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Ecosse - France (16-20) | L'antisèche : Beaucoup de cœur, tant de doutes pour les Bleus

Simon Farvacque

Mis à jour 11/02/2024 à 01:57 GMT+1

Le XV de France est sorti vainqueur d'un âpre duel face à l'Ecosse, samedi à Murrayfield (16-20). Une victoire fruit d'un courage remarquable qui ne doit pas occulter de nombreux manques. Imprécis, les Bleus ont semblé ne pas avoir de ligne directrice. Les doutes sur leur standing, nés de la fessée infligée par l'Irlande en ce début de Tournoi des Six Nations, n'ont pas été levés. L'antisèche.

Victoire en trompe-l'œil ou succès fondateur ?

Le jeu : brouillon

Le spectacle n'a pas été fantastique ce samedi. A l'image d'une partie de ping-pong rugby à la 68e minute, où les deux équipes ont essayé de jouer avec la règle du hors-jeu, Français et Ecossais n'ont pas régalé le public. Le XV du Chardon a un peu plus porté le ballon que son adversaire (56% de possession) mais aucune des deux équipes n'a vraiment cherché à mettre la main dessus.
En deuxième période, il y a eu un peu plus de vie, du côté d'un XV de France revigoré par les entrées de Posolo Tuilagi ou autre Nolann Le Garrec, sans pour autant faire place à une orgie de rugby. Les Bleus sont sortis vainqueurs (16-20) de ce match qui a surtout eu le mérite de présenter un dénouement haletant, nonobstant un bel essai de l'Ecosse dès la 7e minute.

Les joueurs : Alldritt leader, Ramos précis, Jalibert en galère

Jusqu'à sa sortie sur blessure – sans gravité, a-t-il précisé – à la 50e minute, Grégory Alldritt a été un capitaine exemplaire (14/15 au plaquage). C'est d'ailleurs sur un ballon gagné au grattage que le n°8 des Bleus a mis un terme à son match. Dans un tout autre registre, Thomas Ramos a joué un rôle majeur dans la victoire française, par ses prises d'initiative et son 100% face aux perches, malgré des angles parfois fermés.
Cameron Woki et Peato Mauvaka ont en revanche symbolisé une touche déficiente, tandis que Matthieu Jalibert a énormément peiné, entre réceptions de coups de pied manquées et plaquages ratés ou subis. Auteur d'un retour défensif ô combien précieux sur Kyle Rowe (79e), l'ouvreur de l'UBB a apposé un soupçon de positif sur une copie très négative. Côté écossais, Finn Russell a usé voire abusé du jeu d'occupation et miraculeusement récupéré une ultime munition.
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Jalibert, ça devient préoccupant : "Sa note aurait pu être inférieure à 3/10"

L'action : l'éclair Bielle-Biarrey

Un instant de grâce. Une sensation qui doit être unique. Louis Bielle-Biarrey a éliminé deux adversaires d'un coup de pied par-dessus, à la 70e minute et alors que les Bleus étaient menés 16-10, avant de plonger sur le ballon dans l'en-but adverse, laissant exploser une joie communicative. Un quart d'heure plus tard, elle s'est muée en soulagement. Cet essai comptera dans sa carrière.

Le facteur X : essai… ou pas ?

La façon dont les Bleus ont résisté, devant leur en-but et à quatorze, en fin de premier acte a constitué un premier tournant. Le coup de génie de "LBB" en a été un deuxième. Mais le troisième moment clef du poussif succès français s'est tenu à l'ultime seconde. Après une séquence de pilonnage en règle, le potentiel essai écossais qui aurait tout changé a été refusé par l'arbitre. Celui-ci est resté sur sa "décision terrain", à l'issue d'un appel à la vidéo – parfait pour le suspense, interminable pour les fans – qui n'a pas invalidé son verdict initial.

La stat' : 91%

Avec 91% de plaquages réussis (86% la semaine précédente face à l'Irlande), la France a élevé le niveau d'un cran, en défense… même si l'adversaire ne présentait pas la même dangerosité.

La décla' de Grégory Alldritt [France 2]

C'est très compliqué de gagner ici. Je suis très content pour le groupe et pour certains joueurs qui ont été critiqués et qui ont répondu présent

La question : le XV de France est-il redevenu quelconque ?

On comprend la pleine satisfaction d'Alldritt, à l'aune du rapport de force observé ce samedi. Mais le XV de France des années 2022 et 2023 aurait ambitionné une victoire plus implacable. La montée en puissance des Bleus, au long des quatre premières années de l'ère Galthié, les avait placés dans le haut du panier mondial, avec l'Irlande, l'Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande. Un statut dominant qui s'est érodé au gré de la claque irlandaise à Marseille et de ce succès dénué de maîtrise à Murrayfield.
En Ecosse, la France a donné l'impression de ne rien contrôler, entre errements en touche, plan de jeu difficile à lire et réceptions hasardeuses dans le troisième rideau. L'apport du banc et une bravoure à souligner sont deux points positifs légers, pour une équipe de ce standing. Et entendre Galthié se dire "très satisfait" de la première période de ses joueurs, à la mi-temps, avait quelque chose de dérangeant.
Il convient cependant de noter que le XV de France brillant des derniers mois a souvent gagné de peu, au finish – rappelez-vous de cet essai libérateur de Damian Penaud face à l'Australie, en novembre 2022 – et donc sans survoler les débats. Il convient aussi de rappeler que les absences de Romain Ntamack, Antoine Dupont, Anthony Jelonch ou autre Thibaud Flament sont des coups durs monumentaux, bien qu'une meilleure structure collective puisse en diminuer l'impact.
Voilà pourquoi il est sans doute trop tôt pour acter le retour dans le rang des Français. Mais l'envisager est légitime après cette entame de Tournoi des Six Nations balbutiante… et rien que cela convoque des souvenirs douloureux pour les supporters tricolores, au sortir d'une période de disette aux proportions historiques.
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Cameron Woki (XV de France) face à l'Ecosse lors du Tournoi - 10/02/2024

Crédit: Getty Images

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