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Le Top 50 des matches des années 2010 : Djokovic - Nadal, l'emblématique bataille de Melbourne

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 27/12/2019 à 20:04 GMT+1

C'est l'heure du verdict pour notre classement des 50 matches les plus marquants des dix dernières années dans le tennis masculin. Tout au long de la journée de vendredi, découvrez les dix premiers. Voilà, nous y sommes. Pour nous, le match numéro un de ces dix dernières années a opposé en 2012 Novak Djokovic à Rafael Nadal en finale de l'Open d'Australie. Le match emblématique de cette décennie.

Le Top 50 des années 2010.

Crédit: Eurosport

Dossier réalisé par Laurent VERGNE et Rémi BOURRIERES
Tout au long de la journée de vendredi, retrouvez les dix premiers de notre classement des matches des années 2010. Début du compte à rebours à 10 heures du matin avec le 10e, puis un match par heure jusqu'au numéro un, à 19 heures.

10. Juan Martin Del Potro – Andy Murray

Coupe Davis
Edition : 2016
Tour : Demi-finale (1er match)
Vainqueur : Juan Martin Del Potro (Argentine)
Adversaire : Andy Murray (Grande-Bretagne)
Score : 6-4, 5-7, 6-7(5), 6-3, 6-4
Le plus grand match de Coupe Davis de ces dix dernières années. Ne serait-ce que symboliquement, il était tentant pour nous de garder parmi les dix premiers une petite place à la vénérable épreuve dont les dernières turpitudes se sont, en dépit du maintien de son appellation, apparentées à une forme de mise à mort. Mais nous n'aurions pas mis un match de Coupe Davis aussi haut juste pour mettre un match de Coupe Davis. Encore fallait-il qu'il le mérite. Or cette rencontre entre Juan Martin Del Potro et Andy Murray, Coupe Davis ou pas Coupe Davis, est tout simplement un immense moment de tennis.
Elle a marqué le coup d'envoi de la demi-finale entre la Grande-Bretagne, alors tenante du titre, et l'Argentine, en quête de son premier Saladier après quatre échecs en finale. Murray et Del Potro ont la charge de lancer les débats et c'est peu dire qu'ils vont se montrer à la hauteur. Cinq sets d'une intensité jamais démentie, un niveau de jeu digne des meilleures finales de Grand Chelem et, à l'arrivée, le plus long match de la carrière des deux hommes : cinq heures et sept minutes.
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Coupe Davis 2016 : Le duel inoubliable entre Juan Martin Del Potro et Andy Murray.

Crédit: Getty Images

Le clou du spectacle ? Un 3e set d'anthologie, long de plus d'une heure et vingt minutes. Murray va se l'approprier pour mener deux manches à une. Mais ça ne suffira pas. Au courage, au talent, au forceps, Del Potro va aller chercher ce point qui pèse si lourd. Son passing de coup droit en bout de course pour s'offrir le break décisif à 3-3 dans le dernier set reste un modèle du genre.
Vainqueur du dernier Grand Chelem des années 2000, Juan Martin Del Potro n'a pas su, et surtout pas pu donner suite à ce coup d'éclat initial. La faute à des tissus de cristal derrière l'apparente charpente en béton armé. Mais cette Coupe Davis 2016 constitue un joli lot de consolation. On ne gagne jamais la Davis tout seul, mais ce sacre argentin est bien évidemment d'abord le sien. Et cette victoire face à Andy Murray reste son chef-d'œuvre.
Jamais l'Ecossais n'avait perdu un match de Coupe Davis à domicile. A domicile, il l'était vraiment, puisque cette demi-finale se déroulait à Glasgow, sa ville natale. Et ce n'était pas n'importe quel Murray : vainqueur de Wimbledon, champion olympique (en battant… Del Potro en finale), il était lancé dans le semestre de sa vie, qui allait le guider quelques semaines plus tard à la 1re place mondiale. Pour toutes ces raisons, il s'agit bien d'un monument des années 2010 en général, et pour Juan Martin Del Potro en particulier.

