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Fabrice Metz (Section Paloise) : "Je n'ai pas honte d'être un travailleur de l'ombre, c'est même une fierté"

Simon Farvacque

Mis à jour 04/04/2023 à 19:07 GMT+2

TOP 14 - Le collectif avant l'individu. Fabrice Metz est l'archétype du deuxième ligne qui accomplit des tâches peu clinquantes et permet aux autres de briller. Un rôle qui n'est pas ingrat, aux yeux du joueur de 32 ans, membre de la Section Paloise depuis 2016. Lancé en pro par le Racing, l'international français (une cape) est conscient de ses limites comme de son importance au sein d'un groupe.

Fabrice Metz (Section Paloise) inscrit le seul essai de sa carrière en pro, face à Leicester en Challenge Cup, le 16/11/2019

Crédit: Imago

La victoire à Anoeta face à Bayonne (20-30), cela peut être le tournant de votre saison ?
Fabrice Metz : C'était un match très important dans la lutte pour le maintien. On savait qu'il ne fallait pas se louper. On a eu l'opportunité de le gagner, on a mis les ingrédients qu'il fallait face à cette très belle équipe de Bayonne et cela nous a souri. Cela a été une folle expérience de jouer dans un stade mythique, face à un tel public.
Comment jugez-vous l'évolution de la Section Paloise depuis votre arrivée en 2016 (aucune relégation mais aucune qualification en phase finale, ndlr) ?
F. M. : C'est un club familial, qui se structure avec ses moyens. Ma fidélité au club prouve que je m'y sens bien et qu'il y a de l'ambition sur le long terme. On avait de l'ambition, quand je suis arrivé. Il y a eu un petit passage à vide et avec l'arrivée de Sébastien Piqueronies (en 2021, ndlr) il y a de nouveau un projet très intéressant mis en place. Il faut arriver à le concrétiser.
Par rapport à votre effectif, avez-vous l'espoir d'intégrer le Top 6, d'ici deux ou trois ans ?
F. M. : Il y a de très bons jeunes, de grande qualité, avec un énorme potentiel, qui travaillent très dur tous les jours. Donc oui, je pense qu'à court ou moyen terme, il y a moyen que le club gagne en confiance, en expérience, et grappille des places.
Il faut toujours des personnes rudes, qui aiment aller au combat
Vous êtes l'archétype du deuxième ligne qui fait le travail de l'ombre… et il n'y a pas de honte à le dire. Êtes-vous d'accord avec cela ?
F. M. : Oui. Je n'ai pas honte d'être un travailleur de l'ombre, c'est même une fierté. Dans une équipe, il faut de tout sur un terrain de rugby : des personnes qui marquent des essais, des personnes qui effectuent le travail de l'ombre, des buteurs, des joueurs rapides etc. Que l'on me dise qu'on ne me voit pas ou que je suis dans l'ombre… peu importe la façon de le dire, je ne le prends pas mal. J'ai toujours fait en sorte de me mettre au service du collectif.
Cette humilité, ne pas se mettre en avant à tout prix – au risque de tomber dans le cliché – n'est-ce pas ça, aussi, le rugby ?
F. M. : Je pense que tous les joueurs de rugby ont un peu cette humilité-là, oui. Après, certains postes sont plus en vue que d'autres. Avec mon style de jeu et mon poste, il y a moins de projecteurs sur moi. Je ne suis pas le meilleur joueur de ballon. Mais tant que l'on fait des bons matches, tant que l'on gagne, ça ne me dérange pas que l'on ne parle pas de moi.
Vous êtes un deuxième ligne "à l'ancienne"…
F. M. : Le poste a évolué, de très belles générations arrivent, les deuxièmes lignes sont un peu plus "joueurs de ballon". Mais il faut toujours des personnes rudes, qui aiment aller au combat. Autant que je laisse le ballon aux personnes qui le portent mieux que moi et qui sont peut-être un peu moins bonnes que moi dans d'autres domaines.
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Fabrice Metz (Section Paloise), au centre, n'est pas du genre à se mettre en avant

Crédit: Getty Images

La Section semble être le club parfait pour votre épanouissement.
F. M. : Je suis parti du Racing parce que mon temps de jeu commençait à diminuer. J'ai fait le choix de partir à Oyonnax en prêt pendant un an pour avoir du temps de jeu et prendre de l'expérience. Ensuite, je suis arrivé à Pau. Je suis assez fidèle dans mes relations. Il fallait que je sente qu'il y avait un beau projet, une histoire à écrire dans ma carrière et une page à écrire dans un club. Je suis dans ma septième saison à Pau parce que tous ces ingrédients sont réunis. Je m'y sens bien, avec ma compagne, mes deux enfants 100% béarnais. C'est un club très proche des joueurs.
Le cadre de vie joue aussi, non ?
F. M. : Oui, il fait bon vivre à Pau. Tu es à une heure de la plage et à une heure de la montagne. Pau, c'est une ville, mais j'appellerais plutôt ça un très grand village, où tout le monde se connaît. C'est sympa. Le cadre de vie est bien, les gens sont hyper respectueux, il y a un bon public. C'est un très bel endroit.

