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Après sa victoire sur Novak Djokovic : Jannik Sinner, anatomie d'une ascension

Cyril Morin

Mis à jour 26/01/2024 à 17:25 GMT+1

Tombeur de Novak Djokovic au terme d'un match impeccable, Jannik Sinner a changé de dimension vendredi. Parce qu'il est désormais finaliste d'un Grand Chelem, parce qu'il a battu un membre du "Big Three" au meilleur des cinq sets, parce qu'il a su se relever d'une balle de match gâchée qui aurait pu le faire plonger. L'Italien est prêt. Parce qu'il s'est construit, patiemment mais intelligement.

La démonstration de Sinner face à Djokovic en vidéo

C'est un terme dont il devient difficile de mesurer la portée. Parce que le sport est une formidable matière à émotions, parce que le feu de l'action favorise l'emphase, parce que les champions s'accompagnent forcément d'un champ lexical glorieux. Pourtant, ce vendredi, il n'est pas galvaudé de le dire : en battant Novak Djokovic en quatre sets presque sans trembler en demi-finale, Jannik Sinner a réalisé un formidable exploit.
Le Serbe n'avait perdu aucune de ses dix demi-finales précédentes ici. Il n'avait plus perdu, tout court, depuis 33 matches et un 8e de finale face au disparu Chung Hyeon. En Majeur, seuls Carlos Alcaraz et Rafael Nadal l'avaient battu sur les deux années passées. Il est le numéro un mondial incontesté et incontestable, statut peut-être encore plus inattaquable en Grand Chelem qu'ailleurs. Bref, le roi était indétrônable, voilà ce qu'il se disait à Melbourne. La force de l'habitude. L'exploit, c'est donc d'avoir fait voler tout cela en éclats.

Personne n'est totalement surpris

Mais le vrai "exploit" est peut-être ailleurs : que personne ne soit totalement surpris. Parce que c'est Djokovic, Sinner n'était pas favori, bien sûr. Mais il était bien plus qu'un outsider, il était un prétendant porté par une dynamique récente folle, symbolisée par ce 9/10 face aux membres du Top 5, un prince du tennis qui ne voulait plus attendre une éventuelle succession pour prendre le pouvoir. Tout, dans son match, trahissait la préparation à ce moment. Son style est sans doute moins flamboyant que celui de Carlos Alcaraz, il n'a pas la personnalité bouillante d'un Holger Rune, ni celle maligne de Daniil Medvedev, son adversaire dimanche en finale. Mais son tennis est celui de ceux qui savent où ils vont et, surtout, comment ils comptent y arriver.
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"C'est un joueur créé en partie par Djokovic"

L'histoire de l'Italien, c'est ça. Celle du "temps long", quoiqu'on en dise pour un joueur de seulement 22 ans au fond. Parce qu'à 17 ans, comme beaucoup d'autres précoces, il décidait de s'aventurer en Futures plutôt que dans les tournois de jeunes pour grandir tennistiquement. Parce que son sacre aux Next Gen ATP Finals remonte déjà à 2019. Parce que sa progression fut plus linéaire et lisible que l'irruption sauvage et éclatante de Carlos Alcaraz. Des titres en ATP 250 et en ATP 500 avant le fameux plafond de verre.
2022 : malgré sa séparation d'avec Ricardo Piatti et son nouveau ménage avec le duo Vagnozzi-Cahill, l'Italien semble stagner. Toujours aucun dernier carré en Majeur, toujours aucun titre en Masters 1000. Sinner frappe très fort mais pas toujours très juste. Ce petit déclic, il tourne autour. Ses deux temps forts de l'année, ce sont deux défaites, magnifiques et incroyables, face à Djokovic, déjà, et Alcaraz, encore lui. Mais il ne s'affole pas et son entourage non plus. On ne dicte pas la marche d'un champion.

Prêt, c'est le mot

La suite, c'est une somme de détails qui finissent par être réglés. Ces petits rien qui font de grandes différences. Cette résistance et cette résilience physique. Cette justesse tactique, point après point. Cette puissance enfin développée à bon escient. Et cette confiance, rayonnante, presque irradiante dans cet Open d'Australie.
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"Je ne vais pas vous dévoiler ma tactique !" : La drôle de réaction de Sinner après l'exploit

Sinner le sait sans doute, une victoire en demi-finale, même face à Djokovic, ne garantit en rien un sacre final. C'est un territoire inédit dans lequel il va s'aventurer dimanche, face à un homme qui commence à avoir l'habitude de telles altitudes. Peut-être sera-t-il surpris de retrouver un bras tremblant, un cœur qui s'agite plus que de raison et des sensations trop neutres pour un aussi grand jour. Peut-être est-il, à l'inverse, prêt. On ne coupe pas la tête du roi sans avoir la certitude de pouvoir régner derrière.
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