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Jeux Paralympiques 2021 - Laurent Chardard, le "Baby Shark" qui a survécu à une attaque de requin

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 24/08/2021 à 14:16 GMT+2

JEUX PARALYMPIQUES TOKYO 2021 - Attaqué par un requin alors qu’il faisait du surf à la Réunion en 2016, Laurent Chardard n’aurait jamais dû s’en sortir. Mais sa résilience a eu raison du roi des océans et le Français, loin de se laisser abattre par les conséquences physiques de cette rencontre, a surmonté les épreuves pour se plonger dans l’univers de la natation handisport. Avec succès.

Le Français Laurent Chardard, médaillé de bronze aux Mondiaux de natation handisport de Londres en 2019

Crédit: Getty Images

Il y a des rencontres qui changent une vie. Cela avait été le cas pour Tatyana McFadden, également présente à Tokyo. Mais, contrairement à celle de l’Américaine avec sa (future) mère adoptive, celle-ci a bien failli coûter la vie à Laurent Chardard. Ingénieur originaire de la Réunion, le Français est un passionné de surf et, lorsqu’il rentre pour les vacances en août 2016, il ne peut s’empêcher d’aller prendre une vague à Boucan Canot.
D’autant que le coin est censé être sécurisé. "Il y avait des dispositifs anti-requin qui avaient été installés, expliquait-il en juillet dernier pour l’émission "Incassable" de FranceTélévisions. Mais, ce jour-là, les vagues étaient un petit peu trop grosses pour le filet anti-requin et, la théorie, c’est que le requin est passé par-dessus le filet". Et, à la sortie d’une vague, c’est la rencontre la plus terrifiante et la plus dangereuse de sa vie qui l’attend.
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Pour qu’il me lâche, j’ai dû le taper avec la main gauche et j’ai pu remonter sur ma planche
"En remontant là où étaient les autres surfeurs, c’est là que le requin a pris mon bras droit et m’a entraîné au fond de l’eau, raconte t-il. Pour qu’il me lâche, j’ai dû le taper avec la main gauche et j’ai pu remonter sur ma planche, alerter les autres et constater les dégâts : je n’avais plus de bras droit". Mais le requin n’en avait pas encore fini avec lui. "Il y a eu une deuxième attaque, pour la jambe cette fois, poursuit-il. Il m’a de nouveau entraîné vers le fond et j’ai de nouveau dû lui taper dessus pour qu’il me lâche, cette fois avec la jambe gauche, pour remonter sur ma planche. Cette fois, les secours étaient là, le SAMU, les pompiers, l’hélicoptère et ils m’ont transporté à l’hôpital".
Amputé du bras et de la jambe droite, Laurent Chardard aurait pu ne jamais s’en remettre. Nombreux sont ceux qui ne surpasseraient pas un tel traumatisme. Lui si. "Mais la résilience, c’est un truc qui me définit clairement, assurait-il dans une interview pour Views. L’important est d’accepter les choses, les situations difficiles. Il faut tenter de s’en servir pour continuer d’avancer". Et c’est ce qu’il a fait.

Surnommé "Baby Shark" par ses partenaires d'entraînement

En difficulté pour retrouver ses sensations en surf, il se trouve vers la natation et c’est le coup de foudre. "Sur une activité natation qui est particulièrement adaptée pour la rééducation, il s’est pris au jeu, tout doucement, de rentrer dans un cadre fédéral que l’on a adapté pour qu’il ne soit pas écœuré, expliquait Pierrick Giraudeau, attaché Performance et Haute Performance à la Fédération Française de Handisport. On sait que la natation est une discipline qui est très contraignante en termes d'entraînement. On a fait en sorte qu’il soit intéressé et on lui a proposé un programme progressif, adapté, l’autorisant toujours à surfer. Et ça a marché".
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Performant tout de suite, Laurent Chardard débute la compétition en 2017-2018 et s’offre immédiatement une médaille aux championnats de France. "C’est comme ça que j’ai été qualifié pour les championnats du monde, raconte-il pour FranceTV. Et lors de ces Mondiaux en 2019, je décroche ce titre de vice-champion du monde qui m’a ouvert les portes de Tokyo". Mais, malgré le travail et les difficultés, celui que ses partenaires d'entraînement surnomment affectueusement "Baby Shark" ne s’empêche pas de continuer sa vraie passion.
"Il s'entraîne maintenant sur un format d’un sportif de haut niveau en natation classique, mais conserve quelques petits aménagements dans sa semaine, explique Pierrick Giraudeau. Par exemple, à la place de faire sa séance, d’aller à la piscine faire 4-5-6 kilomètres, son entraîneur va lui proposer d’aller, si les conditions s’y prêtent et vu qu’il habite sur Bordeaux, pas loin de Lacanau, d’aller surfer". De quoi aborder ces Jeux Paralympiques avec un maximum de moral.
"On verra s’il y a moyen de gratter quelque chose, disait-il dans "Incassable". Mais je vais à Tokyo pour prendre de l’expérience dans l’optique de Paris 2024. En fait, ce dont j’ai envie, c’est de briller devant tous mes amis, devant toute ma famille parce que ça va être une fête incroyable". Sa rencontre avec ce requin a beau avoir changé sa vie, elle n’a pas étouffé sa joie de vivre et son envie de retourner dans l’eau. Et c’est peut-être bien le plus important.
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