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"Sans ce Covid long, Ugo serait Top 15" : Humbert, une année en enfer décryptée par son coach Thierry Ascione

Maxime Battistella

Mis à jour 20/06/2022 à 17:06 GMT+2

Alors qu'Ugo Humbert est sorti du Top 100 pour la première fois depuis trois ans et demi, Thierry Ascione, l'un de ses entraîneurs, nous a accordé un entretien. Il explique l'année difficile de son joueur par les effets à long terme du vaccin puis du Covid contracté en janvier. Il annonce aussi un changement de structure autour du Messin et l'arrivée d'un nouveau coach à la place de Nicolas Copin.

Du Queen's à Halle, les bonnes séries se poursuivent... comme les mauvaises

Ugo Humbert vient de sortir du Top 100 et a connu une année difficile. Comment expliquez-vous ce premier coup d'arrêt dans sa jeune carrière ?
Thierry Ascione : Il faut essayer d'être le plus factuel possible dans ce qu'il s'est passé. Tout allait bien jusqu'à août dernier (après son quart de finale aux Jeux Olympiques, NDLR) et le vaccin, puis le Covid en janvier, l'ont atteint. Il a eu deux Covids longs. Malheureusement, il n'y a pas d'autre explication. Il prend son vaccin, il ne se sent pas bien, il arrête sa saison en septembre parce qu'il est fatigué et qu'il a mal partout. Derrière, il se repose, il refait une super préparation hivernale, une super Hopman Cup, il bat (Daniil) Medvedev, il n'est pas loin de battre (Matteo) Berrettini. Et à Melbourne, il prend encore le Covid, il est bloqué dix jours dans une chambre, et il commence seulement à se sentir bien aujourd'hui.
Au-delà du Covid, le fait d'enchaîner les défaites cette année (15 pour 5 victoires) l'a-t-il atteint ?
T. A. : Oui, il y a une perte de confiance, mais il faut prendre du recul… Il avait envie de 'matcher' et il a fait ses matches. Le but, c'est de prendre un peu de hauteur et d'être le plus lucide possible et se dire qu'on perd de la confiance quant on est à 100 % de ses moyens et qu'on perd, mais quand on est à 50-60 %... Le plus important pour lui, ça va être de repartir de zéro dans le travail, dans l'énergie. Il y a un staff qui va arriver et un nouveau coach qui sera avec lui et avec moi dans les jours qui viennent.
Ça fait quelque temps que j'entraîne des champions. Et je peux vous dire que sans Covid, sans vaccin et tout ça - et il y en a plein qui sont dans la même situation, Jérémy Chardy n'a pas joué depuis deux ans par exemple -, Ugo devrait être entre 12 et 15 mondial. Il n'a pas pu pour des raisons médicales et il y a eu une petite pause dans son évolution. Il va retravailler et ça lui servira d'expérience. Et j'espère pour lui que dans quelques mois, il en rira. Mais c'est vrai qu'il l'a très mal vécu. C'est pour ça que sa communication était très neutre, il ne savait pas ce qu'il avait.
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Ugo Humbert à Halle en 2022

