L'autre triomphe espagnol

COUPE DAVIS - VAINQUEUR : ESPAGNE

ESPAGNE bat ETATS-UNIS 3-2

C. Moya (Esp) bat A. Roddick (Usa) 6-2, 7-6 (7/1), 7-6 (7/5)
M. Fish (Usa) bat T. Robredo (Esp) 7-6, 6-2

Absent de la campagne victorieuse de l'an 2000 à Barcelone (victoire 3-1 sur l'Australie), Carlos Moya avait fait de la finale de Coupe Davis 2004 son objectif majeur de fin d'année, et presque du semestre. A l'instar de Lleyton Hewitt l'an dernier, le Majorquin n'a quasiment pas joué après l'US Open. Une préparation qui a porté ses fruits ce week-end contre Mardy Fish et Andy Roddick.

Dans un contexte idéal, stade, surface et public chauffé à blanc, le triomphe hispanique était peut-être écrit pour certains. Mais Carlos Moya a eu le mérite vendredi et samedi de réciter son tennis sans une seule fausse note. Face au numéro 2 mondial, la moindre marque de suffisance aurait pu faire basculer le destin de ce troisième simple décisif. Diminué physiquement, incapable de trouver la parade tactiquement face aux maîtres de la surface, Andy Roddick a tout tenté, tout donné et livré un match exemplaire.

Pris à la gorge d'entrée par les retours de l'Espagnol, Andy a concédé deux fois son service et perdu le premier set (6-2) avant même d'avoir mis en place son jeu. L'Américain n'avait jamais perdu contre Moya. Mais les matches précédents avaient eu lieu sur dur. Freiné par la terre humide sévillanne, ses services à 236 km/h et ses coups droits n'ont pas été assez tranchants.

Ce n'est qu'en s'abandonnant corps et âme dans une fuite en avant désespérée qu'il a pu accrocher son adversaire plusieurs fois sur son engagement (8 balles de break au total) et disputer deux tie-breaks. Une dépense d'énergie phénoménale qui lui a coûté un peu de clairvoyance sur les points importants.Le deuxième set en a été le triste exemple. Il fait le break à 3-1 mais commet trois doubles fautes et loupe une volée facile le jeu suivant. Plus tard, il est totalement dépassé dans le tie-break. EVOLUTION DU SCORE DU TIE-BREAK, Roddick sert le premier : 1/0 - 1/1, 1/2 - 1/3(bk Esp), 1/4 (dble bk Esp) - 1/5, 1/6 - 1/7.

Pas défaitiste, l'Américain a connu à peu près le même sort dans la dernière manche. Usé par la diversité des coups de son adversaire, la panoplie complète du terrien (amorties, contre-pieds et lobs), hué avant de servir ses deuxièmes balles, ses ruées vers le filet sont devenues progressivement pathétique. "C'est dur. J'ai eu l'impression d'avoir été tout le temps dans le coup. J'ai eu mes chances, mais je ne les ai pas saisies" a-t-il finalement avoué.

Incapable d'exploiter les surprenantes fautes directes de Moya, à 4-4, 30/A, il commet de grossières erreurs à la volée. Le dernier tie-break est son chant du cygne. EVOLUTION DU SCORE du TIE-BREAK, Moya sert le premier : 1/0 - 1/1, 1/2 - 2/2, 3/2 - 3/3, 3/4(bk Esp) - 3/5, 3/6 - 4/6, 5/6 - 5/7.

Roddick peut sortir la tête haute. Mais que dire alors de Carlos Moya, porté en triomphe par ses coéquipiers, qui a donné deux points à son pays et lui permet de compter désormais deux titres, soit juste un de moins que l'Allemagne, 5e au palmarès. Personnellement, l'Espagnol a atteint son objectif. Son tennis intelligent et efficace méritait un tel sacre, six ans après sa victoire à Roland-Garros, et devant 27 000 personnes...