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Formule 1 - Pour Nicholas Latifi (Williams), fin de l'hiver, fin du calvaire

Julien Pereira

Mis à jour 02/03/2022 à 13:24 GMT+1

SAISON 2022 - Pour lui, l'hiver a semblé plus long que les autres. Déclencheur bien malgré lui du scénario fou ayant conduit au sacre de Max Verstappen au Grand Prix d'Abu Dhabi, en décembre dernier, Nicholas Latifi a vécu des journées difficiles. Pris dans la lessiveuse et l'enfer des réseaux sociaux, le Canadien va (enfin) pouvoir tourner la page.

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À coup sûr, Nicholas Latifi est un peu plus impatient que les autres. "L'intersaison est toujours trop longue pour moi", confiait-il, souriant, lors d'une visioconférence il y a quelques jours. En réalité, l'hiver du pilote Williams fut particulièrement pénible, sans que cela n'ait à voir avec le besoin de vitesse d'hommes immobilisés durant plus de deux mois. Parce que le 12 décembre dernier, sa vie a changé. Son quotidien aussi.
Ce jour-là, le Canadien livrait l'une de ses batailles à lui : au 53e tour du Grand Prix d'Abu Dhabi, il défiait, roues contre roues, la Haas de Mick Schumacher. La lutte, acharnée et pour l'honneur, l'avait contraint à sortir de la piste et à accumuler une pellicule de dépôt sur ses gommes. Au point de rendre le comportement de sa monoplace un peu plus imprévisible. Et d'en perdre le contrôle au virage N.14, à cinq tours d'une course que Lewis Hamilton était proche de remporter.
Latifi ne le savait pas encore mais il venait de déclencher un scénario que personne n'aurait alors pu imaginer. "Je ne sais pas comment tout se déroulait avant cela, mais il est évident que ça a eu un impact sur la course au titre, avait-il réagi après coup, à chaud. Ce n'était évidemment pas mon intention." L'accident, que l'on pourrait qualifier de banal, a débouché sur le final le plus fou de l'histoire de la F1. Au bout d'une saison d'extrême rivalité entre deux pilotes au sommet de leur art, au dénouement d'une guerre de plusieurs mois entre deux écuries radicalement opposées, le Montréalais est devenu la goupille de la toute dernière grenade. Bien malgré lui.

Latifi, héros ou paria

Dans l'effervescence d'un événement qui s'est avéré favorable à son équipe et à son pilote Max Verstappen, Christian Horner avait offert sa bénédiction au pilote Williams, qui ne le lui avait pourtant rien demandé. "Merci à Nicholas pour la voiture de sécurité, avait-il lâché au micro de Sky Sports. Il va avoir droit à un approvisionnement à vie de Red Bull, c'est sûr." Bien sûr, à cet instant, le dirigeant de l'écurie ne pouvait mesurer les répercussions que ce rôle engendrerait, à court-terme, sur la vie du Canadien.
Car derrière le petit écran, 108,7 millions de personnes à travers le monde ont assisté à ce final. Parmi eux, beaucoup avaient choisi leur camp et décidé de le défendre, avec toujours plus de véhémence, à chaque fois que les batailles en piste ou la guerre des mots entre Wolff et Horner s'intensifiaient. Pour les uns, Latifi est devenu un héros. Pour les autres, un paria. Un coupable idéal, même si le temps a fini par conférer ce rôle à un autre homme - Michael Masi, qui ne s'en est jamais remis.
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Face à des "fans" peu familiers avec la demi-mesure, Latifi s'est retrouvé confronté aux discours les plus extrêmes, certains estimant qu'il n'avait pas à lutter de la sorte pour une place en fond de peloton. "Que je me batte pour des victoires, des podiums, des points ou la dernière place, je donnerai toujours le maximum jusqu'à l'arrivée. À cet égard, je suis le même que tous les autres pilotes", avait-il rappelé, quelques jours après le Grand Prix, dans un message publié sur les réseaux sociaux.
Entre-temps, le pilote de 26 ans s'était mis en retrait pour se préserver, du mieux possible, du déferlement de haine. "Dès que le drapeau à damier a été agité, j'ai su ce qui se passerait sur les réseaux sociaux, a-t-il confié. J'ai pensé qu'il était préférable de supprimer Twitter et Instagram de mon téléphone et cela dit tout de ce que nous devons savoir sur la cruauté du monde en ligne. J'ai été choqué par le ton extrême des paroles, des insultes et même des menaces de mort."

Hamilton et Russell ont soutenu Latifi

Inquiet, le pilote Williams a fini par engager des gardes du corps chargés de le protéger sur des événements très fréquentés, comme lors d'une visite à Londres où il s'est rendu avec sa compagne Sandra Dziwiszek lors des fêtes de fin d'année. "Vous ne pouvez pas savoir si les gens sont vraiment sérieux, a-t-il justifié. Il ne suffit que d'un fan bourré à l'aéroport, ou de tomber sur quelqu'un de mal luné qui a des idées très arrêtées. Il ne suffit que d'une personne sur un million."
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Latifi devra vivre avec cet accident et ses conséquences tout au long de sa carrière, et même de sa vie, mais la nouvelle saison devrait l'aider à déplacer le curseur. En attendant, le Canadien a reçu le soutien de Lewis Hamilton, qui lui avait déjà envoyé un message juste après le Grand Prix. "La F1 génère beaucoup de passion mais il faut canaliser cela de manière positive, pas négative, a souligné le Britannique. Les sociétés gérant les réseaux sociaux n'ont pas apporté d'améliorations suffisantes pour lutter contre le harcèlement. Nous devons faire pression pour que cela change."
George Russell, habituellement moins engagé publiquement, est lui aussi monté au créneau. "Cela arrive de faire des erreurs, a rappelé celui qui est passé d'un bout à l'autre du peloton. Je sais pertinemment à quel point cette Williams était particulièrement difficile à piloter. Il ne méritait pas de recevoir un tel lynchage."
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