9. Novak Djokovic – Roger Federer

Wimbledon
Edition : 2019
Tour : Finale
Vainqueur : Novak Djokovic (Serbie)
Adversaire : Roger Federer (Suisse)
Score : 7-6(5), 1-6, 7-6(4), 4-6, 13-12(3)
Soyons clairs, ce match aurait pu prétendre à une position plus élevée s'il n'avait été "tronqué" par cette ineptie de tie break à 12-12 au 5e set. Un duel pareil, dans un contexte pareil, ne pouvait souffrir de cette mesure hybride, cet étrange "non choix" doublé d'une entrave à la tradition qui collent si mal à la mentalité du All England Club. Ni, surtout, d'une fin si tiède, comme un rideau tombé trop vite sur une scène alors éclaboussée de lumière…
Il en aurait fallu un peu plus, dans ce 5e set de très haute facture, pour rattraper les quatre premiers d'un niveau plus inconstant. Federer, impérial au service, dominait aux points et s'était même octroyé une balle de 3e set. Mais Djokovic avait su serrer la vis par deux fois au jeu décisif, marquant des précieux points psychologiques dans l'optique du sprint final.
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Novak Djokovic et Roger Federer à Wimbledon en 2019

Crédit: Getty Images

Le 5e est donc le paroxysme de ce choc de titans. Il donne lieu à un irrespirable chassé-croisé. Djokovic breake pour mener 4-2. Mais Federer revient et, à 7-7, fait à nouveau la différence. Il sert pour le match. 40-15. Deux balles de match. Son arme maîtresse, le coup droit, s'enraye alors subitement, sous le poids, peut-être, de l'émotion. Un coup droit dévissé pour manquer la première balle de match. Une accélération de coup droit trop timide, sanctionnée d'un passing croisé, sur la deuxième. Deux autres coups droits mal centrés pour le débreak. Shocking !
Le Suisse, follement poussé par le public dans une ambiance d'hystérie, a encore deux occasions à 11-11. Mais Djokovic repousse une fois de plus les limites de sa résilience mentale. Et finit par survoler le tie break final pour sceller son 5e Wimbledon. On n'oubliera pas de sitôt, alors, son sourire narquois et cette façon de toiser le public, comme pour lui faire comprendre l'injustice mais aussi la puissance de ce désamour.
Federer, lui, aura quasiment tout bien fait. Ce match, au fond, il ne l'aura perdu que pour une seule raison : parce qu'en face, c'était Djokovic...

8. Stan Wawrinka – Stefanos Tsitsipas

Roland-Garros
Edition : 2019
Tour : Huitième de finale
Vainqueur : Stan Wawrinka (Suisse)
Adversaire : Stefanos Tsitsipas (Grèce)
Score : 7-6(6), 5-7, 6-4, 3-6, 8-6
Plus qu'un match, une véritable odyssée magnifique (5h09) disputée sous une chaleur de plomb et dans l'atmosphère incomparable du court Suzanne-Lenglen, toujours prompt à se muer en chaudron dans ce genre d'occasions. Il faut voir et revoir les "parpaings" que se sont jetés les deux hommes, unis dans leur bravoure et leur robustesse, visage cramoisi pour Stan, tee-shirt maculé de terre pour Stefanos, deux gladiateurs d'un autre temps lâchés dans une arène rugissante de plaisir.
Si le tennis se jouait au mérite, ou plutôt aux occasions manquées, ce duel serait sans doute revenu au plus jeune. Le Grec obtient une balle de 1er set, mais surtout huit balles de break lors d'un 5e à couper le souffle. Dont trois à 5-5 dans un jeu crucial, probablement le tournant du match. Péché de jeunesse sans doute, ou excès de prudence, Tsitsipas se montre top timide pour les convertir. A l'inverse de Wawrinka qui, lui, saute sur sa première occasion de break, qui est aussi une balle de match, à 7/6. Balle de match transformée par un petit passing de revers slicé qui vient lécher la ligne de couloir, malgré les véhémentes contestations de son adversaire.
Fin du match peut-être, mais pas du spectacle. La façon dont Tsitsipas donne du "drame" à sa défaite est à la hauteur de la passion qu'il vient de mettre dans ce match. En conférence de presse, on ne voit pas arriver un jeune homme fier de son combat, mais un guerrier abattu par son échec, comme s'il venait de perdre père et mère. "Ça faisait longtemps que je n’avais pas pleuré après un match. C'est la pire sensation au monde", lâche, entre deux sanglots, le futur vainqueur du Masters.
Tsitsipas a en lui un côté théâtral, c'est vrai, mais, pour le coup, il ne fait pas de cinéma. Il mettra plusieurs semaines à se relever psychologiquement de ce revers. Wawrinka, lui aussi, paiera l'addition, sur le plan physique, en quart de finale contre Federer. Voilà une odyssée qui aura laissé des traces...

