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Formule 1 - Comment Lewis Hamilton (Mercedes) a vécu son duel avec Max Verstappen (Red Bull) dans les derniers tours

Julien Pereira

Mis à jour 14/12/2021 à 09:29 GMT+1

GRAND PRIX D'ABU DHABI - C'est entre clairvoyance, fatalisme et agacement que Lewis Hamilton (Mercedes) a vécu les derniers tours de la course durant lesquels son huitième titre de champion du monde lui a échappé. Dès qu'il a vu la Williams de Nicholas Latifi dans le rail, le Britannique a compris que le vent était en train de tourner. Même s'il a continué d'y croire, ensuite.

"Le directeur de course Michael Masi a envoyé Hamilton à l'abattoir"

Il paraît que l'on reconnaît les grands champions à leur faculté à analyser, plus vite que les autres, ce qui se passe autour d'eux. Inutile de savoir cela pour avoir la certitude que Lewis Hamilton en est un. Dimanche, à Abu Dhabi, au bout d'une saison éreintante et d'une course qu'il a dominée, le Britannique a compris avant tout le monde qu'il allait devoir céder sa couronne après l'accident de Nicholas Latifi ayant entraîné la sortie de la voiture de sécurité.
"Merde, Bono…" a-t-il immédiatement lâché à son ingénieur Peter Bonnington après avoir soigneusement évité les débris éparpillés au virage N.14, et constaté que la Williams du Canadien était immobilisée dans le rail. "Je ne peux pas m'arrêter ?", a ensuite interrogé le septuple champion du monde, juste avant de passer devant la voie des stands. Ce à quoi "Bono", après un léger temps de réflexion du clan Mercedes, a répondu par la négative. "C'est incroyable", a alors glissé Hamilton, sentant que le vent avait tourné.
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11-0 face à Hamilton, 652 tours en tête, 3 abandons : le sacre de Verstappen en 8 stats

Puis, semblant se ressaisir, il interroge : "Donc, quelle est la situation derrière moi ?
- La situation est celle-ci : Verstappen est rentré, il a eu un 'pitstop' gratuit. Nous, nous aurions perdu la position en piste par rapport à lui. Il restera 4 tours quand tu passeras la ligne. Le peloton doit encore se regrouper et ensuite, ils doivent laisser passer les voitures ayant pris un tour. Donc, ça ne devrait pas reprendre, tente de rassurer Bonnington.
- Est-il [Verstappen, NDLR] juste derrière moi ?, demande le pilote Mercedes, inquiet.
- Il le sera une fois qu'ils auront remis de l'ordre, mais ça va prendre du temps, insiste son ingénieur.
- Avec des pneus neufs ?, rétorque Hamilton.
- Oui Lewis, mais nous aurions perdu la position si nous nous étions arrêtés", a rappelé "Bono".

Hamilton moins optimiste que "Bono"

A ce moment-là, le champion du monde en titre comprend qu'il s'apprête à devenir une proie à portée de fusil de son rival, et que ses chances de conserver la tête jusqu'au drapeau à damier, avec des pneus très usagés, seront réduites à presque rien si l'épreuve venait à être relancée. Ce dont il ne doute pas, puisqu'un accord tacite, noué verbalement et conjointement par les écuries et la FIA, stipule que tout doit être mis en œuvre pour éviter que les courses se terminent derrière la voiture de sécurité. Histoire de faire oublier, notamment, le désastre du Grand Prix de Belgique.
Hamilton n'a pas franchement cru aux arguments de son ingénieur. Mais il n'a pas d'autre levier à actionner. Il tente alors de mettre la pression pour boucler les derniers tours au plus vite… derrière la voiture de sécurité. "Elle roule beaucoup trop lentement", constate-t-il une première fois. Avant d'en remettre une couche : "Il faut qu'elle hausse le rythme." S'il veut avoir une toute petite chance de défendre devant Verstappen, le Britannique doit également faire en sorte de garder de la température dans ses pneumatiques.
Il décide donc d'insister : "Dites à la voiture de sécurité d'accélérer. Elle n'est pas à fond dans les lignes droites." Même argument, quelques virages plus tard : "Elle n'ouvre pas les gaz à fond dans les lignes droites." Mais le champ d'action de Peter Bonnington n'est pas aussi grand. "Ok, compris Lewis", lui répond-il.
Il y a encore beaucoup de débris au virage N.14
La tension monte, l'incertitude plane. Après avoir appris que le peloton était sur le point de se regrouper, Hamilton demande une dernière vue d'ensemble : "Combien y a-t-il de voitures entre lui et moi ?
- Il y en a cinq. Mais le peloton n'est pas encore groupé, précise son ingénieur.
- Et combien de tours restants ?, interroge le pilote.
- Il y en aura trois quand tu passeras la ligne."
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Lewis Hamilton derrière la voiture de sécurité lors du Grand Prix d'Abu Dhabi

Crédit: Imago

Bonnington va ensuite faire la même erreur que tous ceux qui ont vu apparaître le message de la FIA annonçant que les retardataires n'étaient pas autorisés à dépasser la file. Il annonce le contraire à son pilote. Puis se ravise : "Oh non, pardon. Ils ne vont pas autoriser les retardataires à dépasser. Nous pensons donc qu'ils vont reprendre la course comme ça", précise-t-il. Autrement dit, Mercedes mise sur le fait que Verstappen perde du temps à doubler les voitures intercalées entre Hamilton et lui pour sécuriser le titre.
L'espoir renaît. Hamilton espère encore que la voiture de sécurité le précède jusqu'au drapeau à damier. "Il y a encore beaucoup de débris au virage N.14", prévient-il. Avant le dernier passage de la ligne, "Bono" fait un dernier point : "Il y a donc cinq voitures intercalées, rappelle-t-il. Norris est derrière toi, avec des pneus mediums de sept tours…" puis il coupe : "Ils vont finalement laisser passer les retardataires…". Le pilote britannique marmonne. "La voiture de sécurité va rentrer, lui annonce son ingénieur. Prépare tes pneus. Tu auras le bouton "overtake" sur chacune des lignes droites." Hamilton, lui, ne dit plus un mot. Prêt pour le dernier tour du siècle. Et la plus cruelle des défaites.
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