ATP Brisbane - Rafael Nadal : "C'est un jour émouvant mais ce n'est qu'un match"

Il n'a pas changé. Le feu dévorant de la passion pour son sport et la compétition habite toujours Rafael Nadal. Et si on n'avait pas su qu'il en avait été privé pendant toute la saison 2023, il aurait été bien difficile de s'en rendre compte mardi pour sa grande reprise à Brisbane. Le poing serré souvent, brandi même après une course vers l'avant et une volée amortie gagnante, le Majorquin n'a pas mis longtemps à retrouver ses marques en compétition, passant progressivement à l'essoreuse Dominic Thiem au 1er tour (7-5, 6-1) en un peu moins d'une heure et demie.

Et au-delà du résultat brut, c'est bien la manière dont il s'est réjoui à raison dans son interview d'après-match. "Honnêtement, c'est un jour émouvant et important pour moi après probablement l'une des années les plus difficiles de ma carrière de tennisman, a-t-il souligné. J'ai eu la chance de revenir et de jouer devant un public fantastique à un niveau très positif, je pense. Pour une première, c'est quelque chose qui nous rend fiers. Ma famille, toute l'équipe qui a été autour de moi l'année passée et moi-même. Le premier set était équilibré, nous servions bien tous les deux. J'ai été capable de faire le break à 6-5, ce qui a fait la différence. Honnêtement, je sais que Dominic a traversé des périodes difficiles avec des blessures aussi, donc je suis heureux de le voir sur le court et je lui souhaite le meilleur pour la saison à venir."

Drapé dans son humilité légendaire, Nadal n'a pas repris à son compte l'observation de son interlocuteur qui voyait dans le tennis pratiqué dans le premier set un niveau de "deuxième semaine de Grand Chelem". Il est vrai qu'il est encore trop tôt pour se lancer dans de telles comparaisons. Il n'empêche : à travers la qualité de son service et de ses déplacements, l'Espagnol de 37 ans a livré une première prestation riche en promesses. Lui qui se disait dans l'inconnu peut déjà s'enorgueillir d'un premier constat : il a largement le niveau d'un Top 100 (Thiem étant 98e mondial actuellement).

Le "Taureau de Manacor" ne pourrait-il donc pas faire des miracles beaucoup plus tôt qu'espéré – c'est-à-dire lors du printemps sur terre battue – cette saison ? "Il y avait une combinaison de plusieurs choses avant cette rentrée. L'émotion de retrouver la compétition, après un si long et si difficile processus de réhabilitation, mais aussi les doutes sur ma condition physique. Je savais qu'à l'entraînement c'était OK, mais je n'ai pas oublié où j'en étais il y a seulement un mois et demi... À l'intérieur, vous vous dites que ça peut être une catastrophe sur le court, donc oui, ça m'inquiétait", a-t-il d'abord convenu, rassuré en conférence de presse.

Avant de nuancer : "Mais je dois être honnête, pour moi rien ne change. J'ai joué d'une manière positive, c'est la seule conclusion. Ce n'est qu'un match, et le plus important, c'est d'être en bonne santé. Mon objectif, c'est de profiter de chaque occasion que j'ai de me présenter sur un court et de jouer. Si je joue plus de matches, ça me permettra de récupérer les choses dont j'ai besoin pour être compétitif. Mon objectif à moyen terme, c'est de l'être dans deux ou trois mois. Si je le suis dès maintenant, c'est fantastique mais ce serait une grande surprise", a-t-il encore prévenu en conférence de presse.

On le sait, Nadal n'est pas du genre à mettre la charrue avant les bœufs. Il a trop souvent été trahi par son corps pour s'estimer arrivé après une performance prometteuse. Il est tout de même entré un peu plus dans l'Histoire de son sport en devenant le 4e joueur ayant gagné le plus de matches sur le circuit grâce à cette 1069e victoire, derrière Jimmy Connors (1274), Roger Federer (1251) et Novak Djokovic (1088), mais désormais devant Ivan Lendl (1068).

"Je ne connaissais pas cette statistique. Ce que je savoure, c'est de pouvoir rejouer demain", a-t-il tout simplement estimé. Ce sera d'ailleurs plutôt après-demain, ce jeudi, face à l'Australien Jason Kubler au 2e tour. Et mieux que quiconque, Nadal connaît l'importance du prochain défi qui l'attend : enchaîner. Plus son corps sera capable d'encaisser des efforts répétés, plus il pourra rêver à nouveau. En attendant, le simple plaisir de pouvoir à nouveau pratiquer sa passion lui suffit amplement.