ATP Monte-Carlo - Avant de défier Francisco Cerundolo au 1er tour, Carlos Alcaraz doit refaire de la terre battue son pilier
Mis à jour 09/04/2025 à 08:50 GMT+2
Au sortir d’un début d’année 2025 globalement en deçà de ses attentes, Carlos Alcaraz doit absolument profiter de la saison sur terre battue, qu’il lancera ce mercredi à Monte Carlo face à Francisco Cerundolo, pour retrouver sa joie de jouer et réaffirmer son autorité sur le circuit. En bon Espagnol, il a tout pour le faire, même s’il a parfois entretenu un rapport paradoxal avec la surface ocre.
Monte-Carlo est le meilleur tournoi de la saison ! (zéro débat)
Video credit: Eurosport
Carlos Alcaraz et Monte Carlo, c’est d’abord l’histoire d’un malentendu, et d’une vilaine statistique qu’il lui faudra très vite effacer : l’Espagnol n’a jamais gagné le moindre match en Principauté, où il avait été battu dès le premier tour en 2022 par Sebastian Korda avant de devoir y renoncer sur blessure en 2023 et 2024. Autant dire qu’il ne regarde, pour l’heure, sans doute pas beaucoup plus loin que son entrée en lice sur le Rocher, d’autant que celle-ci s’annonce épineuse, ce mercredi, face au toujours piquant Francisco Cerundolo.
- Comment suivre le Masters 1000 de Monte-Carlo
- Suivez le Masters 1000 de Monte-Carlo en intégralité sur Eurosport via Max !
Alcaraz le sait mieux que personne : il est particulièrement attendu au tournant sur ce rendez-vous monégasque, et plus largement sur la saison sur terre battue, où il aura gros à défendre. Et l’on ne parle pas forcément au sens arithmétique du terme puisque, avant son sacre à Roland-Garros en 2024, il avait dû renoncer à quasiment tout le printemps sur ocre – Madrid mis à part, où il avait été battu en quarts par Andrey Rublev - en raison d’une douleur au bras droit.
Non, Alcaraz doit surtout réaffirmer son autorité sur le circuit, qu’il a un peu perdue au fil d’un début de saison en-deçà de ses attentes. Il y a eu, certes, un premier titre important en indoor à Rotterdam, mais pas grand-chose d’autre à signaler, sinon une tournée américaine globalement ratée, selon ses standards, avec la perte de sa couronne à Indian Wells face à Jack Draper, suivie d’une défaite un peu moche, d’entrée à Miami, contre David Goffin. Et, avec elle, l’abandon de tout espoir de reprendre à court terme la place de numéro 1 mondial à Jannik Sinner, dont le retour aux affaires après sa suspension interviendra dans moins d’un mois, pour le Masters 1 000 de Rome.
/origin-imgresizer.eurosport.com/2025/03/25/4113246-83402568-2560-1440.jpg)
Alcaraz, le mal est-il profond ? "Il a sans doute beaucoup de mal à gérer toutes les sollicitations"
Video credit: Eurosport
Sans vouloir lui rajouter une couche de pression dont il dit avoir été un peu accablé ces dernières semaines, c’est dire l’importance de la saison sur terre battue qui s’ouvre pour le prodige espagnol. Passe encore pour son bulletin de notes à l’issue d’un premier trimestre qui n’a, de toute façon, jamais vraiment été sa tasse de thé : il n’y a pas encore de quoi hurler au loup. S’il ne parvenait pas, en revanche, à redresser la barre au cours des deux mois qui arrivent, il serait alors temps de lâcher le mot qui fâche. Celui de crise.