7. Novak Djokovic – Rafael Nadal

US Open
Edition : 2011
Tour : Finale
Vainqueur : Novak Djokovic (Serbie)
Adversaire : Rafael Nadal (Espagne)
Score : 6-2, 6-4, 6-7(3), 6-1
Ce n'est pas la plus longue finale de l'histoire de l'US Open. Loin de là. Pas la plus accrochée. Et il s'en faut de beaucoup. Pas la plus tendue non plus. Alors, pourquoi elle ? Parce qu'elle est unique. Dans les rencontres mises à l'honneur ce vendredi dans le dernier volet de notre classement, il n'y a que des grands matches. La force de celui-ci, c'est de ne ressembler à aucun autre. Bud Collins, célèbre journaliste américain et véritable bible du tennis, a défini un jour ce sport comme "de la boxe sans le sang".
Aucun match dans l'histoire du tennis n'a mieux résumé cette maxime. C'est un pugilat tennistique. S'il fallait rapprocher cette finale de l'US Open 2011 d'un fameux combat de boxe, ce serait le Hagler – Hearns de 1985. La violence des coups durant quatre sets et un peu plus de quatre heures (malgré un set à 6-2 et un autre à 6-1) possède une force sidérante, presque une beauté sauvage. On peut ne pas tomber raide dingue d'un match de ce type, assez loin des standards des puristes, mais il est difficile d'y rester insensible. Dans son registre, il constitue un sommet inégalable. Nous, ce match nous a laissés scotchés devant notre écran, un peu abasourdis, avec la sensation de vivre quelque chose de nouveau.
En dehors de la finale de l'Open d'Australie 2019, jamais Rafael Nadal n'aura été à ce point dominé dans une finale de Grand Chelem. Ce soir-là, Novak Djokovic va parachever son extraordinaire saison 2011 par un Petit Chelem via sa 64e victoire en 66 matches. Miraculé (encore) contre Federer en demi-finale, il survole en revanche sa confrontation contre le Majorquin, réduit à l'impuissance. Mais la grandeur de cette finale doit, aussi, beaucoup à Rafael Nadal. Par son extraordinaire abnégation, sa volonté de ne rien céder même en étant acculé dans les cordes, il va contribuer à la dimension exceptionnelle de ce match.
La manière dont l'Espagnol va aller chercher le 3e set, à la grinta, en dit aussi long sur ce qu'il est que n'importe laquelle de ses victoires. Cette manche est peut-être la plus fantastique de la décennie. On ne se lasse jamais de la revoir. Le reste n'était pas mal non plus, mais trop à l'avantage du Djoker. Voilà sans doute ce qui fait défaut à cette finale : que Nadal, magnifique de courage (mais quand il s'agit de votre meilleur argument, ce n'est jamais bon signe) n'ait pas été en mesure de rivaliser sur l'ensemble du match. Mais Djokovic, au sommet de son expression et au faîte de sa confiance, était tout simplement trop fort dans cette finale fondatrice du "cosmic tennis".
A partir de ce "Djokodal" new-yorkais, tous les matches cités auraient pu se justifier à la toute première place de notre classement. S'il figure "seulement" au 7e rang, ce duel-là compte bien parmi les géants de la décennie.
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Matches de légende : Djokovic - Nadal 2011 ou le "Cosmic tennis" à son zénith

