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Après Pinturault, Kilde a aussi chuté : "On prend un risque important d'envoyer des skieurs à l'hôpital"

Julien Pereira

Mis à jour 13/01/2024 à 17:26 GMT+1

Il reste encore une épreuve au programme à Wengen (un slalom, dimanche) mais la deuxième descente disputée ce samedi a suffi à faire déborder le vase. La lourde chute subie par Alexander Aamodt Kilde a relancé le débat sur un calendrier de Coupe du monde que les skieurs estiment surchargé et trop alourdi par les reprises des épreuves annulées en début de saison. Trop, c'est trop ?

Dalcin : "On ne va pas dire que c'est la faute du calendrier mais il est trop chargé"

Nous y voilà. En plein dedans. Au terme de la deuxième descente de Wengen - la troisième épreuve en trois jours sur le Lauberhorn, en attendant le slalom dimanche - les skieurs ont vécu ce qu'ils craignaient depuis plusieurs semaines : un trop-plein. À tel point que l'alléchant duel qui a une nouvelle fois opposé Marco Odermatt et Cyprien Sarrazin a finalement été éclipsé par les critiques autour d'un programme beaucoup trop chargé à leurs yeux.
À Wengen, le menu était déjà copieux mais il a vite été alourdi par la reprise d'une descente annulée à Beaver Creek début décembre, et finalement placée en entrée, jeudi. Depuis, deux des trois derniers vainqueurs du gros globe ont perdu le fil de leur saison. Alexis Pinturault, sacré en 2021, victime d'une rupture du ligament croisé sur le super-G vendredi et forfait pour le reste de la Coupe du monde. Et Aleksander Aamodt Kilde, son prédécesseur et dauphin de Marco Odermatt ces deux dernières années, qui a subi une lourde chute en toute fin de parcours ce samedi matin.
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La grosse frayeur : la chute de Pinturault en vidéo

Le Norvégien a été évacué par hélicoptère et si la nature précise de sa blessure n'est pas encore connue, les premiers soins qui lui ont été prodigués sur place ne laissent que peu de doute autour de son absence pour les prochains grands rendez-vous. Fin décembre, c'est un autre outsider, Marco Schwarz, qui avait dû faire une croix sur le reste du calendrier après avoir chuté à Bormio. Bref, ça fait beaucoup. Sans doute trop.

Sarrazin n'est "pas passé loin" de faire comme Kilde

"La deuxième descente à Wengen est effectivement celle de trop, abonde Pierre-Emmanuel Dalcin. Surtout que c'est la plus longue et la plus dure." Avec 4,5 km de piste à dévaler et près de 2'30 d'effort à supporter, la plupart des descendeurs ont tiré la langue à l'arrivée. Certains ont même pesté. À commencer par Marco Odermatt. Le Suisse, installé sur la "hot seat" après une descente brillante, et parfaitement conscient qu'il était filmé et écouté, a dit tout haut ce qu'il pensait après la chute de Kilde : "J'espère que c'est une leçon pour ne plus jamais faire trois courses de suite ici".
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"Que cela serve de leçon" : Odermatt ne veut plus de trois courses de suite à Wengen

Avant et après le Norvégien, beaucoup d'autres ont multiplié les fautes et les chutes aux conséquences heureusement moins graves. Pas un hasard. "Si on prend l'exemple de Kilde, on voit qu'il skie bien tout le haut mais qu'il perd beaucoup en lucidité au fur et à mesure, analyse le consultant Eurosport. C'est le skieur le plus physique du circuit mais dans la dernière courbe, il s'assoit. D'habitude, il se remet de ces situations parce qu'il a une force de dingue. Là, il n'a pas pu. Il n'a pas pu parce qu'il en a plein les pattes et qu'il est cuit. Il finit par faire une faute technique. La descente et le super-G sont des disciplines très dangereuses et quand on y ajoute de la fatigue et une programmation dense, on prend un risque important d'envoyer des skieurs à l'hôpital."

Les impasses, plus facile à dire qu'à faire

La densité du calendrier pèse sérieusement sur les organismes. Elle trotte aussi dans les têtes. Y compris des meilleurs, dont les succès ou les podiums sont souvent rendus amers par les blessures des autres athlètes. "Ça fait chier, a insisté à notre micro Cyprien Sarrazin, deuxième ce samedi à Wengen. C'est la vie du descendeur mais la chute d'Alex [Kilde, NDLR] aujourd'hui aurait pu être évitée. Quand on fait trois courses d'affilée et qu'on finit par la plus longue de la saison... Je suis d'ailleurs pas passé loin de faire comme lui."
Plusieurs fois alertée à ce sujet, la FIS a toujours tenu sa ligne de conduite. Son secrétaire général Michel Vion, que nous avions interrogé, avait ainsi indiqué aux skieurs qu'ils n'avaient "qu'à faire des impasses, comme en tennis", en répondant aux critiques d'Odermatt. Réponse du Suisse dans les colonnes de Tages Anzeiger : "Il n'y a que des clowns qui peuvent dire cela avec tant de désinvolture depuis leurs bureaux."
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Sarrazin critique le calendrier : "La chute de Kilde pouvait être évitée"

Pour les athlètes, tout n'est effectivement pas aussi simple. "La raison est évidente, éclaire Pierre-Emmanuel Dalcin. Les skieurs sont programmés pour faire la course : ils ont envie de participer, même s'ils sont cuits. Faire une impasse, à leurs yeux, c'est comme un refus d'obstacle. C'est très difficile d'en faire."
Alors ils vont continuer de subir, en particulier dans les prochains jours avec le rendez-vous à Kitzbühel. "Ils vont avoir deux ou trois entraînements, puis deux courses, souligne notre consultant. Derrière, il y a Garmish, Chamonix... ça fait beaucoup. Il faudrait que les revendications des descendeurs soient entendues. Mais ça n'a jamais été le cas et je me demande si ce le sera un jour."
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"C'est n'importe quoi" : Sander a été stoppé après 1'30" de course

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