MotoGP | Fabio Quartararo : "J'avais même honte de partir à cette place-là"

Silverstone, début août. Comme le MotoGP en a pris l'habitude cette saison, c'est sur deux courses que s'affrontent les 22 pilotes. Vingt-deux comme la place de Fabio Quartararo au guidon de sa Yamaha sur la grille de la course sprint le samedi puis sur celle du Grand Prix le dimanche. Un petit point, voilà ce qu'arrive à sauver le pilote français. En Grande-Bretagne, "El Diablo" a touché le fond, pour de bon. Symbole d'une première partie de saison cauchemardesque.

Alors que le grand barnum de la moto s'est posé en Autriche ce weekend, Quartararo s'est épanché auprès de L'Équipe. Difficultés sur la piste, surpilotage, Yamaha et conséquences sur sa santé mentale, autant de sujets que le Français a abordés. Pour ce qui est de ce dernier, il n'a d'ailleurs pas caché que l'épisode Silverstone avait été compliqué à avaler. Habitué à se battre aux avant-postes quasiment tous les ans depuis son arrivée en MotoGP en 2019, Quartararo a sérieusement reculé dans la hiérarchie. "J'avais même honte de partir à cette place-là (22e)", avoue-t-il.

A vrai dire, cette dernière place sur la grille n'est pas représentative du niveau de sa Yamaha qu'il fait pointer au 11e rang du Mondial, elle trahit en revanche un problème de fond, difficile à gérer, même pour lui. "Le début de saison m'a bouffé le cerveau, confie-t-il. Je me demandais tout le temps : mais pourquoi je n'y arrive pas ? Pourquoi je ne peux pas être premier ? Je me suis vraiment questionné, je m'entraînais dix fois plus."

Et sur la piste aussi, Quartararo cherchait parfois à en faire plus que les autres, plus que ce que sa moto, largement moins performante que les Ducati, KTM ou Aprilia lui permettaient : "c'est le problème de savoir si tu dois accepter ou pas de faire septième en course. Moi, j'ai voulu essayer des choses, être plus agressif, alors j'ai connu des chutes. C'est le choc de passer subitement de la lutte pour être champion du monde à des positions de ce genre."

Avec un podium acquis à Austin (3e), Quartararo entrevoit parfois le bout du tunnel puis connaît des retours en arrière. Beaucoup de retours en arrière. A-t-il commis des erreurs ?

"Sur cette année, énormément, répond-il. La frustration que j'ai eue sur les premières courses était tellement énorme qu'en termes de pilotage, j'ai fait des erreurs, je suis tombé. Tout simplement parce que je veux donner plus que ce qu'il y a, je vais au-delà de mes limites. [...]Dans ma tête, j'étais furieux. Mais il y a des moments où il faut accepter les choses, se dire que c'était le maximum qu'on pouvait faire. Pour moi, c'est ce qu'il y a de plus dur à encaisser. Mentalement, c'est compliqué."

En Autriche ce weekend puis à Barcelone ou à Misano, Yamaha ne fera pas de miracle. La cuvée 2023 est trop loin derrière les autres pour espérer un rebond cette saison. En revanche, 2024 pointe déjà le bout de son nez puisque Fabio Quartararo découvrira sa machine pour 2024 le 11 septembre prochain. A cette occasion, il aura une partie de la réponse à la question qu'il se pose : Yamaha peut-elle combler son immense retard sur les autres ? En cas de déception, il y aura encore quelques mois pour corriger le tir avant 2024 mais il devra surtout se préparer à une nouvelle saison cauchemar ou tenter d'aller voir ailleurs.