Le débat de Roland : Et si Djokovic était le favori du bas de tableau ?

Favori ? Voilà un bien grand mot pour un joueur encore en reconstruction. Si la hiérarchie (sur le papier) du haut du tableau est limpide, avec un Rafael Nadal contre le reste du monde, et bien au-dessus de ce reste-là, la partie basse du tableau masculin est incroyablement dense, sans que personne ne se place pour l'heure au-dessus de la mêlée. Pour une raison simple : tous ceux qui peuvent prétendre dans cette zone à une place en finale soulèvent au moins autant de questions qu'ils n'offrent de réponses.

Où en est vraiment Novak Djokovic ? Alexander Zverev et Dominic Thiem sont-ils enfin prêts à franchir le cap en Grand Chelem ? Verra-t-on le David Goffin de la fin 2017 ou celui, plus poussif, de ce début d'année 2018 ? Aucune de ces questions n'a trouvé de réponse claire et nette dans cette première semaine. Et pour cause, elle n'est pas faite pour ça. Personne n'a été suffisamment impressionnant et/ou suffisamment testé lors de ces trois premiers tours pour s'affranchir des derniers doutes et briguer de manière limpide le statut de favori de ce bas de tableau.

Ce qui apparait incontestable à ce stade, c'est que Djokovic est à nouveau sur une trajectoire ascendante. Rome lui a fait un bien fou et j'ai tendance à penser que, plus il avance, plus il devient dangereux pour les autres. Bautista Agut était un bon premier point de repère pour lui. Il a un atout supplémentaire en ayant évité le quart de tableau qui réunit Zverev et Thiem. Pour moi, jusqu'à preuve du contraire, ces deux-là demeurent les deux plus gros clients.

Mais Goffin, Djokovic, voire Nishikori (finaliste à Monte-Carlo, quand même) sont susceptibles de poser le pied sur le Chatrier le 10 juin. Si le Djoker devait jouer une cinquième finale à Roland-Garros dans une grosse semaine, je ne serais pas stupéfait, mais je demande quand même à voir. Il est peut-être encore un peu tôt. Mais il ne détient pas seul les clés du problème. Car au-delà de savoir à quel point il est proche de son meilleur niveau, il nous faut aussi appréhender ce que ses principaux adversaires ont vraiment dans le ventre. Ce double imbroglio va sans doute constituer le plus gros centre d'intérêt du tournoi masculin dans les jours à venir.

Improbable il y a encore quelques semaines, la question se pose aujourd’hui. Et plutôt deux fois qu’une. Car sur ses deux dernières sorties, Djokovic a rassuré tout le monde sur un point : sa demi-finale romaine épique face à Rafael Nadal n’avait rien d’un épiphénomène. Depuis ses premiers pas à Roland-Garros, le Serbe monte tranquillement en puissance.

Au 2e tour, on s’est même surpris à le voir déçu de sa prestation, pourtant très solide face au jeune Munar, promis à un très bel avenir sur terre. Au 3e tour, face à un Bautista Agut toujours redoutable, il a encore haussé le ton. Et, contrairement à ses éventuels adversaires, il n’a pas laissé beaucoup d’énergie sur le court.

Mais l’essentiel est finalement ailleurs. Pour Djoko, il n’a cessé de le répéter, le plus important était de retrouver du rythme et des sensations. C’est chose faite. De la confiance aussi. Pour le reste, il dispose d’une expérience en Grand Chelem que personne ne peut égaler dans sa partie de tableau.

Parce que c’est Djokovic, l’homme au 12 Majeurs, il dispose d’une marge supérieure à ses éventuels opposants dans le money-time. Dans les moments décisifs, il sait serrer le jeu. Plus que Thiem ou Zverev qui butent encore sur cette étape face à la pression des Grands Chelems.

Enfin, dernier point, et non des moindres, il évitera Thiem ou Zverev avant la demi-finale. Non pas que Goffin ne représente pas un danger mais il semble bien plus prenable que l’Autrichien et l’Allemand. Bref, le Serbe a le tableau idéal. A lui d’en profiter. Car cette finale Djoko-Nadal est à sa portée.