Open d'Australie 2023 - Pour Stefanos Tsitsipas, une année 2022, si chaotique… si fondatrice ?

ParCyril Morin

Mis à jour 26/01/2023 à 23:23 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – Qualifié pour les demi-finales où il affrontera Karen Khachanov ce vendredi, Stefanos Tsitsipas sort d'une saison 2022 éprouvante émotionnellement et décevante tennistiquement. Mais, à Melbourne cette année, c'est un joueur assagi et impliqué qui a repris ses bonnes habitudes en Grand Chelem. Un changement dans son staff a aussi contribué à l'apaiser.

Stefanos Tsitsipas à Melbourne

Crédit: Getty Images

C'est sans doute ça, l'expérience. Quand vous identifiez une situation d'alerte en amont et que vous sonnez le tocsin avant que tout ne lâche. Juste avant cet Open d'Australie, Stefanos Tsitsipas avait été invité à donner son avis sur Holger Rune, la sensation de la fin d'année 2022.

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Dithyrambique, forcément, d'autant que les deux hommes se sont côtoyés au sein de l'académie Mouratoglou. Mais, après avoir loué l'implication du jeune Danois et sa dédication extrême envers le tennis, le Grec avait eu ces mots : "C'est bien mais cela peut aussi avoir des inconvénients, car il faut avoir autre chose à côté qui vous apporte de la joie. Je crains juste qu'il fasse un burn-out. C'est beaucoup de tennis…".

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Que ces paroles viennent de Tsitsipas est révélateur. Des "burn-out", ou en tout cas des gros creux de performance liés à une baisse d'implication et de motivation, il en a fait quelques-uns de son propre aveu. Celui post-finale de Roland-Garros 2021, celui-là même que Novak Djokovic a oublié, fut sans doute le plus parlant quant à la personnalité ultra-sensible du Grec. Son année 2022 ne fut pas beaucoup plus joyeuse. Sans être complètement mauvaise, elle ne fut pas pour autant bonne.

Comme les autres, il fut pris de court par l'émergence fulgurante de la Next Next Gen, incarnée par Carlos Alcaraz mais aussi par Rune. Comme un symbole, c'est le Danois qui l'avait sorti dès les 8es de finale à Roland-Garros. Mais c'est surtout son 3e tour face à Nick Kyrgios à Wimbledon qui avait laissé des traces.

Dans l'un des meilleurs matches de la saison, le Grec avait fini par dégoupiller, fatigué des provocations, à ses yeux, du "bully" australien. La suite, ce fut une fin de saison anonyme, avec cette sortie au premier tour à New York et le sentiment que Tsitsipas allait devoir se reconstruire, voire se réinventer.

Stefanos Tsitsipas lors de son élimination à l'US Open

Crédit: Getty Images

Le débat de la NextGen l'a lassé

A le voir, calme, apaisé et franchement solide dans cet Open d'Australie où il n'a cédé que deux petits sets à Jannik Sinner, on se dit que sa coupure post-2022 lui a fait du bien. "C'est le meilleur Stefanos que j'ai vu depuis longtemps franchement", s'enthousiasmait d'ailleurs John McEnroe après sa qualification en demi-finale. Le principal intéressé ne disait pas autre chose en conférence de presse : son "reset" hivernal lui a permis d'aborder ce Grand Chelem qui lui réussit tant avec beaucoup de recul.

"Je me sens super bien niveau tennis. J'ai l'impression que je ne m'étais pas senti aussi bien depuis longtemps. Alors je dirais que oui, ça peut être mon année. Je l'ai déjà dit, je suis un joueur différent, je joue différemment. Quand je suis sur le court, je n'ai pas de pensées négatives. Je viens sur le court et je joue mon tennis", expliquait-il simplement.

Promis, juré, il a adopté la technique de Rafael Nadal, celle-là même où il ne faut pas jalouser la maison de son voisin. Relancé sur l'attente autour de la Next Gen, toujours sevrée en Majeur, il n'a pas voulu s'étendre. A l'écouter, le débat n'a plus lieu. "Je suis passé par là, expliquait-il. En fait, cela a tendance à disparaître quand vous devenez adulte, quand vous n'êtes plus un enfant. Ces gars sont dans une période de transition. J'ai donné sur ce sujet, maintenant j'essaie d'avancer, d'aller plus loin, de me détacher de ça".

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Une telle défaite est presque plus bénéfique qu'une victoire

Cette approche n'est pas si nouvelle derrière les micros le concernant. Mais raquette en main, c'est une autre affaire, avec laquelle Tsitsipas a longtemps eu du mal. Mais l'expérience, tiens, lui a permis d'avancer. En s'entourant mieux, déjà. Conseiller depuis Wimbledon, Mark Philippoussis s'affiche désormais dans le box du Grec.

Au-delà des vertus tennistiques, avec un service en net progrès notamment, la collaboration avec Australien semble avoir apporté de la stabilité au clan Tsitsipas. "Mon rôle, c'est surtout d'apporter du calme à son jeu parce que physiquement, c'est un athlète déjà incroyable et que c'est un compétiteur hors-pair", détaillait le conseiller auprès de The Age pendant cette quinzaine.

Mark Philippoussis lors de l'Open d'Australie

Crédit: Getty Images

"Le mental sera toujours plus important que la technique, en fait, confirmait McEnroe quant à ce nouveau Stefanos. On avait presque l'impression que Philippoussis se ferait virer en fin d'année dernière avec toutes ces contre-performances. Je suis content que Mark ait pu garder son job mais surtout calmer les choses. On sait que le père de Stefanos peut parfois mettre le bazar donc avoir Philippoussis dans le box, ça a l'air d'aider Tsitsipas".

L'ancien cogneur australien a aussi pu guider le Grec dans ses échecs. A cet égard, Wimbledon 2022 pourrait avoir agi en déclic. "Ça a été une vraie leçon pour lui, estime ainsi Philippoussis. Il a fait des choses qui ne lui ressemblaient pas et il a payé pour ça. […] Une telle défaite est presque plus bénéfique qu'une victoire parfois. Je crois que c'est exactement ce qu'il s'est passé". A 24 ans, il est, comme ses compères générationnels, à la croisée des chemins en cette saison 2023. Et sa demi-finale face à Karen Khachanov pourrait déjà apporter un début de réponse quant à la bonne direction empruntée…