piste et à exploiter les zones encore gorgées d'eau. "Je me mettais debout au milieu de certains virages et il devait m'éviter, racontait-il. Parfois, je devais sauter car sinon, il me percutait. Mais il a beaucoup appris ainsi." Encore aujourd'hui, sa confiance en lui dans des conditions de piste précaires est sans commune mesure.
L'héritage de Jos... et du karting
En passant d'un monde à l'autre beaucoup plus rapidement que la plupart des pilotes, Max Verstappen a gardé, dans son bagage technique de champion de Formule 1, un grand nombre de codes appris au karting. Certains sont, aujourd'hui encore, à la racine de quelques travers. Mais d'autres le démarquent. En F1, parcourir le moins de chemin possible est essentiel. Au kart, il faut plutôt s'affairer à conserver la vitesse minimale... la plus élevée possible.
C'est la raison pour laquelle certaines trajectoires diffèrent. Et c'est aussi en adoptant un style de pilotage plus coulé, sous la pluie, que "Super Max" mate la concurrence. "Dans certaines conditions, il faut utiliser d'autres lignes, détaillait son père. Il faut apprendre à freiner en dehors des zones où il y a de l'adhérence, prendre le virage différemment...".
Jos, qui était lui aussi plutôt réputé pour être à l'aise sous la pluie, s'est toujours vanté d'avoir eu un rôle majeur dans la progression de son fils dans ce domaine. La répétition, voire l'acharnement, ont fait le reste. "Il n'y a pas vraiment de secret, a assuré le leader du Championnat du monde. Esteban et Pierre étaient aussi très bons sous la pluie au karting, donc... c'est comme ça. Vous vous entraînez, vous vous sentez de plus en plus à l'aise et ensuite, vous obtenez de nouvelles compétences qui vous permettent d'être meilleur." Lui a choisi d'être la référence absolue : dimanche, à Interlagos, Verstappen a gagné six positions en trois virages.
*Senna avait dit : "On ne peut pas dépasser 15 voitures par temps sec... mais on peut le faire quand il pleut."
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