Crédit: Imago

Nicolas Copin ne fera donc plus partie de son équipe, c'est ça ? Et qui est son nouveau co-entraîneur ?
T. A. : Oui, ils arrêtent ensemble. C'est pour prendre un nouveau départ. Et vous n'aurez pas le nom du nouveau coach pour le moment, désolé. (Rires.)
Un blocage en Grand Chelem ? Il ne faut pas créer de fausses histoires
Il avait même décidé ces derniers temps d'enchaîner les tournois seul, sans coach. Pourquoi ?
T. A. : Il a voulu être seul pour prendre son temps, parce qu'il n'avait pas le sentiment de maîtriser son corps. Il a fait ce choix-là. Ça l'a rendu triste, mais il aime tellement le tennis qu'il a préféré continuer à jouer, notamment à Montpellier et il s'est blessé à l'adducteur et ça s'est enchaîné. Et aujourd'hui, il peut recommencer à travailler. J'ai envie de dire que c'est un peu la faute à pas de chance… A Roland, il a aussi souffert de l'épaule gauche parce qu'il s'entraînait moins que d'habitude, parce que son corps reprenait de l'énergie petit à petit. Et là, il se sent vraiment bien et il a demandé à avoir une équipe autour de lui à Wimbledon parce qu'il se sent de retravailler.
Avant même son Covid, Ugo avait quand même quelques difficultés à passer un cap en Grand Chelem, non ? Depuis son 8e de finale à Wimbledon en 2019, il n'a plus franchi le 2e tour en Majeur…
T. A. : Alors, il y a eu ces cinq sets contre Nick Kyrgios en Australie et à Wimbledon (défaites au 2e et au 1er tour en 2021, NDLR), mais derrière à l'US Open (battu par Peter Gojowczyk encore en cinq manches), il ne pouvait pas jouer. En Australie cette année, il avait le Covid et à Roland, il n'était pas bien. Il ne faut pas créer de fausses histoires. Quand un gamin est capable de battre une fois sur deux un Top 10, il n'y a pas de problème psychologique en Grand Chelem. Ce sont juste des mauvais tours, des mauvais tirages, un manque d'opportunisme, d'engagement, un coup droit qu'il n'aurait pas dû rater… Quand il perd contre Kyrgios en ayant break d'avance avec une balle courte en coup droit et qu'il se trompe, c'est juste un mauvais choix.
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Il n'y a donc pas de blocage au meilleur des cinq sets pour vous ?
T. A. : A Wimbledon, sur trois jours, cette fin de match, c'était de la roulette, ça pouvait aller dans les deux sens. Quand vous perdez 9-7 au 5e, ce n'est pas psychologique. Kyrgios, personne ne voulait le jouer au 1er tour l'an dernier, et ce sera la même chose cette année d'ailleurs sur gazon. Quand vous êtes capable de gagner trois tournois si jeune dans votre carrière (Humbert a 23 ans, NDLR), dont un ATP 500 en battant trois Top 10 (à Halle en 2021), de faire un gros coup à Bercy (quart de finale en 2020 après avoir battu Tsitsipas notamment, NDLR), il n'y a pas de blocage. En revanche, il a un vrai travail spécifique à faire sur terre battue, parce que c'est une surface sur laquelle il peut être surprenant dans des conditions rapides comme à Roland.

A Wimbledon et sur gazon pour se donner un nouvel élan

Il n'était pas loin contre Hubert Hurkacz, futur vainqueur, la semaine dernière à Halle. Qu'est-ce qui lui manque pour retrouver son meilleur niveau ?
T. A. : Continuer à travailler, être plus précis dans son travail, se libérer dans la tête. Je vous parle de nouveau départ, il a de la chance parce qu'il n'est pas bien vieux. (Rires.) Repartir avec une bonne énergie, se protéger aussi pour qu'il n'ait pas le sentiment à chaque fois qu'il croise quelqu'un d'être un échec ou de ne pas arriver à ce qu'on attendait de lui. C'est important de faire tout ça.
Sans être protégé par le statut de tête de série, quel est l'objectif pour Wimbledon ?
T. A. : Il faut évidemment arriver à avoir cette notion de plaisir. Mais l'objectif, c'est de gagner le maximum de matches. Continuer à remettre son tennis en place. Au classement, ça n'ira de toute façon pas mieux après Wimbledon parce qu'il n'y a pas de points, mais derrière il joue Newport. Avant, il joue Eastbourne, cette semaine. L'idée, c'est de reconstruire son tennis et de retourner sur le chemin de là où il doit être. Son jeu se marie particulièrement bien avec le gazon.
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Mentalement, Ugo est-il prêt à remonter la pente ?
T. A. : Oui, ça fait quelque temps que ça va mieux, il s'est trouvé un équilibre personnel. Maintenant, il faut retrouver cette énergie professionnelle pour aller chercher les objectifs, parce qu'Ugo est quelqu'un de très ambitieux. Depuis qu'il se sent apte à repartir au combat, il a demandé à ses proches d'être prêts et de renouveler les défis.
Avant cette année difficile, il espérait entrer dans le Top 20. A moyen terme, vise-t-il des secondes semaines de Grand Chelem ?
T. A. : C'est compliqué d'être Top 20 sans faire de seconde semaine en Grand Chelem. Mais pour le moment, il a des objectifs physiques, tennistiques et de jeu et le classement et les résultats, ce sont les conséquences. Il ne faut pas viser tout de suite les conséquences, ça va être un travail au quotidien. Vu son niveau de tennis et ses qualités, ça peut vite prendre d'une semaine à l'autre. Il faut juste se donner l'opportunité chaque semaine de gagner des gros matches et des tournois. Physiquement, il est désormais à 100 % pour retravailler et se refaire une caisse, c'est l'essentiel.
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