6. Rafael Nadal – Daniil Medvedev

US Open
Edition : 2019
Tour : Finale
Vainqueur : Rafael Nadal (Espagne)
Adversaire : Daniil Medvedev (Russie)
Score : 7-5, 6-3, 5-7, 4-6, 6-4
La toute dernière finale de Grand Chelem de la décennie n'aura pas été la moins marquante, ni la moins enthousiasmante. Pendant deux sets et demi, elle n'aurait pourtant même pas eu sa place dans les 50 matches... de l'année. Non que le match fut désagréable, mais il s'avérait pour le moins prévisible : un premier set accroché mais verrouillé in fine par Rafael Nadal. Puis l'envolée implacable du Majorquin qui va mener deux sets à rien et break dans la 3e manche. Voilà. Medvedev, sans démériter, n'était pas à la hauteur de son adversaire.
Mais c'est précisément cette première moitié de finale assez anecdotique qui donne toute sa valeur à ce qui a suivi, ajoutant à notre plaisir la surprise d'être comblés. Il est toujours fascinant d'assister à une forme d'éclosion, de naissance, de métamorphose. C'est exactement ce qui est arrivé à Daniil Medvedev. Bien sûr, le protégé de Gilles Cervara ne sortait pas de nulle part. Il avait flambé avant Flushing, remporté son premier Masters 1000 et atteint la finale. Il n'était donc pas un peintre. Mais offrir ce qu'il a offert dans ce duel contre Nadal, c'était autre chose que de battre Dimitrov, Wawrinka ou même de gagner à Cincinnati. Parce que c'était Nadal en face. Parce que, surtout, c'était une finale de Grand Chelem. Une terre inconnue pour lui, qu'il a bien failli conquérir dès son coup d’essai.
On ne décrira pas ici le déroulé d'un match encore frais dans vos mémoires. Mais le compromis qualité – intensité – suspense – émotion des trois derniers sets était tout simplement formidable. Mais le vrai plus de ce match, son plaisir indicible, ce fut son orgie de tennis offensif, de la part de deux joueurs que, spontanément, le quidam n'associerait pas forcément à des cavalcades vers l'avant. 140 points ont été remportés au filet, soit environ 40% des échanges disputés ce qui, dans le contexte actuel, est colossal. On a même pu voir Nadal et Medvedev multiplier les services-volées, y compris sur seconde balle. La fatigue a certes incité l'Espagnol et le Russe à raccourcir les échanges, mais qu'importe les raisons, le résultat, ce fut cette profusion de jeu d'attaque.
De la banalité programmée à l’excitation du grandiose et de l’inédit, cette finale aura opéré un salvateur virage à 180°. Nadal en est sorti vainqueur, comme prévu. Mais plus que la destination, c’est le chemin emprunté qui importe ici. Pouvait-on rêver meilleure conclusion pour le dernier match de Grand Chelem des années 2010 ?

5. Roger Federer - Rafael Nadal

Open d'Australie
Edition : 2017
Tour : Finale
Vainqueur : Roger Federer (Suisse)
Adversaire : Rafael Nadal (Espagne)
Score : 6-4, 3-6, 6-1, 3-6, 6-3
Certains d'entre vous s'attendaient peut-être à le voir plus haut. Peut-être même tout en haut. De notre point de vue, un Top 5 est tout à fait justifié. Mais pour grimper encore dans la hiérarchie, il a manqué à cette finale de l'Open d'Australie 2017 un soupçon de gigantisme dans les... quatre premiers sets. C'est un peu, en quelque sorte, le même syndrome que la dernière finale de Wimbledon. A ces quelques réserves près, il est incontestable que ce match demeure un des plus marquants des dix dernières années.
Ce fut, d'abord, le plus attendu de tous. Rarement une affiche aura suscité autant d'excitation. Sans doute parce qu'elle était devenue inespérée. Roger Federer, 35 ans et des poussières, sort en ce début d'année 2017 d'un semestre d'inactivité après une opération au genou. Rafael Nadal, lui aussi abonné à l'infirmerie fin 2016, n'était guère plus vaillant. Le Suisse n'avait plus gagné le moindre Grand Chelem depuis l'été 2012. L'Espagnol depuis Roland-Garros 2014. Ce duel-là, bouquet final sur la Rod Laver Arena, n'était donc pas le plus prévisible qui fut. Une sorte de paradis perdu enfin retrouvé.
Ce 35e "Fedal", le premier en Grand Chelem depuis trois ans, n'est pas le plus abouti (le couple hispano-suisse avait, il est vrai, placé la barre très haut depuis longtemps), mais il possède une saveur particulière. Les deux champions ont peiné à accorder leurs violons quatre manches durant, avant que la symbiose ne s'opère, pour le récital final dans un 5e set alliant beauté et intensité avec ce qui reste à coup sûr un des points de la décennie : à 4-3 Federer, égalité, un ping-pong hallucinant de 26 coups de raquette, ponctué d'un dernier contre en coup droit long de ligne de Federer. Trois points plus tard, il signait le break décisif.
Parce qu'il n'avait plus gagné de Grand Chelem depuis quatre ans et demi, parce qu'il n'avait plus battu Nadal dans un Majeur depuis Wimbledon 2007, parce qu'il revenait d'une longue absence, parce qu'il a été breaké en début de 5e set dans cette finale, cette victoire est peut-être la plus "romantique" de la carrière de Roger Federer. Une renaissance, une "réinvention", même, avec ce revers modifié qui lui permit, enfin, de tenir en respect le coup droit de Nadal. Dans vingt ans, peut-être ne regarderons-nous pas ce match en boucle. Mais il sera impossible de le laisser de côté dans les livres d'histoire.

