GP du Qatar - Deuxième de la qualification malgré des signes de fébrilité, Lando Norris a fait ce qu'il fallait

Il pourrait se dire qu'il a fait le plus dur. Qu'en s'intercalant à la deuxième place sur la grille pour la course principale du Grand Prix du Qatar ce dimanche, juste entre ces deux rivaux Oscar Piastri (1er) et Max Verstappen (3e), il est déjà dans une position qui pourrait lui suffire. Parce qu'avec sa vingtaine de points d'avance, terminer toute les courses deuxième suffirait à Lando Norris pour être sacré à Abu Dhabi quoi qu'il arrive. Mais, au moment d'aller se coucher ce samedi soir, le leader du championnat du monde pourrait aussi se dire qu'il a laissé échapper un petit quelque chose. Et gamberger un peu.

Un titre en Formule 1 peut se jouer à une poignée de millimètres, voire quelques dixièmes de millimètres, et le même niveau de précision s'applique à ce qu'il se passe à l'intérieur de la tête des pilotes. Dans celle de Lando Norris, qui semblait avoir trouvé une certaine quiétude, cela avait l'air de bouillonner à nouveau ce samedi. Et cela avant même la qualification. Quand il s'est éternisé, en conférence de presse après la course sprint, pour répondre à des propos rapportés de Max Verstappen qui affirmait qu'il aurait déjà gagné le championnat avec une McLaren.

"Max s'y connaît généralement bien dans beaucoup de domaines, mais il y en a aussi beaucoup qu'il ne maîtrise pas, s'est-il alors défendu. C'est aussi la façon de faire de Red Bull, cette approche agressive et le fait de dire n'importe quoi souvent. Donc, tout dépend si tu veux écouter et en parler – comme vous aimez le faire [les médias, NDLR] – ou si tu fais comme nous, en équipe : rester concentrés et faire profil bas. Alors peut-être qu'il l'aurait fait, mais il ne l'a pas fait jusqu'à présent, et il continue d'essayer." Pour quelqu'un qui jure n'accorder aucune importance aux déclarations un peu provoc' du Néerlandais, c'est tout de même beaucoup de justifications.

Puis, quelques heures plus tard, il a donné un autre signe de fébrilité au moment le plus important de sa journée. Alors qu'il débutait sa dernière tentative pour réaliser la pole position, particulièrement importante à Losail sur un tracé qui permet peu de dépassements en course, il s'est manqué dès le deuxième virage et a dû avorter. "Je ne sais pas, j'ai eu un peu de survirage et j'allais sortir de la piste. C'est dommage" a-t-il déclaré après la qualification, beaucoup moins loquace cette fois. Il tenait pourtant la corde à ce moment de la séance, avec le meilleur temps provisoire. Mais Oscar Piastri, qui n'a lui pas tremblé, a réussi sa deuxième tentative et le meilleur chrono final juste sous ses yeux.

Et tout cela ressemble bien au Norris que l'on connaît un peu mieux. Celui qui était raillé en milieu de saison pour son supposé talon d'Achille psychologique. Celui, aussi, qui a tiré tout droit sous la pression du même Max Verstappen au premier virage du Grand Prix de Las Vegas la semaine passée. Une situation qu'il va devoir affronter à nouveau ce dimanche, puisqu'il devra composer avec un même Max Verstappen affamé juste derrière lui, qui n'a "plus rien à perdre" selon ses propres mots, et qui, pour couronner le tout, partira du côté le plus propre de la piste. "On ne sait jamais ce qui peut se passer, les premiers tours offrent toujours des opportunités à tout le monde" anticipait déjà Lando Norris en conférence de presse.

Autant de raisons, donc, de se dire qu'il y a peut-être effectivement une petite tempête sous un crâne à Doha ce dimanche matin. Il faut dire que le Britannique est dans une situation loin d'être évidente à aborder : il a, d'un côté, la possibilité de gérer son avance assez large pour se contenter de ne pas prendre trop de risques, et de l'autre, la tentation de se donner à fond pour tenter de tuer le championnat. Ce qui comporte son lot de danger et, forcément, la possibilité de perdre gros. Heureusement pour lui, il a assez d'avance pour se permettre un faux pas. Mais il pourrait, aussi être sacré dès ce dimanche soir. Et s'épargner une semaine de plus de débats sur ses états d'âmes.