Masters 1000 Cincinnati | Pourquoi Jannik Sinner a adopté le manchon de compression depuis Wimbledon

Il y avait eu l'ombre d'un tout petit doute. Il y a quelques jours, Jannik Sinner est réapparu sur les courts, un peu moins d'un mois après son titre à Wimbledon. Curieusement, alors que sa prestation en finale face à Carlos Alcaraz avait été limpide, et qu'il a pris le temps de la digérer, l'Italien a repris l'entraînement muni d'une manchette entourant son bras droit.

Le n°1 mondial l'avait déjà portée au All-England Club à partir des quarts de finale, après avoir été touché au coude lors d'une glissade, au cours d'un match qu'il a bien failli perdre face à Grigor Dimitrov, avant l'abandon du Bulgare. Malgré des examens rassurants, une inquiétude avait subsisté, un temps, mais sa domination lors de chacun des matches qu'il a disputés par la suite, face à Ben Shelton, Novak Djokovic et donc Alcaraz, avait dissipé les interrogations.

Celles-ci sont revenues dans le cadre du Masters 1000 de Cincinnati, alors que le joueur de 23 ans n'a plus délaissé sa manchette. Y compris lors de son entrée en lice face à Daniel Galan où, là non plus, le patron du circuit n'a pas vraiment semblé perturbé par un quelconque pépin physique, puisqu'il a décroché la victoire la plus rapide de sa carrière en moins d'une heure (6-1, 6-1).

"Le coude va bien", a-t-il certifié en conférence de presse, confirmant qu'il n'y avait pas de lien entre le port de cet accessoire et une éventuelle blessure. La raison est plutôt technique : "j'aime la sensation que cela procure, a-t-il détaillé. Ça permet d'avoir un peu plus d'impact sur la balle, de la stabilité. C'est mon point de vue. Je l'avais vraiment apprécié à Wimbledon."

Sinner n'est pas le premier à utiliser ce type d'équipement sans problème musculaire ou tendineux. Le manchon de compression aurait des effets bénéfiques sur le bras en réduisant la vibration musculaire, ce qui permettrait de limiter le risque de crampes, et sur la circulation du sang. Voilà pour une théorie largement diffusée par tous ses utilisateurs, mais corroborée par aucune étude scientifique puisqu'il est quasiment impossible de rapprocher les tests en laboratoire des conditions réelles.

Il y a une dizaine d'années, Milos Raonic avait fait partie de ceux qui avaient démocratisé son utilisation. Il l'avait d'abord utilisée après une blessure puis l'avait conservée. "J'en avais besoin et c'est resté, avait-il alors expliqué. Mon staff m'a certifié que ça m'aidait et je n'ai pas trouvé d'argument pour le contredire."

Carlos Alcaraz s'était exécuté de la même manière, en début d'année dernière, après plusieurs semaines de douleurs à l'avant-bras. "Mon kiné me dit de le mettre, donc je le fais, avait confié le grand rival de Sinner. Il ne m'a pas expliqué exactement pourquoi, mais je lui fais entièrement confiance. Et s'il me dit de le mettre, j'obéis."

Le manchon pourrait simplement donner l'illusion d'une protection supplémentaire pour l'une des parties du corps les plus sollicitées chez un tennisman. Un effet placebo, en quelque sorte. Même si certaines conditions pourraient le dissiper. "Je dois voir ce que ça donne quand il fait très chaud et humide, a admis Sinner. Parce que ça pourrait être différent. C'est quelque chose que je vais prendre en considération. Mais pour l'instant, j'aime la sensation de puissance pure qu'il procure."

Les prochains jours à Cincinnati devraient offrir des conditions météorologiques très similaires à celles qui ont accompagné le match de Sinner face à Galan. De quoi offrir quelques motifs d'inquiétude à son adversaire au 3e tour, Gabriel Diallo. Même si l'Italien n'a pas toujours eu besoin d'accessoire pour faire peur.