4. Rafael Nadal - Novak Djokovic

Roland-Garros
Edition : 2013
Tour : Demi-finale
Vainqueur : Rafael Nadal (Espagne)
Adversaire : Novak Djokovic (Serbie)
Score : 6-4, 3-6, 6-1, 6-7(3), 9-7
Le jour où Rafael Nadal aurait dû perdre un 5e set sur terre battue, ce qui n'est encore jamais arrivé, c'est probablement celui-là. Seule la providence, on ne voit pas autre chose, a décidé que ça ne serait pas le cas. Pas cette fois-là. On va y revenir. Cette demi-finale dramatique et grandiose s'est probablement jouée sur un point, un coup de dé même, survenu à l'approche de la fin du 5e set.
Mais on ne voudrait surtout pas la résumer à cela. Auparavant, Rafael Nadal et Novak Djokovic, dans des conditions pourtant pas évidentes – le vent, notamment - avaient déjà produit plus de 4h d'un tennis fantastique, un éprouvant combat de chiffonniers émaillé de rallyes interminables, de contres supersoniques et de prodiges défensifs. Un monument sur terre.
Le Serbe met longtemps à entrer dans ce match. Son réveil est magnifique mais presque trop tardif, puisque Nadal sert pour le match à 6-5 dans le 4e set et se retrouve même à deux points de conclure. Dos au mur, Djokovic parvient in extremis à rétablir l'équilibre, et embarquer son grand rival dans un 5e set qui restera dans les annales.
Ce cinquième set, cette fois, c'est Djokovic qui semble devoir le gagner. Il breake d'entrée et se détache 4-2. Et c'est là, à 4-3, 40-40, que survient ce fameux point qui a tout changé. Au moment de rabattre un smash "tout fait" dans le court vide, le n°1 mondial, emporté par son élan et déséquilibré par le vent, touche le filet. Point perdu, donc. On dit qu'au tennis, le hasard n'existe pas, que les fautes directes ont toujours un sens. Mais là, quand même...
Derrière, évidemment, Nadal saute sur l'occasion et jaillit de sa boîte pour revenir au score. Le "momentum", à nouveau, est pour lui. Servant à 7-8, Djokovic, nerveux depuis l'incident, craque pour de bon, cette fois dans les grandes largeurs. Nadal l'emporte au terme d'un bras de fer de 4h37 d'une dramaturgie infernale. Son plus grand match jamais joué à Roland-Garros, et il y en a eu quelques-uns...

3. Novak Djokovic - Stan Wawrinka

Open d'Australie
Edition : 2013
Tour : Huitième de finale
Vainqueur : Novak Djokovic (Serbie)
Adversaire : Stan Wawrinka (Suisse)
Score : 1-6, 7-5, 6-4, 6-7(5), 12-10
S'il n'avait fallu prendre en compte que le pur aspect esthétique, c'est peut-être ce match-là que nous aurions classé à la toute première place. Voilà pourquoi ce Djokovic – Wawrinka, même s'il ne s'agit que d'un huitième de finale, apparait sur notre podium des dix dernières années.
Même s'il l'a perdu, c'est aussi le match qui a tout changé pour Stan Wawrinka. Le gentil Stanislas a compris, ce soir-là, qu'il était de la trempe des champions et pas seulement des bons joueurs. Qu'il avait tout dans sa raquette pour assouvir ses ambitions. A près de 28 ans, il naviguait jusqu'alors dans le Top 20 assez tranquillement, mais sa mue date de ce huitième de finale. "Ce match de 2013 à l’Open d’Australie contre Djokovic a été comme un déclic mentalement, a-t-il confié cet été à Antoine Benneteau dans le podcast Echange, sur notre site. Le perdre a été très difficile, j’en ai pleuré le soir même... Mais dans ma tête, ça m’avait prouvé que je n’étais pas si loin."
Pendant la première heure du match, le Vaudois offre un numéro de soliste assez faramineux. Jamais on ne l'avait vu comme ça sur un court, en tout cas face à un tel adversaire, sur une aussi grande scène. Sans rien forcer, avec une facilité et une maestria déconcertantes, Wawrinka dépose ses raffinés parpaings aux quatre coins du court. Résultat, 6-1, 5-2. N'importe qui d'autre que Djokovic aurait peut-être été emportée par une telle vague. Mais pas lui.
Pour Wawrinka, cela restera le match des occasions manquées. Comme sur ce jeu à 5-3 où il sert pour mener deux manches à rien. Jusqu'à 6-1, 5-3, 30-0, tout allait si bien... Ou ce break d'entrée dans le 5e set, trop vite évaporé. Ou encore les quatre balles de break écartées à 4-4 par Djokovic dans la manche finale. Et ce dénouement cruel, au 22e jeu. Djokovic, souvent bousculé, parfois en mode survie, puise dans son ahurissante confiance la force de gagner un match qu'il n'aura que peu maitrisé.
Mais il sera magnifique, toujours. Il aurait pu s'effondrer après la perte du 2e set, ou celle du 3e. Mais jamais il ne baissera la tête avant la fin du combat. N'hésitez pas à vous replonger dans les meilleurs moments de ce match dégoulinant de points épiques (au hasard, le point du double break de Wawrinka dans le 1er set, la balle de 4e set et bien sûr la fantastique balle de match, conclusion parfaite de ce soap opéra de cinq heures). Au total, les deux joueurs ont cumulé 120 coups gagnants. La même chose en finale et c'était non seulement le match des années 2010, mais un des plus inoubliables de tous les temps.

