Top 14 - Toulouse et La Rochelle sont-ils vraiment intouchables ?

On a beau dire que la phase finale rebat les cartes de la saison, le rapport de force entre les opposants des demi-finales semble cette année plus déséquilibré que jamais. Toulousains et Rochelais se retrouvent exactement là où tous les observateurs les plaçaient dès la grille de départ, après avoir dominé la phase régulière. En Top 14, où ils se sont classés avec de la marge aux deux premières places; comme en Champions Cup, où ils ont atteint le dernier carré pour les Haut-Garonnais et remporté l’épreuve pour les Maritimes. Aucune des six autres équipes françaises représentées n’a été plus loin que les huitièmes de finale.

Face aux deux "ogres", deux formations qui n’ont rien volé de leur présence à ce stade de la compétition, mais bien moins consistantes sur l’ensemble de la saison. Toujours qualifié en phase finale depuis sa remontée en 2009, le Racing 92 a dû cravacher très dur pour rentrer dans le top 6. La bascule s’est vraiment faite pour lui au soir de la 22e journée face à l’UBB avec une défaite transformée en victoire bonifiée après la sirène (31-28). En barrage contre le Stade français, l’expulsion du Parisien Marcos Kremer après même pas cinq minutes de jeu lui a aussi facilité la tâche. Personne n’a oublié non plus au Plessis-Robinson la défaite du 5 mars à Paris La Défense Arena contre un Stade toulousain amputé de ses internationaux (35-39).

De leur côté, les Girondins sont passés par différentes phases cette saison, des tumultes de l’éviction de Christophe Urios et du fiasco de la Champions Cup (onzième sur douze de leur poule), à un redressement progressif marqué aussi par une lourde claque fin mars, à domicile contre…La Rochelle (8-36). Sixièmes et derniers qualifiés, ils ont obtenu leur billet pour les demies à Lyon dans une rencontre polluée par l’absence d’assistance vidéo, qui a surtout impacté négativement le LOU (25-32).

Autant d’éléments qui expliquent les cotes incroyablement basses proposées par les bookmakers pour une victoire de Toulouse et La Rochelle ce week-end à San Sebastian (autour de 1,15). En marge de la présentation du documentaire "Terrain favorable" réalisé par la Société Générale, Thierry Dusautoir, recordman de capitanats avec les Bleus, n’imagine guère un des deux outsiders déjouer les pronostics.

"Si j’avais un pari à faire, ce serait effectivement une finale La Rochelle – Toulouse car ces deux équipes sont impressionnantes en termes de qualité et de régularité. Le Stade rochelais est champion d’Europe et a montré ces derniers temps que même en changeant son équipe, il pouvait continuer à avoir un rendement intéressant. Quant au Stade toulousain, on a le sentiment qu’il réussit à bien utiliser ses week-ends libres pour bien récupérer et se préparer. Il y a tout un ensemble de choses qui font que ces deux équipes ont le plus de chances de se retrouver en finale."

Même son de cloche du côté de l’ancien pilier international Christian Califano : "La Rochelle et Toulouse ont un effectif taillé pour être là. Il peut toujours y avoir des surprises et c’est ce qu’on aime dans le rugby mais ce sont les deux têtes d’affiche de notre championnat". Des têtes d’affiches aux allures d’Everest pour le Racing 92 comme pour l’UBB, qui n’auront finalement que tout à gagner de ce week-end de demi-finales que beaucoup estime déjà joué. L’exemple de Castres, sixième de la phase régulière en 2018 et champion de France trois semaines plus tard à la surprise générale, illustre bien les limites des scénarios écrits à l’avance.