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Entre agacement et soutiens, le tennis s'est divisé sur l'affaire Djokovic

Laurent Vergne

Mis à jour 16/01/2022 à 13:03 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – L'imbroglio autour de la situation de Novak Djokovic, qui va finalement être privé du Grand Chelem basé à Melbourne et expulsé d'Australie, pourrait laisser des traces dans le milieu. Car après une prudence longtemps de mise, bien des langues se sont déliées ces derniers jours. Le numéro un mondial a reçu beaucoup de soutiens, mais aussi des critiques de moins en moins masquées.

Nadal sur Djokovic : "Personne n'est au-dessus, que ce soit Roger, Novak ou moi-même"

17 heures. Ce n'est que 17 heures avant le coup d'envoi de l'Open d'Australie que "L'affaire Djokovic" a trouvé son dénouement. Le numéro un mondial et triple tenant du titre du Majeur des antipodes va donc bel et bien être expulsé du territoire australien et ne pourra briguer une 21e couronne en Grand Chelem. A Melbourne, il n'a été question que de ça ou presque depuis dix jours, éclipsant les aspects purement sportifs.
Cette situation consternante mais compréhensible compte tenu de l'envergure du personnage a suscité des réactions diverses dans le monde du tennis, entre les soutiens clairement affichés au numéro un mondial et un agacement de plus en plus prononcé au fil des jours. Finalement, le milieu est comme le reste de la planète : divisé. Chacun son opinion sur le sujet.
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Novak Djokovic va devoir quitter l'Australie.

Crédit: Getty Images

Nadal et Tsitsipas y sont allés franco

Celui qui restera comme un des plus virulents est lui aussi un acteur majeur du circuit. Rafael Nadal, si prudent jusqu'ici, a haussé le ton samedi lors de sa conférence de presse d'avant-tournoi, avec des mots dont la dureté ne lui ressemble guère. "L'Open d'Australie est bien plus important que n'importe quel joueur, l'Open d'Australie sera un grand Open d'Australie avec ou sans lui", a assené le champion espagnol, allant même jusqu'à dire qu'il était "en désaccord avec beaucoup de choses qu'il a faites ces deux dernières semaines".
Dans le même ordre d'idées, Stefanos Tsitsipas n'avait pas caché non plus le fond de sa pensée. Le Grec est sur la même ligne que Nadal : "Ce qui est sûr, c'est qu'il a joué selon ses propres règles. Ça demande beaucoup de culot de le faire et ça met tout le tournoi en danger... Je ne pense pas que beaucoup de joueurs feraient cela. Il fait passer la majorité des joueurs pour des idiots."
D'autres langues se sont déliées, comme celle d'Emma Raducanu. Sans juger sur le fond toute cette affaire, elle fait partie des nombreuses têtes d'affiche du tennis mondial à trouver que tout cela avait trop duré et qu'il était temps de parler d'autre chose. "Il y a du super tennis cet été en Australie et cette histoire a éclipsé le tennis, avait regretté samedi la gagnante surprise du dernier US Open aussi. Par exemple, Andy Murray était en finale ce soir (à Melbourne, NDLR), ce que je trouve incroyable."
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La question qui fâche : Djokovic a-t-il définitivement terni son image ?

Il avait un visa, non ?
Même sentiment chez quelqu'un comme Dani Vallverdu. L'entraîneur de Stan Wawrinka a réagi sur Twitter dimanche, jugeant qu'il fallait se focaliser à présent sur le tournoi. "Tout le monde du tennis, des joueurs aux entraîneurs en passant par les journalistes, faisons maintenant l'effort de tourner la page et concentrons-nous sur les joueurs qui vont jouer pendant les deux semaines à venir, ils se sont entraînés dur pendant des mois, c'est leur moment", plaide-t-il.
C'est d'ailleurs à peu près le seul point qui fait consensus. Novak Djokovic lui-même l'a pointé dans son communiqué final dimanche, expliquant se sentir "mal à l'aise" avec le fait que le jeu soit passé trop longtemps au second plan. "J'espère que nous pourrons tous maintenant nous concentrer sur le jeu et ce tournoi que j'aime", a-t-il ajouté. Ce sera le cas à partir de lundi mais difficile d'imaginer que son ombre ne plane pas au-dessus de cette édition 2022, dont il sera l'omniprésent absent.
Mais Novak Djokovic peut aussi compter sur des soutiens de poids qui se disent consternés par ce dénouement. Certains ont été très inattendus, comme celui de Nick Kyrgios, jamais avare d'une pique ou d'une critique ces dernières années envers le "Djoker". L'Australien a pourtant été un de ses avocats les plus constants ces derniers jours.
Alexander Zverev, sans doute un des plus proches du numéro un mondial sur le circuit, est de son côté persuadé que Novak Djokovic a payé le fait d'être... Novak Djokovic. "Parce qu'il est Novak Djokovic, les gens croient qu'il a une série de privilèges que les autres n'ont pas, a estimé le champion olympique de Tokyo, samedi. Je sais qu'il y a eu d'autres joueurs qui ont demandé une exemption. Je ne sais pas ce qu'il en est exactement sur ce sujet, vraiment, mais je pense que si ce n'était pas Djokovic, une superstar mondiale, ce ne serait pas un si grand drame. Il avait un visa, non ? Je ne pense pas qu'il aurait voyagé ici sans penser qu'il n'avait aucune chance de jouer."
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Alexander Zverev et Novak Djokovic lors du Masters 2021 à Turin.

Crédit: AFP

Cornet : "Ce que je sais de Novak, c'est qu'il est toujours le premier pour nous soutenir"

Si beaucoup se montrent prudents, même si quelques rares voix avancent la théorie du règlement de compte politique, nombreux sont aussi ceux qui, au-delà de l'affaire, tiennent à ce qu'elle ne serve pas à ternir l'image de Novak Djokovic, et ne travestisse pas celui qu'il est à leurs yeux. "Je connais Novak depuis que nous avons 12 ans, c'est quelqu'un que je respecte, a insisté Andy Murray dimanche sur la BBC. Je n'aime pas qu'il se retrouve dans cette situation et je n'aime pas le fait qu'il a été placé en détention. Je ne le souhaitais ni à Novak, ni au tennis et j'espère que c'est terminé maintenant".
Alizé Cornet, elle, aurait aimé que davantage de voix s'élèvent pour le soutenir, même si la joueuse française admet ne pas "connaître assez le dossier pour juger". Reste qu'elle s'étonne d'une certaine forme d'isolement du numéro un mondial : "Ce que je sais de Novak, c'est qu'il est toujours le premier pour nous soutenir, nous les joueurs, mais aucun d'entre nous ne l'a soutenu."
Dans quelques heures, alors que Novak Djokovic sera peut-être déjà dans l'avion du retour, l'Open d'Australie débutera sans celui qui en a été le personnage central depuis plus d'une décennie maintenant. Ce qui fait dire à Patrick Mouratoglou que "le grand perdant de tout ce chantier, c'est le tournoi." Même si lui aussi avait hâte de passer à autre chose. "La seule bonne nouvelle, conclut-il, c'est qu'on va pouvoir parler de tennis."
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