2. Roger Federer – Novak Djokovic

Roland-Garros
Edition : 2011
Tour : Demi-finale
Vainqueur : Roger Federer (Suisse)
Adversaire : Novak Djokovic (Serbie)
Score : 7-6(5), 6-3, 3-6, 7-6(5)
Il y a tout dans cette demi-finale. A commencer par son dénouement à la nuit tombante, charme ultime de Roland-Garros. Si le toit, opérationnel à compter de 2020, facilitera grandement la vie des organisateurs, il aura tout de même le défaut majeur de nous priver de ces fins de match dans une forme d'urgence, quand la nuit menace, imposant un oppressant compte à rebours aux acteurs comme aux spectateurs.
Lorsque Roger Federer claque un dernier ace pour mettre un terme au chef-d'œuvre, la pendule affiche 21h37, sous un plafond bas et gris. Si Novak Djokovic avait recollé à deux sets partout, nous aurions eu droit à une manche bonus le samedi en début d'après-midi, mais d'une certaine manière, le charme eut été rompu.
Trois heures et trente-neuf minutes de bonheur tennistique. Puis, en guise de célébration, ni poing serré ni poing levé, mais cet index pointé, le fameux "finger wag", comme pour dire à tout le monde : "je suis encore là, les amis". Car un peu moins de quatre heures avant une des images les plus célèbres de la carrière de Federer, qui le croyait capable à la fois d'évoluer encore à un tel niveau sur terre battue et, surtout, de terrasser ce Djokovic-là ?
Une remise en contexte s'impose : le Serbe navigue alors sur son nuage. Invaincu depuis 43 matches, il passe tout le monde à la moulinette depuis le début de l'année. Son duel final annoncé contre Rafael Nadal est déjà dans toutes les têtes. Mais Federer avait un autre plan.
Le premier des quatre actes de cette pièce au crépuscule est aussi le plus magistral. Un niveau de jeu proche de la perfection des deux côtés du filet. Après 70 minutes d'une telle masterclass commune, le public, sidéré, réserve une standing ovation aux deux joueurs. La suite ne sera pas mal non plus. C'est sans doute le chef-d'œuvre terrien de la carrière du Suisse, mais le Djoker n'aura pas été loin de faire tourner cette partie pour de bon.
Mené deux manches à rien, il servira pour égaliser à deux sets partout. Cette fois, l'effarante confiance qui l'habitait cette année-là ne le sauvera pas. Face au récital adverse, un poil blasé, Novak finira par se tourner vers son clan en fin de 4e set, avec un sourire crispé et ironique qui en disait long sur son ressenti.
Deux jours plus tard, Rafael Nadal se chargera de faire sonner le réveil. Comme toujours à Paris, il va mater Federer. Huit ans et demi plus tard, cet échec final ne suffit pourtant pas à atténuer cette fièvre du vendredi soir qui avait envahi le Chatrier. "Ce n'était même pas une finale, mais j'en ai des frissons", souffle Federer en sortant du court. Il n'était pas le seul.

