La conquête du pré carré

Finale hommes, à suivre dès 15h00 sur court Philippe Chatrier

Après quinze jours d'un tournoi éprouvant et jubilant, après une finale dames rafraîchissante bien qu'un peu trop rapide, les Internationaux de France vont se conclure sur une finale hommes inédite et passionnante à bien des égards.

Le tenant du titre a défendu son bien jusqu'à la dernière goutte de sueur et le pont-levis est désormais baissé pour les deux protagonistes de l'ultime duel l'Espagnol Juan-Carlos Ferrero et le Néerlandais Martin Verkerk. Un match qui inspire tradition et esprit de conquête.

Vauban avait conçu le fameux pré carré (double ligne de villes fortifiées) au XVIIème siècle afin de protéger les frontières du Royaume de France contre les Pays-Bas espagnols. Au XXIème siècle, ce sont de célèbres rectangles de terre battue, à Roland-Garros, qui seront l'objet des conquêtes espagnoles et néerlandaises...

Ferrero, meilleur joueur sur terre battue de la saison, représentera la tradition. Il s'inscrit dans la longue généalogie des lifteurs hispanisants qui comptent quatre victoires et neuf finalistes lors des dix dernières années (Bruguera, Berasategui, Moya , Corretja, Costa et Ferrero lui-même).

Verkerk est presque un inconnu, mais il n'est pas un mercenaire pour autant. Maniant sa raquette comme d'autres manieraient Excalibur. Offensif, expressif, il sera le champion de ceux qui espèrent une finale spectaculaire.

Juan-Carlos Ferrero : bien installé par le tirage au sort dans une partie de tableau pourtant redoutable, le natif d'Onteniente, s'est lui-même ouvert une voie royale. Heureux de voir le jeune chilien Nicolas Massu déclarer forfait, il a su préserver ses forces pour les grandes batailles. L'Espagnol n'a réellement flotté qu'une seule fois en quinze jours, pendant un set curieusement face à l'Anglais Tim Henman.

Après avoir fait une démonstration de froce contre Mantilla, il a prouvé qu'il était mieux qu'un prétendant en sortant Fernando Gonzalez en cinq sets et bien sûr Albert Costa, le bourreau de l'année passée. Il est en parfaite condition physique et en pleine confiance.

Martin Verkerk : le parcours du Néerlandais est exceptionnel. Et cela aurait pu être pire ! Verkerk, après un premier tour facile, aurait pu en effet jouer contre Roger Federer, mais ce dernier a manqué le rendez-vous. Alors Martin a réussi un premier exploit : battre le tombeur de Federer en cinq sets. Mené 2 sets à 1, sa victoire est une référence importante.

Fort de cette expérience, Martin s'est lâché. Contre Spadea au 3e tour, il enflamme le court n°2 qui couvre de ses acclamations le central.

La machine est lancée, le moulin à aces tourne à plein régime. Schüttler, et surtout Moya, au terme d'un des plus beaux matches de la quinzaine, ont sombré face au phénomène. Coria non plus n'a pas trouvé les clés du jeu de ce droitier explosif. Quatre têtes de série sont donc tombés devant ce joueur de 24 ans.

Ferrero estime que le match se jouera sur ses retours de service. Contre un joueur qui peut frapper un coup gagnant à n'importe quel moment, il ne lui suffira pas de balayer le court de gauche à droite comme il l'a fait face à un Costa fatigué. Verkerk a prouvé qu'il n'a pas eu peur de contre-attaquer quand il était lui-même débordé.

1er tour : bat Michel KRATOCHVIL (SUI) 7-5 7-5 6-4

2e tour : bat Nicolas MASSU (CHI) 6-2 3-0 Retired

3e tour : bat Tim HENMAN (GBR) 4-6 6-2 6-4 6-2

1/8 : bat Felix MANTILLA (ESP) 6-2 6-1 6-1

1/4 : bat Fernando GONZALEZ (CHI) 6-1 3-6 6-1 5-7 6-4

1/2 : bat Costa 6-4, 7-6, 6-4

1er tour : bat Zeljko KRAJAN (CRO) 6-3 6-4 6-4

2e tour : bat Luis HORNA (PER) 4-6 6-4 4-6 7-5 6-2

3e tour : bat Vince SPADEA (USA) 5-7 6-4 6-2 7-5

1/8 : bat Rainer SCHUETTLER (GER) 6-3 6-3 7-5

1/4 : bat Carlos MOYA (ESP) 6-3 6-4 5-7 4-6 8-6

1/2 : bat Guillermo CORIA (ARG) 7-6(4) 6-4 7-6(0)

Martin a commencé à jouer à 7 ans avec son père Wim et sa mère Bep. Son coach se nomme Nick Carr. Le nom de la ville où réside Martin actuellement se nomme Alphen aan den Rijn (Prononcez avec un accent extraterrestre). S'est revendiqué célibataire tout le tournoi. Cela ne devrait pas durer.

Jean-Charles (en VF) a commencé à jouer au tennis à 7 ans aussi. Très vite ses proches le surnomment le "Mosquito" pour sa vélocité ou encore "Chavalito", le "gamin". Son goût et sa passion pour le tennis, il les tient de sa mère, Rosario, décédée l'année de ces 17 ans. Introverti, il ne fait pas vraiment parti de la bande des "Barcelonais" Costa, Moya... Il travaille avec un préparateur physique : Miguel Maeso, et avec deux entraîneurs Antonio Martinez et Samuel Lopez.

Juan Carlos Ferrero àpropos de son prochain adversaire : "Il a beaucoup de confiance aujourd'hui. Il a très bien joué ici. La terre battue n'est pas sa meilleure surface. Il a été surpris, mais il a joué un jeu incroyable."

Martin Verkerk àpropos de la finale : "Non, ce ne sera pas une trop forte pression. Déjà, il y en avait beaucoup pour moi de me retrouver en quart de finale, demi-finale. Je vais jouer sur le court central et je ne ressens pas la pression. Je ne me sens pas nerveux. J'essaie de jouer, de me battre dès le premier point."