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Kounkoud - Nahi, l'Europe à dompter avec Kielce : "On est excité de retrouver Paris, ça va se taper, c'est cool"

Fabien Esvan

Mis à jour 16/06/2023 à 16:01 GMT+2

Cette demi-finale de Ligue des champions de handball aura une saveur particulière pour Dylan Nahi et Benoît Kounkoud. Formés au Paris Saint-Germain, les deux internationaux français de Kielce retrouvent leur club formateur samedi (coup d'envoi à 18h sur Eurosport). Joueurs importants du champion de Pologne, ils se sont confiés à Eurosport dans un long entretien avant le Final Four de Cologne.

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Ce titre de champion de Pologne, le 20e du club, a été un premier soulagement pour l'ensemble du groupe après cette saison à rebondissements…
Benoît Kounkoud : La saison n’a pas été simple, à titre collectif et même individuel. Ça a été beaucoup de changements, d’adaptation à une nouvelle langue, une nouvelle culture. J’ai été blessé une partie de la saison aussi. On a vraiment la chance d’avoir un coach incroyable et un groupe soudé, comme une famille. On a été récompensé avec ce titre de champion de Pologne et la qualification pour le Final Four.
Dylan Nahi : En Pologne, ce titre de champion est très important. On est vraiment deux équipes à jouer le titre. Tout se joue sur deux matches. Il y a eu quelques problèmes d’argent et des rebondissements avec les sponsors. C’était important de gagner ce titre et surtout de se qualifier pour la Ligue des champions. C’est dans l’ADN du club.
La saison a été marquée par les menaces de faillites autour du club. Avant que tout ne rentre dans l'ordre. Comment avez-vous vécu cette période de troubles justement ?
B. K. : Je n’étais pas préparé à ça. J’avais fait toute ma carrière à Paris et je n’avais pas connu ce genre de soucis. Heureusement qu’on était plusieurs Français, on a su se soutenir les uns les autres, passer du temps ensemble pour relativiser. Le coach a cette force de nous garder focus tous ensemble, donc chapeau à lui. On a su encaisser les coups et rester concentré sur les objectifs sportifs. On est encore là où on devait être.
D. N. : On l’a assez bien vécu dans le sens où on était entre nous. On a fait en sorte de contrôler ce qu’on pouvait. On pouvait contrôler l’entraînement, le terrain. Le reste, ce n’est pas notre boulot. On est focus sur ce qui arrive.
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Le départ contraint de Nedim Remili n'a pas été trop dur à encaisser pour le groupe ?
B. K. : Perdre un joueur comme Nedim, ce n’est pas simple pour une équipe. On avait le projet d’aller chercher de belles choses avec le groupe des Français. Malheureusement, il a dû partir, ça fait partie du jeu et des aléas d’une carrière.
D. N. : C’était difficile. C’est un joueur de classe mondiale. En enlevant Nedim, on perdait un joueur qui devait être important pour le futur ici. Là encore, c'est quelque chose qu'on ne pouvait pas contrôler.
Talant Dujshebaev ? C’est comme un père ici. Il s’occupe de nous, il sait nous mobiliser, nous remotiver et bien nous engueuler.
Qu'est-ce qui vous avait convaincu de rallier Kielce (ndlr, en 2021 pour Dylan Nahi, en 2022 pour Benoît Kounkoud) ?
D. N. : Il faut savoir que j’ai signé très tôt là-bas. Je n’avais pas forcément de perspectives d’avenir à ce moment-là du côté du Paris-Saint-Germain, ce que je comprends totalement. Je n’avais pas encore vraiment prouvé. J’avais envie de me rassurer en signant avec Kielce. Il y a aussi un coach d’exception comme Talant. Je ne regrette pas du tout.
B. K. : On était en négociation avec Paris, et on n'a pas forcément trouvé d’accord. J’avais l’offre de Kielce. Les discussions ont été bonnes avec le coach et le président donc je me suis dit ‘Pourquoi pas sortir de ma zone de confort ?’ On parle de Talant Dujshebaev quand même... J’ai joué avec Luc Abalo, l’un des plus grands joueurs du monde et qui a été sous ses ordres. J’ai eu la chance d’avoir des coaches incroyables donc continuer dans mon évolution avec lui, ça ne pouvait que m’apporter. Avoir Dylan (Nahi) et Nicolas (Tournat), ça a aussi pesé dans la balance. C’était un choix décisif de ma carrière.
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Talant Dujshebaev (Kielce), entouré de ses joueurs lors d'un match de Ligue des Champions de handball

