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Victoria Azarenka : "Nous ne sommes ni des gentils ni des méchants, nous sommes juste des humains"

Laurent Vergne

Mis à jour 24/01/2023 à 16:55 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – Dix ans après, Victoria Azarenka est à nouveau en demi-finales à Melbourne. Le fruit d'un long travail de reconstruction après des années difficiles, notamment au plan psychologique. Le temps de s'affranchir des commentaires et du jugement des autres. Ironiquement, tout avait peut-être commencé ici-même il y a très exactement dix ans.

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C'était il y a dix ans. Jour pour jour. Le 24 janvier 2013. Victoria Azarenka est alors au sommet de sa carrière. Tenante du titre à l'Open d'Australie, elle va conserver sa couronne à l'issue de cette édition pour asseoir sa place de numéro un mondiale. Mais en chemin, elle se retrouve au cœur d'une polémique qui, de son propre aveu, reste "un des pires moments" de toute sa carrière, qui laissera une cicatrice chez la Biélorusse.
Lors de sa demi-finale contre Sloane Stephens, Azarenka mène tranquillement 6-1, 5-3. Là, elle manque cinq balles de match avant de céder sa mise en jeu. Dans la foulée, elle demande un temps mort médical puis quitte le court. Lorsqu'elle reprend le match, elle réussit à breaker Stephens pour valider son ticket pour la finale. Mais son attitude lui vaut un torrent de critiques, y compris dans le milieu du tennis. "Ce n'est pas juste, elle n'avait pas le droit de prendre un temps-mort médical car ce n'était pas pour une blessure. Faire ça à ce moment du match, ce n'est pas bien", tonne ainsi Pam Shriver, l'ancienne joueuse américaine reconvertie en consultante.
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2013 : Azarenka, la sortie de la discorde.

Crédit: Getty Images

Ça me fait un peu penser à ce que Novak disait l'autre jour
Victoria Azarenka admet elle-même qu'elle ne parvenait pas à maîtriser ses émotions et qu'elle ne souffrait d'aucune blessure. "Je me sentais envahie par l'émotion, j'ai réalisé que j'étais si près de la finale, c'étaient les nerfs", explique alors la numéro un mondiale. Mais elle dit aussi avoir eu peur car elle avait du mal à respirer : "J'ai même cru que je faisais une crise cardiaque." Elle le jure, elle n'a rien simulé et n'a pas voulu tricher. Suit alors une longue conférence de presse où elle se sent dans la peau de l'accusée face à un tribunal.
Mardi, après avoir battu Jessica Pegula pour revenir en demi-finale à Melbourne… dix ans après sa dernière présence dans le dernier carré, Vika a évoqué ce souvenir que l'on sent encore douloureux chez elle. "Un souvenir horrible, assure-t-elle. La façon dont j'ai été traitée, dont j'ai dû m'expliquer jusqu'à dix heures et demie du soir parce que les gens ne voulaient pas me croire... Ça me fait un peu penser à ce que Novak disait l'autre jour à propos des doutes sur sa blessure et je le comprends."
Novak Djokovic s'est plaint lundi de la façon dont il était dépeint et les commentaires sur sa blessure à la cuisse ou celle aux abdominaux il y a deux ans, ici-même, en Australie. Il serait décrit, selon lui, comme "le méchant". "Il y a parfois, je ne sais pas, un désir incroyable de créer un gentil et un méchant. Mais nous ne sommes ni des gentils ni des méchants, nous sommes des êtres humains normaux qui traversons tant de choses, regrette Azarenka. Tous ces jugements, ces commentaires, c'est de la merde, car personne ne connaît jamais toute l'histoire."
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Interrogée sur la façon dont elle a vécu ce moment, elle reste à fleur de peau, même avec dix années de recul. "Comment je peux expliquer ça ? Les gens m'ont dit que je trichais, que je simulais, que j'essayais de faire sortir mon adversaire du match... C'est tellement n'importe quoi par rapport à mon vrai caractère, les gens qui me connaissent le savent. Mais à force d'entendre 'elle a fait ça de mal', 'elle est comme ça', vous finissez par douter. Est-ce que je suis vraiment comme ça ?" Elle explique aujourd'hui avoir laissé cette histoire derrière elle. "Maintenant, je m'en fous, dit la Biélorusse. C'est marrant que vous me parliez de ça aujourd'hui, parce qu'il m'a fallu dix ans pour passer à autre chose. Les commentaires sont toujours là, mais je m'en fiche."
Je retrouve de la joie
Au-delà de cet épisode spécifique, Vika Azarenka a traversé des périodes délicates au cours de la décennie écoulée, jusqu'à être bouffée par l'anxiété sur le court. Un mal insidieux, qu'elle n'a appréhendé que sur le tard. Trop tard. "C'est quelque chose qui grandit doucement en vous et vous ne vous en rendez compte que quand c'est trop tard, évoque la championne. J'en étais arrivée au point où je ne trouvais plus rien de positif sur moi." Le pire ? "La peur d'échouer, de ne pas être capable de faire ce que je voulais."
Celle qui pourrait retrouver le Top 10 lundi prochain en cas de victoire finale dans cet Open d'Australie parle de "crises de panique" dans les périodes les plus pénibles. Puis elle a opéré un lent et long travail sur elle-même, dont elle estime recueillir aujourd'hui les fruits à plus de 33 ans.
Depuis six mois, Azarenka assure se sentir beaucoup mieux. L'acceptation de l'anxiété et de la peur et porter un regard plus positif sur elle. Ce fut la clé. "Je suis contente des résultats, je retrouve confiance en moi, je retrouve de la joie, conclut-elle. Tout ça m'aide à être plus ouverte, plus compatissante. La compassion, c'était quelque chose que j'avais vraiment du mal à concevoir..." Le jugement le plus sévère sur sa propre personne, c'est elle, Vika, qui le portait.
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