Pour Alcaraz, il est donc urgent de revenir aux fondamentaux. Et les fondamentaux, quand on est Espagnol, ont toujours la couleur de l’ocre, une surface qui coule génétiquement dans ses veines mais avec laquelle il a parfois entretenu des rapports un peu paradoxaux, du moins jusqu’à son sacre parisien l’année dernière. Parce qu’il a gagné son premier Grand Chelem (US Open 2022) et même son premier Masters 1 000 (Miami 2022) sur dur, parce qu’il a gagné deux fois plus de Wimbledon que de Roland-Garros, Alcaraz a longtemps renvoyé l’impression d’être davantage un joueur de surfaces rapides que de terre battue. Un malentendu, là encore ?
Pas forcément. Dans son tennis aussi, parce qu’il est doté d’un package « full options » assez éloigné du cliché espagnol, le Murcien s’est beaucoup éloigné des standards habituellement érigés par ses glorieux compatriotes sur terre battue. Et ce, avant même de faire l’arrivée tonitruante que l’on sait sur le grand circuit. On a en tête, par exemple, un tournoi juniors à Casablanca, en 2018, où il avait été battu en demi-finale par son aîné d’un an, le Français Arthur Cazaux (6-3, 7-5).
il y a peut-être aussi du vrai là-dedans, à savoir que j’ai plus de mal à trouver des solutions sur dur, et que je me sens au final plus à l’aise sur terre.
"On ne peut pas dire qu’Alcaraz avait joué ce match comme un spécialiste de la terre battue, se souvient Julien Gillet, qui entraînait le Montpelliérain à l’époque. En tout cas, il ne proposait pas un tennis classique d’Espagnol sur terre battue, à envoyer des gros lifts loin derrière sa ligne, comme le faisait aussi Nadal à ses débuts. Lui jouait déjà de manière très agressive, dans le court, avec une qualité de frappe impressionnante en coup droit. Mais ce jour-là, contre Arthur qui avait fait un excellent match, il avait commis beaucoup de fautes en faisant preuve d’impatience, comme cela peut lui arriver encore aujourd’hui."
Mais comme cela n’arrive jamais, normalement, à un pur spécialiste de l’ocre. C’est l’éternel problème d’Alcaraz : la possibilité de faire beaucoup de choses, donc d’avoir l’embarras du choix, quand la terre battue nécessite une logique de répétition, presque un travail de dur labeur qui ne sied pas forcément aux gens les plus gâtés par la nature. Surtout pour lui qui a, en plus, le souci permanent du show. D’ailleurs, au diapason de son jeu, le prodige de Murcie a également souvent entretenu, dans son discours, l’ambiguïté sur la nature de sa surface préférée, citant plutôt le dur et le gazon à ses débuts – peut-être une manière aussi de repousser autant que possible les comparaisons avec Nadal ? – avant de progressivement nuancer son propos.
/origin-imgresizer.eurosport.com/2023/06/07/3722361-75737148-2560-1440.jpg)
Monte-Carlo est le meilleur tournoi de la saison ! (zéro débat)
Video credit: Eurosport
"J’ai envie d’écrire mon nom dans l’histoire de Roland-Garros et des tournois sur terre battue en général, car c’est une surface très importante pour moi, a-t-il ainsi déclaré dimanche à Eurosport depuis Monte Carlo. Sur terre, on joue finalement assez peu de tournois, comparé au dur. C’est peut-être pour ça que je donne une plus grande impression de contrôle. Mais il y a peut-être aussi du vrai là-dedans, à savoir que j’ai plus de mal à trouver des solutions sur dur, et que je me sens au final plus à l’aise sur terre."
En tout cas, si c’est effectivement sur dur qu’il a signé ses premiers gros succès, c’est tout de même sur terre battue, surface sur laquelle il a été formé à la Real Sociedad Club de Campo de Murcie, qu’Alcaraz a bâti le tremplin qui lui a permis de faire le "jump" vers le plus haut niveau. C’est sur terre qu’il a conquis ses deux seuls titres chez les juniors, son premier titre pro en Future, ses quatre titres en Challengers et ses deux premiers titres sur le circuit principal. Bref, cela reste sa surface originelle, la matrice de son jeu et la source de sa légende. Celle dans laquelle il doit se replonger, aujourd’hui, pour mieux se régénérer.
