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MotoGP - Valentino Rossi (Yamaha SRT) dispute son dernier Grand Prix à Valence, un monde s'écroule

Julien Pereira

Mis à jour 14/11/2021 à 12:20 GMT+1

GRAND PRIX DE VALENCE - C'est la der'. Ce dimanche, à Valence, Valentino Rossi va disputer le 432e et dernier Grand Prix d'une carrière au cours de laquelle il aura considérablement influencé son sport et ceux qui le pratiquent aujourd'hui. A tel point qu'il est difficile d'imaginer ce que le MotoGP serait devenu sans lui. Et ce qu'il deviendra, à partir de lundi.

Valentino Rossi face à ses fans lors du Grand Prix d'Emilie-Romagne, le 24 octobre 2021, à Misano

Crédit: Getty Images

Ces derniers mois, un monde a changé, péniblement et contraint. Ce dimanche, un autre va définitivement s'écrouler : Valentino Rossi s'apprête à disputer, à Valence, l'ultime Grand Prix de sa gigantesque carrière et mettre fin à une histoire que l'on croyait infinie, mais qui avait fini par devenir interminable. Après, plus rien ne sera comme avant. Ni pour un sport qu'il a métamorphosé, ni pour lui, ni pour nous.
Nous voici à l'orée d'un temps nouveau, que les plus âgés ne peuvent plus concevoir, et que les plus jeunes - dont je fais partie - ne peuvent connaître. Qu'on ait vu ce qu'il y avait avant lui ou qu'on l'ait vécu à travers des cassettes, des documentaires ou des souvenirs d'un aîné, cette époque n'aura de toute façon plus rien à voir avec ce qu'il y aura après. En un quart de siècle de Grands Prix et 22 saisons en catégorie reine, Valentino Rossi a changé la face d'une élite populaire devenue, avec lui, une discipline très grand public.
L'Italien est l'un des très rares sportifs dont l'empreinte laissée sur son sport est comparable, en certains points, à celle de Michael Jordan sur le basket. "Je crois que la différence avec les autres grands pilotes de l'histoire est que, pour une raison que j'ignore, j'ai réussi à attirer l'attention d'un très grand nombre de personnes [...], disait-il en août dernier, après avoir officialisé son départ à la retraite. Pendant une partie de ma carrière, j'ai provoqué une émotion chez les gens lambda et j'en suis très fier. Même aujourd'hui, les gens viennent me voir, parfois très excités, parfois en pleurant, alors que mes résultats ne sont pas fantastiques. Vous dites que je suis un peu comme Jordan... C'est mieux que ça vienne de vous plutôt que de moi !"

Rossi, une influence sans limite ni frontière

Rossi, c'est un homme capable de transformer trois tribunes du Mans en marée jaune, de porter sur un podium un maillot floqué du nom de Maradona en Argentine, ou de faire exploser les ventes de scooter en Asie du Sud-Est. Impossible, donc, d'imaginer ce que serait le MotoGP sans lui. On peut, en revanche, avoir la certitude qu'il serait bien différent. Une très grande partie des pilotes de la catégorie reine - pour ne pas dire la totalité - a choisi de faire ce métier en s'émerveillant devant les exploits et les facéties du "Docteur".
"C'est triste parce que c'est une légende de ce championnat, disait Fabio Quartararo en conférence de presse, jeudi. Il a vraiment apporté quelque chose de particulier. Il m'a beaucoup inspiré quand j'étais petit. Je le suivais, je voyais ses célébrations, sa manière de rouler, sa personnalité. Vale est l'idole de beaucoup d'entre nous."
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Quartararo en mode domination : les chiffres d'une saison de champion

Rossi a effectivement changé la course avant d'évoluer avec elle. Il a fait de ses rivalités - Biaggi, Stoner, Marquez - des histoires à raconter dans la presse people, rendu ses succès plus télégéniques que certaines émissions satiriques et changé, au sein même du paddock, le rapport aux couleurs et aux superstitions. De ceux qui ont, comme Dovizioso, longtemps roulé à ses côtés, à ceux qui, comme Quartararo, n'étaient même pas nés lorsqu'il a débuté sa carrière, chacun s'est laissé influencer, consciemment ou non, par l'idole de Tavullia. Rossi est partout, même là où on ne le remarque plus.

La peur de l'inconnu... ou du vide

Voilà pourquoi cette dernière scène ne peut laisser personne indifférent, même si ses dernières années n'ont pas été à la hauteur du pilote qu'il était. Le personnage, lui, était fascinant, omnipotent, parfois clivant. Et unique. "Beaucoup de gens disaient qu'il devait prendre sa retraite à cause de ses résultats, soulignait Quartararo jeudi. Mais tous ceux-là aimeraient qu'il reste maintenant."
L'appréhension avant l'inconnu, peut-être, ou la peur du vide, plus sûrement, même si la discipline se porte bien et que Rossi va aussi laisser un héritage concret avec une académie réputée, une écurie en MotoGP et des pilotes arrivés à maturité après avoir été formés à ses côtés. "Je suis sûr que personne n'oubliera ce que Vale a fait pour le championnat", notait Francesco Bagnaia, l'un des meilleurs élèves de la VR46 Academy et dauphin de Quartararo cette saison.
Cette période, parfois morose, qui a duré de sa quête du fameux dixième titre en 2015 à celle d'un 200e podium, aura au moins appris à revivre sur des souvenirs. Comme un avant-goût. "C'est un sentiment étrange [...] avouait Rossi. À partir de lundi, tout sera différent. Ce sera une autre vie. [...] Je le sentirai peut-être en mars, quand les autres reprendront la piste et moi, non."
Ce dimanche va marquer l'avant et l'après. 14/11/21. Additionnez ces chiffres et vous y verrez un clin d'œil. "Ça fait 46, a bien noté le légendaire pilote italien, extrêmement attaché à ses fétiches. C'est peut-être un signe ou un hasard. On l'a découvert il y a trois ou quatre mois. Ça n'a pas été facile de convaincre Dieu !" En MotoGP, Dieu, c'était lui.
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Valentino Rossi, au Grand Prix d'Emilie-Romagne, le 24 octobre 2021

Crédit: Getty Images

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