Crédit: Imago

Parlez-nous de Talant Dujshebaev justement. ll est l'un, si ce n'est le meilleur entraîneur du monde en ce moment…
B. K. : Que dire… Quand on parle de Kielce, on parle de Talant. Au-delà d’être un très grand entraîneur, un très bon tacticien, je trouve qu’humainement, il sait ‘dealer' avec son équipe. C’est comme si on était une famille et lui c’était le père. Il a une manière très dure de coacher et de dialoguer, mais il sait comment aller chercher le meilleur de nous-mêmes. Il nous donne envie de nous battre pour lui et pour les gars qu’on a autour.
D. N. : C’est un peu un tout. C’est quelqu’un qui sait parler à son groupe. Personnellement, c’est comme un père ici. Il s’occupe de nous, il sait nous mobiliser, nous remotiver et bien nous engueuler. Il nous maintient toujours dans le droit chemin.
Pour la finale du championnat de Pologne, on a dû débloquer une salle pour nos familles car c’était trop hostile en tribune. C’est comme si c’était un Paris-Marseille en foot.
Kielce, c'est aussi la rivalité avec Plock et les ambiances de gala…
D. N. : Kielce, c’est incomparable. Pour moi, c'est la meilleure ambiance d’Europe. C’est comme une famille que ce soit dans la salle ou dans l’équipe. Les fans répondent présent à tous les matchs, partout en Europe. Niveau ambiance, ils savent faire.
B. K. : La rivalité avec Plock, je n’ai jamais vu ça… C’est la guerre, il peut y avoir des affrontements en tribune. Pour la finale du championnat, on a dû débloquer une salle pour nos familles car c’était trop hostile en tribune. C’est comme si c’était un Paris-Marseille en foot. Lors d’un match contre Plock, on s’est regardé avec Nicolas Tournat et on s’est dit que c’était la meilleure ambiance du monde. C’est pour ce genre de match qu’on joue. Ça donne envie de tout donner et d’éteindre la salle comme on a pu le faire avec Veszprem.
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Benoît, vous avez été longtemps blessé cette saison. On imagine forcément de la frustration…
B. K. : Je suis arrivé avec plein de bonnes intentions, l’envie de montrer à mes coéquipiers et aux fans qu’il y avait un nouveau soldat dans l’équipe. Quand j’étais blessé, j’avais l’impression de ne pas pouvoir aider. Voir ça de l’extérieur, ça fait ch… J’ai pris des coups derrière la tête, je me fais mal quand je reviens, mais ça m’a fait prendre conscience qu’il fallait que je prenne vraiment le temps. Le coach ne m’a pas mis la pression pour revenir. Il voulait juste retrouver un joueur à 100%. Je me suis rebâti un corps et une hygiène de vie pour mettre toutes les chances de mon côté et laisser les blessures derrière moi.
(A propos du Final Four) : Les gens ne réalisent peut-être pas l’impact de ce week-end pour nous. On se prépare toute l’année pour ça au final.
La C1, c'est LA grande ambition de Kielce. Quelle place occupe-t-elle dans vos esprits tout au long de l'année ?
D. N. : C’est l’objectif de tous les grands d’Europe. On doit l'avoir chaque année. Les plus anciens comme le coach adjoint Lijewski l’ont déjà gagnée. Personnellement, je ne sais pas ce que ça fait, je cours après depuis quelques années. Il ne faut pas oublier que c’est une compétition qui est dure à gagner.
B. K. : Quand je suis arrivé, le premier discours du coach, c’est qu’il voulait tout gagner. On a l'équipe, les joueurs, le potentiel. L’équipe sortait d’une finale perdue aux penaltys…Ça marque les esprits. La Ligue des champions est dans la tête de tout le monde, le rendez-vous est coché.
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Dylan Nahi et Benoît Kounkoud, deux "ex" du PSG déterminés à éteindre le rêve parisien avec Kielce.