Sur Racing-Saracens 2015 : "Cela m'a fait grandir en tant que joueur et en tant qu'homme"

Avez-vous des regrets, par rapport au Racing ? Vous aviez l'opportunité de vous imposer dans un club prestigieux…
F. M. : Non, je n'ai pas de regrets. Je prends cela comme des aléas de carrière. Il fallait que je prenne une décision, que je pense à ma carrière. Mais le Racing est un club de cœur, le club qui m'a tout donné, qui m'a formé, qui m'a lancé dans le monde professionnel : je lui dois énormément. J'ai énormément de respect pour ce club avec qui je souhaite garder de très bonnes relations.
Gardez-vous en travers de la gorge le match face aux Saracens, en 2015 (défaite 11-12 en quart de finale de Champions Cup, ndlr), avec la pénalité décisive que vous concédez en fin de rencontre ?
F. M. : Non, j'ai tourné la page. Il s'est passé ce qu'il s'est passé durant ce match-là. J'ai utilisé ce mauvais passage pour me construire. Cela m'a fait grandir en tant que joueur et en tant qu'homme. Il faut toujours apprendre de ses erreurs, du moins essayer.
Cela a eu une influence sur la suite de votre carrière ?
F. M. : Ce n'est pas ce match qui a fait que j'ai voulu changer de club.
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Fabrice Metz, à gauche, avec le Racing face à Toulouse, en 2013

Crédit: Getty Images

Vous comptez une sélection en équipe de France (défaite 30-19 en Argentine, en juin 2016, ndlr). Pouvez-vous nous parler de la fierté que cela suscite chez vous ?
F. M. : Oui, c'est une grande fierté. La cerise sur le gâteau. Je suis très content et fier d'avoir eu cette cape. Mais je reste humble, je n'ai qu'une seule sélection. Je n'ai pas pu retourner là-haut. J'aurais voulu en chercher d'autres, mais je n'ai pas su faire les matches qu'il fallait pour cela. C'est comme ça.
Vous avez 32 ans. Avez-vous fait le deuil d'une carrière internationale ?
F. M. : Oui. Il faut se rendre à l'évidence.

L'envie d'être pionnier pour le rugby alsacien

Pensez-vous déjà à l'après ?
F. M. : Je prépare ma reconversion depuis quelques années. J'ai deux entreprises dans le domaine du bois énergie.
Imaginez-vous quand même garder un pied dans le rugby ?
F. M. : Aujourd’hui, je ne m'imagine pas du tout rester dans le monde du rugby professionnel. Mais je continuerai peut-être ce que j'ai commencé il y a deux/trois ans avec le club de mes débuts, à Mutzig. Je suis vice-président de ce club. Peut-être que je m'investirai plus dans cette aventure pour essayer de donner l'opportunité à de jeunes Alsaciens de percer dans le monde du rugby professionnel. Je pense qu'en Alsace, il y a énormément de potentiel.
Vous semblez très attaché à l'Alsace…
F. M. : C'est la région dans laquelle j'ai grandi, notamment dans le Bas-Rhin. C'est une région qui me tient à cœur. C'est mon identité. Je suis très chauvin. Des rugbymen professionnels qui viennent d'Alsace, il y en a très peu. J'ai écrit un petit bout d'histoire, de mon histoire, par rapport au rugby alsacien. J'essaie beaucoup de faire découvrir cette belle région, avec les marchés de Noël, la gastronomie, le vin blanc.
Mais j'aime aussi découvrir d'autres régions. Je me suis très bien plu en région parisienne, quand j'étais jeune. Avec ma compagne on a fait un passage à Oyonnax où l'on s'est éclaté comme jamais. Et maintenant, on se plaît dans le Béarn. Et si un jour je quitte Pau, je pourrai dire : "Je suis Alsacien, mais je repars avec une Béarnaise et un Béarnais", et ça, personne ne pourra me l'enlever.
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Piqueronies sans pression à Pau : "Je suis libre de faire ce métier de manager comme je l'entends"

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