Mondial 2023 - Ian Foster (Nouvelle-Zélande) : "Quand on brise une équipe, il faut garder le pied sur l'accélérateur"

À vrai dire, on ne se faisait pas trop de soucis pour eux. Même au sortir de leur défaite inaugurale contre la France (27-13), les All Blacks avaient encore, semble-t-il, suffisamment de marge pour rallier les quarts de la Coupe du monde sans encombre. C’est ce qu’il s’est passé, puisque la Nouvelle-Zélande a successivement dominé la Namibie, l’Italie et l’Uruguay. La sélection aux trois couronnes mondiales sera bien au rendez-vous du tableau final, et ce n’est une surprise pour personne. Elle a aussi veillé à continuellement faire parler la poudre.

Car après la première défaite de leur histoire en phase de groupes de la compétition, les Néo-Zélandais se sont déchaînés, infligeant une rouste habituelle aux Namibiens (71-3), puis martyrisant les Italiens dans des proportions que ceux-ci n’avaient sans doute pas soupçonnées (96-17). Enfin, ce jeudi, ils ont savamment étrillé l’Uruguay (73-0), qui avait pourtant contrarié les Bleus quelques semaines plus tôt (27-12). "Je pense qu’on a bien rebondi après le premier match et on en a tiré les leçons, s’est félicité Ian Foster en conférence de presse. J’ai la sensation qu’on progresse et qu’on monte en puissance."

Pourtant, ses joueurs sont restés muets pendant une vingtaine de minutes face aux valeureux Teros, agressifs dans les zones de rucks et disciplinés en défense. "Ils ont mis beaucoup d’envie et sont parvenus à ralentir le jeu, a constaté le sélectionneur néo-zélandais. On a gardé notre sang-froid et on a su être chirurgicaux. C’était différent de la semaine dernière. On a dû beaucoup plus s’employer dans les contacts, c’était difficile d’avoir des libérations de balle rapides. Je suis content que l’on ait été patients." Et comme toujours, cette patience a été récompensée.

Il y eut d’abord un premier essai, signé du très inspiré Damian McKenzie. Puis, un deuxième, un troisième, et le quatrième, celui du bonus offensif, marqué juste avant la pause. La messe était dite, mais il ne fallait pas compter sur les Blacks pour finir en roue libre. Ils ont au contraire maintenu une pression constante sur la ligne uruguayenne, tout en mettant un point d’honneur à ne pas encaisser de points. Mission accomplie, avec onze essais marqués et une ligne d’en-but préservée, malgré la frayeur d'un essai refusé en début de match grâce à l'appui de l'arbitrage vidéo.

C’est précisément cette volonté farouche de ses joueurs d’insister encore et encore, malgré un score acquis depuis belle lurette, qui a plu à Foster. "Quand on brise une équipe, il faut garder le pied sur l’accélérateur, a imagé le technicien de 58 ans, selon des propos rapportés par le New Zealand Herald. Comme la semaine dernière, je suis réellement satisfait de notre dernier quart d’heure grâce à ça." Désormais, les All Blacks peuvent se tourner vers les quarts de finale, avec un choc qui s’annonce face à l’Irlande, l’Afrique du Sud ou - c’est toujours possible - l’Écosse. "J’ai hâte d’y être !", s’est exclamé le boss des Néo-Zélandais. Il n’est pas le seul.