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ATP Miami : "En forme, en paix et heureux", Nick Kyrgios n'en est que plus dangereux

Maxime Battistella

Publié 29/03/2022 à 00:07 GMT+2

ATP MIAMI - Opposé à Jannik Sinner dans un huitième de finale qui promet mardi, Nick Kyrgios réalise un début de tournoi impressionnant en Floride, sur la lancée de son quart de finale à Indian Wells. En quête de stabilité depuis des années, l'Australien semble l'avoir trouvée hors du court, ce qui lui permet d'exprimer à nouveau son talent hors norme raquette en main.

Coup entre les jambes, distribution de parpaings : du pur Kyrgios pour pousser Rublev à la faute

Les plus grands showmen cachent souvent une grande sensibilité. Parlez-en à Gaël Monfils dont certaines facéties sur le court ont longtemps été assimilées à des pitreries qui montreraient une certaine désinvolture vis-à-vis du tennis, voire un manque de professionnalisme. En plus de son amour pour le spectacle, l'intéressé l'a souvent dit : quand il ne va pas bien en dehors du court, difficile pour lui de faire semblant quand il joue, mais l'inverse est aussi vrai. Et le diagnostic semble être le même pour un autre génie (parfois incompris) du circuit : Nick Kyrgios.
En septembre dernier, à la sortie d'un été tennistique compliqué qui l'avait vu enchaîner cinq défaites (Laver Cup comprise), l'Australien mettait un terme prématuré à sa saison 2021, laissant entendre que la retraite était une réelle possibilité à court terme. Souffrant du genou et clairement à l'envers mentalement, il n'avait plus la tête au tennis. Six mois plus tard, le voilà ressuscité et redevenu à Miami une menace pour n'importe quel joueur du circuit, et surtout pour les meilleurs.
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Une démonstration de force en 52 minutes chrono : comment Kyrgios a écoeuré Rublev

Dans ma vie, ça va mieux et ça m'aide à jouer mon meilleur tennis
Avant de croiser le fer contre Jannik Sinner en huitième, il n'a toujours pas perdu le moindre set en Floride en trois matches. Mieux, il n'a passé que 3h25 sur le court pour y parvenir, ne faisant notamment qu'une bouchée d'Andrey Rublev (6-3, 6-0) et de Fabio Fognini (6-2, 6-4) respectivement en 52 minutes et 1h01. Au HardRock Stadium, il a ainsi confirmé voire amélioré ce qu'il avait montré à Indian Wells, où seul Rafael Nadal l'avait arrêté en quart de finale au prix d'un sacré combat de quasiment trois heures (7-6, 5-7, 6-4). Comment expliquer une telle renaissance ?
L'intéressé lui-même l'affirme : il s'est remis tout simplement la tête à l'endroit. "Dans tous les aspects de ma vie, ça va mieux. J'ai dû gérer beaucoup de trucs compliqués ces deux dernières années. Et désormais, je suis en paix. Je ne m'inquiète plus de rien et je ne suis pas stressé. Et deux heures par jour, je profite bien du tennis sur le court. Je pense que le fait d'être en paix et heureux m'aide à jouer mon meilleur tennis. J'ai juste le bon état d'esprit", a-t-il ainsi confié après sa victoire marquante face au Russe au 2e tour.
Le Covid et la détresse qu'il a engendrée chez ses proches et ses compatriotes australiens confrontés à des confinements très stricts à répétition l'ont longtemps affecté, de même qu'une rupture amoureuse la saison dernière. Mais depuis, il a retrouvé chaussure à son pied et affiche régulièrement son bonheur sur les réseaux sociaux. Cette nouvelle relation lui apporte plus d'équilibre au quotidien. "Plus tôt dans ma carrière, je faisais la fête jusqu'à 4h du matin. Maintenant, c'est plus relax, je dors bien", a aussi confié Kyrgios à la télévision américaine.