Crédit: Quentin Guichard

Pouvez-vous nous parler de la sensation de disputer le Final Four ?
B. K. : C’est vraiment un sentiment très particulier. Les gens ne réalisent peut-être pas l’impact de ce week-end pour nous. On se prépare toute l’année pour ça au final. C’est déjà une fierté de faire partie des quatre meilleures équipes européennes. Mais, croyez-moi, perdre une demi-finale et se lever le lendemain pour aller jouer le match pour la 3e place, ce n’est vraiment pas facile… Je suis content, j’ai envie, mais je veux être champion.
D. N. : Le Final Four concrétise tout ce que tu as fait pendant l’année. C’est un week-end où il faut être au top et à chaque match. C’est un moment spécial, dans une super salle. Tout le monde a envie d'être là. On doit kiffer ce moment et surtout avoir envie de gagner.
Depuis deux ans, Kielce bute sur le FC Barcelone sur la dernière marche. Qu'est-ce qui vous manque pour les faire tomber ?
D. N. : C’est le sport (rires). Ça se joue toujours à des détails comme l’année dernière. De la première minute jusqu’au prolongation, ça a été une guerre l’année dernière. Tout le monde sait que Barcelone est la "meilleure équipe" à ce niveau-là. Il faut que l’on joue avec nos armes sans penser qu’on est outsider. On est là pour gagner.
B. K. : L’année dernière, ça ne se joue à rien. L’équipe avait gagné deux fois contre Barcelone en poules. Forcément, ils dominent. Leur dernier titre avant celui de 2021, c’était en 2015 et ça montre toute la difficulté de remporter ce trophée. Le Final Four est un week-end spécial, ça va se jouer à des détails.
Est-ce qu’il y a du chambrage avec les joueurs de l’équipe de France ou vos anciens coéquipiers qui sont à Paris et à Barcelone ?
D. N. : Ça fait partie du jeu. On est bons potes dans la vie de tous les jours donc c’est normal d’avoir du trashtalk. On défend nos couleurs.
B. K. : Ça va se régler sur le terrain. On s’est dit qu’on se voyait là-bas.
Personne ne doit sous-estimer le PSG. Ils ne sont pas là pour rien.
Le tirage a bien fait les choses (ou pas) : vous retrouvez Paris en demi-finale. Que vous inspire cette confrontation ?
B. K. : Je suis très excité à l'idée de jouer Paris. Ils font une belle saison. Vu que le championnat de France était très disputé cette année, les gens se sont peut-être dit que Paris était d’un niveau inférieur. Je pense le contraire. Ils sont là où ils doivent être. Ça va se taper, c’est cool.
D. N. : C’est cool de jouer contre ses anciens coéquipiers, son club formateur. Maintenant, ça reste un Final Four. Peu importe, l’équipe qu’on va rencontrer, toutes ont mérité leur place. On ne peut esquiver les personnes.
Le PSG une équipe qui a beaucoup bougé l'été dernier et même durant la saison. On sent une montée en puissance, vous avez le même sentiment ?
D. N. : Quoi qu’il arrive, ça reste un grand d’Europe avec un très, très gros effectif. Il y a des super joueurs à chaque poste. Personne ne doit les sous-estimer. Ils ne sont pas là pour rien. Ça va être une grosse confrontation tactiquement comme physiquement. Il faudra être prêt le jour J.
B. K. : On regarde ce qu’il se passe. Tu peux faire le meilleur début de saison possible, si tu n’es pas bon en mai-juin… C’est ce qu’il se passe avec eux. Ils montent en puissance. Notre but, c’est d’être champions d’Europe, il faudra passer l’obstacle en demi-finale.
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