Pourquoi le contesté Mohammed Ben Sulayem est le seul candidat à sa propre succession à la présidence de la FIA
Publié 11/12/2025 à 21:53 GMT+1
Ce n'est pas encore officiel. Mais c'est tout comme. Mohammed Ben Sulayem va être réélu à la présidence de la Fédération Internationale de l'Automobile ce vendredi à Tachkent. Pour une raison simple : le dirigeant émirati, souvent critiqué durant son premier mandat, est le seul et unique candidat à sa propre succession. Le processus électoral a empêché tout adversaire de se présenter.
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Circulez, il n'y a rien à voir. Ce vendredi, à Tachkent, se déroulera une élection présidentielle de la FIA dont on connait déjà le résultat : Mohammed Ben Sulayem, président sortant après un mandat durant lequel il a souvent dû faire face à de vives contestations, sera réélu. Et pour cause : l'Emirati est le seul candidat à sa propre succession.
Pourtant, des opposants existaient. Tim Mayer, ancien commissaire sportif de la FIA, Laura Villars, pilote automobile, et Virginie Philippot, journaliste, ont tous souhaité se présenter à cette élection. Mais aucun d'entre eux n'a pu réunir les conditions pour se porter candidat.e.
Il faut dire que celles-ci sont quelque peu restrictives. Pour pouvoir soumettre sa candidature, chacun doit établir une liste présidentielle composée de membres destinés à occuper les postes de président du Sénat, de vice-président chargé de la mobilité automobile et du tourisme, de vice-président chargé du sport et – c'est là que ça se complique - de sept autres vice-présidents de région : deux pour l'Europe, un pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, un pour l'Afrique, un pour l'Amérique du Nord, un pour l'Amérique du Sud et un pour l'Asie-Pacifique.
Problème : seuls des membres considérés comme "éligibles" par le Conseil Mondial du Sport Automobile peuvent occuper ces postes, et une seule et même personne ne peut figurer sur deux listes présidentielles différentes. C'est précisément grâce à cette particularité que Mohammed Ben Sulayem a bétonné sa réélection : une seule représentante de l'Amérique du Sud était "éligible". Et celle-ci, bien connue des fans de F1, puisqu'il s'agit de Fabiana Ecclestone, femme de Bernie Ecclestone, fait déjà partie de l'équipe du dirigeant émirati. Et lui a renouvelé son soutien.
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D'où les contestations autour de ce système électoral qui n'est, certes, pas nouveau – ce que la FIA n'a cessé de rappeler cette semaine – mais qui n'est pas pour autant très démocratique. "Pourquoi les candidats en question ne sont pas allés en Amérique latine, pour défendre leur programme ?, s'est défendu Ben Sulayem auprès de plusieurs médias, dont l'AFP, cette semaine. Il faut aller à la rencontre des gens, gagner leur confiance pour qu'ils soutiennent votre candidature."
"Le processus électoral de la FIA favorise grandement l'équipe en place et les autres candidats n'ont même pas la possibilité d'arriver sur la ligne de départ, c'est une course à un seul cheval, avait estimé, en octobre dernier, Tim Mayer. Il n'y aura donc qu'un seul candidat et ce n'est pas la démocratie, c'est une illusion de démocratie." Depuis, l'ancien commissaire sportif s'est rangé derrière Laura Villars.
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La Suissesse, elle, a décidé de poursuivre le combat. Dès la fin du mois d'octobre, la pilote de 28 ans a décidé d'attaquer l'instance en justice pour contester la légalité du règlement électoral. Elle n'a pas obtenu la suspension de l'élection de la présidence de la FIA mais le tribunal de Paris – ville où siège la FIA – a toutefois jugé sa plainte légitime et ordonné la tenue d'un procès pour examiner le processus électoral. Une première audience se tiendra le 16 février prochain.
Les conseils de Laura Villars estiment que l'élection prévue ce vendredi pourrait purement et simplement être invalidée et annulée, et laisser place à une nouvelle élection, dans le courant de l'année 2026.
J'ai été attaqué jour et nuit, mais est-ce que ça m'importe ?
En attendant, Mohammed Ben Sulayem va entamer un second mandat sans la moindre inquiétude, après un premier lui ayant valu de nombreuses critiques. "MBS" s'était notamment mis les pilotes de Formule 1 à dos en leur imposant de grosses amendes s'ils prononçaient des grossièretés lors d'évènements retransmis à la télévision.
"Il n'y aura jamais d'amour entre la FIA et les pilotes. En revanche, il y a de l'équité. [...] Veut-on vraiment que notre sport soit sale ?, a-t-il interrogé cette semaine auprès de l'AFP. Les pilotes sont talentueux et intelligents, s'ils peuvent contrôler une voiture à 300 km/h, ils peuvent contrôler leurs mots."
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Des manœuvres opérées ces derniers mois, visant à modifier en profondeur les statuts de la FIA afin de renforcer le pouvoir de son président, ont également soulevé des craintes autour de la transparence et de l'éthique de l'instance.
"Faire le ménage [au sein de l'instance, NDLR] n'a pas été facile, trouver les bonnes personnes et en recruter de nouvelles a été un défi, a-t-il confié. Aujourd'hui, je peux dire que ces années d'investissement en valaient la peine. Et si on me demande ce que j'aurais fait différemment, je répondrais 'rien'. J'ai été attaqué jour et nuit, mais est-ce que ça m'importe ? J'ignore tout et me concentre sur ce que j'ai promis de faire". Il n'a en tout cas pas à se soucier de sa réélection. Pour l'instant.
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