Une préparation hivernale sérieuse qui porte ses fruits

Alors, 26 ans serait-il l'âge de la maturité pour l'un des enfants terribles du tennis australien ? Une chose est certaine, ce regain de sérénité et de tranquillité mentale lui a permis de retrouver du plaisir dans le tennis et même… la préparation physique. En somme, bien que toujours aussi rare sur le circuit - il ne jouera pas la saison sur terre battue -, Kyrgios a serré les boulons et se comporte à nouveau comme un professionnel.
Aussi talentueux soit-il, Kyrgios n'enchaînerait pas les victoires comme il le fait actuellement si son corps ne tenait pas le choc. "Ce qui est sûr, c'est que j'ai travaillé plus dur que jamais. J'ai fait la préparation hivernale la plus importante de ma carrière. Je suis dans une forme que je n'avais pas connue depuis longtemps. C'est quasiment ma neuvième année sur le circuit. Je sais que je vais avoir des semaines incroyables et d'autres où ce sera embarrassant d'un point de vue tennis. Mais ma vie n'épouse plus ces montagnes russes désormais, c'est-à-dire profiter excessivement des hauts et noyer son chagrin dans les bas. J'essaie de traverser tout ça de la même manière quoi qu'il arrive, c'est plus sain pour moi", a-t-il encore expliqué.
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Un set à sens unique, un autre spectaculaire : Kyrgios - Fognini, c'était brûlant

Car si Kyrgios n'avait fait qu'illusion grâce à son talent contre Daniil Medvedev au 2e tour de l'Open d'Australie, il ne devait pas son manque de fraîcheur physique à un manque de travail. Une semaine tout juste avant le début du tournoi, il avait ainsi contracté le Covid, ce qui l'avait empêché de bien s'entraîner avant le tournoi de simple. Mais fier de sa prestation face au Russe, il l'avait ensuite utilisée pour s'impliquer comme jamais auparavant en double avec son acolyte Thanasi Kokkinakis, les deux Aussies finissant par être sacrés devant leur public.

Des progrès à la relance grâce... au double

En retrouvant le circuit aux Etats-Unis, Kyrgios a ainsi décidé d'entretenir ce cercle vertueux. Battus en huitièmes à Indian Wells par les futurs vainqueurs John Isner et Jack Sock, ils sont d'ores et déjà qualifiés pour les quarts à Miami. Outre le plaisir de partager des bons moments entre amis sur le court, le facétieux Nick s'est pris au jeu et se sert même de l'exercice pour peaufiner ses réglages sur le plan technique.
"Je voulais entretenir la dynamique. Dès que j'ai eu des occasions de break, je voulais vraiment les convertir. J'ai bien servi et je suis heureux de passer. Je retourne aussi bien, mes matches en double m'ont beaucoup aidé sur ce plan. La manière dont je sers et je retourne, c'est quelque chose !", s'est d'ailleurs enthousiasmé Kyrgios après sa victoire sur Fognini. Agressif à la relance, il prend systématiquement ou presque sa chance sur seconde balle adverse, une stratégie qui lui a permis d'emmagasiner pas moins de 9 breaks en trois matches.
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Mannarino impuissant face à Kyrgios : les temps forts de leur premier tour

Et quand on connaît la force de frappe au service du phénomène, inutile de dire que pour le battre, la mission semble plus que complexe. Avec 77% premières balles en moyenne, il n'a concédé jusqu'ici que trois petites balles de break (et une fois son service), toutes en tout début de partie contre Rublev. De quoi faire de lui l'épouvantail de son quart de tableau, voire espérer aller au bout tout simplement ? Kyrgios ne voit pas si loin, et c'est sans doute sa plus grande force du moment : profiter du moment présent.
"Que l'adversaire soit Top 10, Top 20 ou Top 1000, ça n'a pas d'importance. Je peux perdre contre n'importe qui et gagner contre n'importe qui, c'est l'histoire de ma carrière. Je sais que je suis capable de jouer à ce niveau (vu contre Rublev, NDLR). Bien sûr, ça ne va pas être le cas tout le temps, ce n'est pas réaliste de penser ça. Je prends les choses comme elles viennent. Dans ce sport, vous pouvez être dans un grand jour, et le lendemain pas aussi bon. Vous essayez juste de surfer sur la vague."
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