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Le rugby italien grandit enfin

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 15/03/2024 à 16:13 GMT+1

Désormais neuvième nation mondiale après sa victoire face à l'Écosse samedi dernier à Rome (31-29), l'Italie n'a jamais paru aussi conquérante avant d'aller défier le pays de Galles à Cardiff samedi (15h15). Si les hommes de Gonzalo Quesada ne terminent pas derniers du Tournoi des Six Nations, ce sera une première depuis 2015. Le rugby italien prend de l'ampleur, y compris en profondeur.

Ignacio Brex (Italie) - Tournoi des Six Nations

Crédit: Getty Images

Des favoris chahutés et des outsiders combatifs, le Tournoi a retrouvé de l'homogénéité. Celle-ci pourrait d'ailleurs permettre aux Italiens, auteurs de bons résultats jusqu'ici (une victoire et un match nul en quatre rencontres), de quitter la dernière place du tournoi, une première depuis 2015. Vaillante et appliquée, cette Italie-là sait désormais gagner. Elle l'a prouvé la semaine dernière sur sa pelouse du Stadio Olimpico face à l'Écosse et avait déjà averti le monde du rugby face à la France.
Pourtant, la Squadra Azzurra a souvent été décriée. Chaque année, sa légitimité dans le Tournoi des Six Nations est remise en question. Cette saison, elle a répondu de la meilleure des manières : sur le terrain. Outre la déconvenue en Irlande (36-0), le bilan est plutôt positif.

L'Italie 9e mondiale, devant l'Australie

Avec un match nul en France, qui aurait pu se solder par une victoire si le ballon n’était pas tombé du tee sur la dernière pénalité de Garbisi, une victoire face aux Écossais (31-29) et un match référence perdu de seulement trois points face au XV de la Rose, les attentes sont grandes avant le déplacement à Cardiff.
L’Italie flirte avec son meilleur classement mondial (8e, en 2007). Désormais neuvième nation de la hiérarchie établie par World Rugby, elle devance notamment l'Australie pour la première fois. Cette montée en puissance va de mise avec le jeu proposé sur le terrain.
Coachée par Gonzalo Quesada depuis la fin de la Coupe du monde, cette équipe d'Italie affiche un nouveau visage. Des courses tranchantes, une défense robuste, mais surtout une opposition tenue durant 80 minutes, ce qui manquait cruellement aux Azzurri. "Quand je suis arrivé, nous étions d'accord avec l'équipe. On voulait travailler sur la constance", expliquait le tacticien argentin après la victoire face aux Écossais. Le plus grand test sera donc de réitérer une bonne performance samedi, à Cardiff (15h15), où les Italiens ont gagné en 2022 (21-22), déjà lors de la dernière journée du Tournoi.

Une ferveur naissante

En Italie, le rugby cherche encore sa place. Face à la puissance du football, des sports mécaniques et du volley dans le pays, le ballon ovale a du mal à rivaliser. Mais grâce à ses récents résultats encourageants, l'équipe nationale commence à faire naître une ferveur populaire. Lors de la tournée d'automne 2022, le XV italien remplissait péniblement le Stadio Plebiscito de Padoue et ses 8000 sièges lors du match face aux Samoa, gagné 49-17. Une semaine plus tard, la Squadra Azzurra réalisait un des plus grands exploits de son histoire à Florence en battant les Wallabies, alors sixième équipe mondiale (28-27), dans un stade de la Fiorentina à moitié vide
Qui aurait cru qu'un an et demi plus tard, le Stadio Olimpico de Rome connaîtrait cette ferveur, cet engouement et cette unité, à guichet fermé (69 689 personnes), pour la victoire des siens face à l'Écosse (31-29) ? La première des Azzurri à domicile dans le tournoi depuis 2013. Les transalpins commencent donc, enfin, à croire en leur équipe nationale. Et s’ils avaient raison ?
De manière plus globale, le rugby en Italie monte en puissance. Ses deux équipes présentes en United Rugby Championship (URC) enregistrent de bons résultats. Le Benetton Rugby est resté dans le Top 3 du championnat une bonne partie du début de saison et est actuellement 8e. Le club de Trévise a même fini premier de sa poule en Challenge Cup. Avec l'équipe des Zebre de Parme, 13e (sur 16) de l'URC, ils sont les principaux pourvoyeurs de la sélection : 24 joueurs sur la liste des 33 pour le 6 Nations.
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"Je ne pensais pas qu'il y aurait un tel score face à l'Italie"

L’expertise étrangère... dès la base
L'Italie va également chercher de l'expertise en dehors de ses frontières. Par ses joueurs évoluant dans des championnats étrangers, soit neuf sur la liste des trente-trois, ou bien possédant la double nationalité : cinq joueurs sur le XV de départ face au Pays de Galles. Ou encore par ses entraineurs, depuis l'année 2000 et l'arrivée de l'Italie dans le tournoi, neufs entraineurs se sont succédé à la tête de la sélection, aucun n’est italien : Brad Johnstone (Néo-Zélandais), John Kirwan (Néo-Zélandais), Pierre Berbizier (Français), Nick Mallet (Sud Africain), Jacques Bunel (Français), Conor O'Shea (Irlandais), Franco Smith (Sud Africain), Kieran Crowley (NZ) et à présent Gonzalo Quesada (Argentin). Cette expertise venue de pays à la culture rugby commence à porter ses fruits. Mais la démarche de progression ne s'arrête pas là.
L'expertise étrangère est recherchée jusque dans les centres de formation. Par exemple, le club de Vérone, leader du classement du groupe 2 en Serie A, fait venir des entraineurs de la Crusaders Academy chaque été pour développer son centre de formation. Résultat, les jeunes sont performants et le club est un grand pourvoyeur de joueur pour l'équipe nationale U20. Vainqueurs des Sud-Africains sur leur terre cet été lors du mondial et classés troisièmes lors du dernier Tournoi des Six Nations U20, la jeunesse italienne laisse entrevoir un bel avenir pour les Azzurri.
Samedi, sur la pelouse du Millennium Stadium, l’Italie se battra avec ses armes. Même si Ange Capuozzo, blessé, doit laisser sa place, le XV italien est composé de talents. Gonzalo Quesada veut les voir s'illustrer avec consistance : "Depuis le premier jour, mon rôle a été de les convaincre qu'on pouvait jouer pendant quatre-vingt minutes à haut niveau et à haute intensité." Ce sera une clé pour gagner un deuxième match dans ce Tournoi. A plus long terme, c'est via sa structure que le rugby italien peut continuer de grandir. Il semble enfin avoir de quoi afficher cette ambition.
Sarah FREYCENON
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Paolo Garbisi (Italie)

Crédit: Getty Images

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