1. Novak Djokovic – Rafael Nadal

Open d'Australie
Edition : 2012
Tour : Finale
Vainqueur : Novak Djokovic (Serbie)
Adversaire : Rafael Nadal (Espagne)
Score : 5-7, 6-4, 6-2, 6-7(5), 7-5
Les deux plus grands joueurs des années 2010. La plus longue finale de Grand Chelem de l'histoire, également le plus long match jamais joué à l'Open d'Australie (5h53). Des échanges d'anthologie dans une nuit australienne chargée d'électricité. Des scènes de gladiateurs à la fin, avec deux joueurs exténués, parfois contraints de s'agenouiller entre deux rallyes suffocants, puis de se mettre les mains sur les hanches en attendant la cérémonie protocolaire, presque incapables de tenir debout, comme deux petits vieux qui auraient monté trop vite l'escalier...
Des Nadal-Djokovic, il y en a eu quelques-uns (54), dont certains particulièrement épiques. Mais s'il fallait n'en choisir qu'un, ce serait celui-là, qui aura marqué à vie, et profondément, tous ceux qui y auront assisté jusqu'à une heure indue (1h37 du matin). Avant même d'être jouée, cette finale, la 100e de l'Open d'Australie, avait déjà une portée historique. C'était la première fois dans l'ère Open que deux mêmes hommes se retrouvaient pour la troisième fois consécutive en finale d'un Grand Chelem. La saison précédente, en 2011, Nadal avait été martyrisé par son rival alors injouable, battu 6 fois sur 6, à chaque fois en finale, notamment celles de Wimbledon et de l'US Open.
Pour attaquer cette saison 2012, l'Espagnol avait donc pris le taureau par les cornes en adoptant une mesure "anti-Djokovic", sous la forme de quelques grammes de plomb ajoutés en tête de sa raquette – lui qui abhorre le changement -, pour donner plus de poids et de puissance à sa balle, quitte à perdre un peu en contrôle. Pari perdu pour cette fois-là, mais pas complètement : en réduisant nettement l'écart, et ce dans le "jardin" de Djokovic, il aura malgré tout enclenché le fameux processus des vases communicants qui allait lui permettre ensuite de reprendre la main face au Serbe, contre lequel il ne perdra plus en 2012.
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Djokovic - Nadal, Australie 2012 : au bout de l'épuisement.

Crédit: Getty Images

L'histoire de ce match entre les deux meilleurs joueurs du monde, tombeurs auparavant de Murray et Federer dans un dernier carré tout aussi royal, est donc déjà superbe. Le scénario l'est tout autant. Alors bien sûr, pendant 6h, il y a quelques longueurs. Notamment au début. Mais à partir du 4e set, ça devient grandiose. A partir du moment, en fait, où Nadal se retrouve dos au mur, mené 2 sets à 1, 4-3, 0-40. La réaction de la bête blessée, vexée, humiliée, est fantastique. Nadal pose tout sur la table et renverse la situation, alors que la pluie vient se mêler à l'histoire, obligeant les organisateurs à fermer le toit à 4-4. Lorsqu'il égalise à 2 sets partout, au prix d'un jeu décisif dans lequel il est encore mené 5-3, Rafa tombe à genoux sur le court, secoué par l'adrénaline et l'épuisement. La pendule indique déjà 4h39. Mais chacun sait bien qu'on n'est pas au bout de nos peines...
Dans le 5e set, c'est Nadal, désormais, qui a la main chaude. Il mène 4-2, 30-15. Mais il rate alors d'un rien un passing de revers "facile" – sauf qu'à ce stade d'un match, rien n'est jamais "facile" - , qui aurait peut-être tué le débat. Une petite négligence d'apparence anodine qui va changer le cours de l'histoire et finalement relancer Djokovic que l'on sentait presque résigné.
Novak reprend vie et la main sur le match. Il breake à 5-5. Le dernier jeu est irrespirable. On voit le Serbe prier entre deux rallyes, comme pour conjurer le ciel d'en terminer, enfin. Ce qu'il parvient à faire d'un ultime coup droit gagnant, avant de rentrer littéralement en transe sur le court, torse nu, hurlant sa joie auprès des siens tout en frappant les panneaux publicitaires. Une épopée fantastique, digne d'un péplum qui restera, à jamais, gravé dans la légende.
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