Pour moi, il a toutes les armes du terrien. C’est juste qu’il a tellement d’options qu’il lui faut un peu de temps, parfois, pour trouver ses bons schémas de jeu sur terre.
Un Alcaraz qui joue bien, c’est entendu, est un Alcaraz irrésistible partout, quelle que soit la surface et, on a envie de rajouter, quel que soit l’adversaire. Mais un Alcaraz qui joue moins bien est un Alcaraz sujet à de grosses contre-performances sur surfaces rapides, là où elles sont finalement assez rares sur terre battue : outre son revers monégasque contre Korda en 2022, dont on a parlé, on peut aussi évoquer sa défaite d’entrée à Rome en 2023 contre Fabian Marozsan, alors qu’il venait de gagner à Madrid. Ou contre Cameron Norrie en finale de Rio en 2023.
Mais depuis deux ans, c’est à peu près tout. Pas de honte à perdre contre un Novak Djokovic à Roland-Garros ou aux Jeux Olympiques. D’une manière générale, « Carlitos » se rate rarement sur terre, surface sur laquelle il présente un ratio de victoires à la hauteur des plus grandes légendes de l’ocre (81,8%), seulement devancé dans l’ère Open par, excusez du peu, Rafael Nadal (90,5%) et Björn Borg (86,1%). Certes avec beaucoup moins de matches au compteur. Mais tout de même.
"Pour moi, il a toutes les armes du terrien, avec ses trajectoires bombées, ses décalages coup droit et son kick au service, poursuit Julien Gillet qui travaille désormais avec l’un des joueurs français les plus "hot" du moment, Valentin Royer, auteur lui aussi d’une victoire contre Alcaraz chez les juniors (mais sur abandon, et sur gazon). C’est juste qu’il a tellement d’options qu’il lui faut un peu de temps, parfois, pour trouver ses bons schémas de jeu sur terre. Il est tellement puissant qu’il veut parfois finir trop vite. Mais s’il accepte de bien poser son jeu, bien construire ses points, il devient redoutable."
/origin-imgresizer.eurosport.com/2025/04/07/image-d056659a-482a-4193-b386-8818fc1d6759-85-2560-1440.jpeg)
Carlos Alcaraz et Novak Djokovic ont partagé une session d'entraînement à Monte Carlo.
Crédit: Getty Images
Ces derniers mois, "Carlitos", et c’est tout à son honneur, a pas mal innové pour continuer à progresser : nouveau geste au service, nouvelle préparation en revers, rajout de quelques grammes de plomb dans sa raquette, embauche d’un technicien supplémentaire dans son staff (Samuel Lopez, qui l’assistera à Monte Carlo). Il a continué de le faire pour cette nouvelle saison sur terre battue, avec l’adoption d’un nouveau modèle de chaussures, comme il l’a également confié à Eurosport.
Mais plus que tout autre chose, il avait peut-être surtout besoin d’un break au sortir d’une tournée américaine où, au-delà des résultats, il a semblé moins heureux que d’habitude sur le court. Et c’est ce qu’il a fait en s’offrant quelques jours de vacances au Mexique, avant de revenir au charbon, chez lui à Murcie, puis ici à Monte Carlo où on l’a vu s’offrir une royale séance d’entraînement avec Novak Djokovic.
De là à le voir complètement régénéré en Principauté ? On le saura vite. Mais, à un moment un peu moins euphorique de sa carrière, le timing serait bon, en tout cas, pour se retrancher derrière ses fondamentaux. Et refaire de la terre le pilier de sa confiance, et de ses résultats.
Sur le même sujet
/images.sports.gracenote.com/images/lib/basic/geo/country/flag/large/2768.png)
/images.sports.gracenote.com/images/lib/basic/geo/country/flag/large/2203.png)